LE TRAVAIL DES ENFANTS EN 1906.
Au début du 20ème siècle, les enfants, dès leur plus jeune âge, travaillent pour aider leurs familles.
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 16 mars
1906, sous la plume de Marc Langlais :
"Le travail des enfants.
L'autre jour, en traversant la grande place d’une ville de la banlieue parisienne, un Monsieur remarqua un gamin qui, à bout de forces, faisait d’inutiles efforts pour traîner encore plus loin un sac de haute taille et de poids, semblait-il, fort respectable.
Le Monsieur s’approcha de l'enfant et l’interrogea sur son âge, sa profession. "J’ai quatorze ans, répondit-il, je suis apprenti boulanger chez M. X. et je porte chez lui ce sac de sciure de bois."
Le Monsieur interviewa le sac en le soulevant péniblement avec les deux mains et le sac répondit : "Je contiens de la sciure en effet, et j'en contiens beaucoup. Je suis très lourd et c’est pourquoi cet enfant me laisse en panne sur le bord du trottoir. Je voudrais bien rentrer."
Alors, le Monsieur se rendit juste en face, au commissariat de police, et dit à l’inspecteur présent . "Monsieur, vous allez trouver à quatre pas d’ici, un jeune apprenti qui succombe sous une charge écrasante. Veuillez donc interroger le premier et peser la seconde, vous serez édifié."
C’est ce que l’inspecteur fit.
ENFANT PORTEUR DE GLACE |
Il sut que l’enfant avait seulement quatorze ans et que le sac pesait modestement 37 kilogrammes.
Il allait dresser procès-verbal, lorsque l’apprenti, interrogé, répondit : "On ne m’a pas envoyé chercher ce sac. On m’a dit d’aller chercher de la sciure. J’ai fait remplir le sac pour ne faire qu’un tour. C’est de ma faute s’il est aussi lourd." Grâce à cette loyale déclaration du jeune mitron le patron innocent de tout délit, il échappa à la contravention qui l’attendait. Mais il était temps ?
J'assistais par hasard à celte petite scène. Je me renseignai sur les règlements qui régissent le "portage" des petits blancs de France. Ils sont infiniment plus doux que ceux qui régissent le "portage" des grands noirs de l’Oubanghi. Je m’en rapporte aux affirmations de la Commission du Congo !
Très documenté, je demandai le soir môme à un industriel : "Quelle charge maxima devez-vous imposer à vos apprentis au-dessous de quatorze ans ?"
— Ma foi, j’ai su cela, me dit-il, mais je n’ai pas le chiffre présent à l’esprit. En tout cas, ils ne portent que ce qu’ils peuvent porter. J’ai des gamins de treize ans qui sont plus vigoureux que des jeunes hommes de dix-sept ans et réciproquement des ouvriers de dix-huit ans beaucoup plus faibles que des apprentis ayant trois ans de moins.
ENFANTS AU TRAVAIL DU BOIS ALSACE D'ANTAN |
Peu de temps après, je posais une "colle" du même genre à un manufacturier. Il me répondit aussi vaguement.
Puisque ce petit incident m’a démontré que le premier commerçant ou industriel venu peut se voir dresser une contravention par insouciance ou ignorance, je ne crois pas inutile de rappeler ou d’apprendre à nos lecteurs dans quelles conditions ils doivent charger leurs jeunes ouvriers.
C'est l’article 11 du décret du 13 Mai 1893, relatif au travail des enfants et des femmes, dans l'industrie, qui fixe les charges légales. La voici :
"Les jeunes ouvriers ou ouvrières au-dessous de 18 ans, employés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des "manufactures, usines, ateliers, chantiers, etc., ne peuvent porter des fardeaux d’un poids supérieur aux suivants :
1° Garçons au-dessous de 14 ans : 10 kilos.
2° Garçons de 14 à 18 ans : 15 kilos.
3° Ouvrières au-dessous de 16 ans : 5 kilos.
1° Ouvrières de 16 à 18 ans : 10 kilos.
Il est interdit de faire pousser ou traîner par les susdits des charges correspondant à des efforts plus grands que ceux ci-dessus indiqués.
ENFANTS RAMONEURS |
Ces charges sont d’ailleurs fixées par un arrêté ministériel du 31 juillet 1894.
"La limite supérieure de la charge qui peut être traînée ou poussée par les jeunes ouvriers ou ouvrières au-dessous de 18 ans, tant à l'intérieur qu’à l’extérieur, "poids du véhicule compris", est la suivante :
1° Wagonnets circulant sur une voie ferrée ; Garçons au-dessous de 14 ans : 200 kilos ; de 14 à 18 ans : 300 kilos ; ouvrières au-dessous de 16 ans : 150 kilos ; de 16 à 18 ans : 300 kilos.
2° Brouettes : Garçons de 14 à 18 ans : 40 kilos.
3° Voitures à trois ou quatre roues, dites "placières", "pousse à main" : garçons au-dessous de 14 ans : 35 kilos ; de 14 à 18 ans : 60 kilos ; ouvrières de 16 ans : 35 kilos ; de 16 à 18 ans : 50 kilos
4° Charrettes à bras, dites "haquets", "brancards", "charretons". Garçons de 14 à 18 ans : 130 kilos.
ENFANTS A ST CLAUDE FABRIQUE DE PIPES JURA D'ANTAN |
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