CHANSONS BASQUES EN 1937.
Le patrimoine musical Basque, des deux côtés de la frontière, est très riche.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Dépêche, le 4 mai 1937, sous la plume de Roger
Dévigne :
"Guernikako Arbola" et les disques Basques.
A l'heure où la ville légendaire de Guernica a vu un ciel d'Apocalypse s'écrouler sur elle, et en saluant, avec une respectueuse et douloureuse compassion le deuil immense des Basques héroïques, nous allons apporter à cette race qui ne veut pas mourir le très modeste hommage de la discologie. Car les avions allemands du général Franco peuvent bien broyer les corps, broyer les villes, détruire des populations dont le seul crime est de rester fidèle à leur idéal. On ne peut pas détruire l'âme d'un peuple. Et, en ces heures tragiques, il faut savoir gré à la phonographie de nous avoir conservé, fidèlement les chants des Basques, les danses et les jeux qui décoraient leur vie innocente en des temps moins tragiques, moins sanglants.
Les quelques disques de folklore, d'art populaire que nous allons évoquer ont été, pour la plupart, enregistrés d'après les Basques français ; quelques-uns seulement proviennent des Basques d'Espagne. Une grande parenté les unit tous. Il y a d'ailleurs, une certaine atmosphère pyrénéenne caractéristique, aussi bien sur le versant espagnol que sur le versant français.
Dans ces études sommaires, dans ces notes vulgarisatrices, où nous ne pouvons qu'effleurer des sujets dont chacun demanderait presqu'un volume, notons, du moins que, malgré la parenté ethnique qui les unit, le folklore des Basques français est assez pénétré de nos influences nationales, pour se différencier assez souvent du folklore des Basques espagnols.
Notons aussi que si la langue des Basques est des plus mystérieuses de l'Europe et peut-être une des plus anciennes, par contre leur folklore musical est tout imprégné d'influences relativement récentes, c'est-à-dire qui ne semblent guère remonter plus haut, en général, que le dix-huitième et le dix-septième siècles.
Voici, en tout cas, un choix de disques pour la plupart enregistrés en France, et qui, en attendant une inspection scientifiquement ordonnée et conduite donneront déjà un aperçu suffisamment représentatif du folklore basque.
D'abord l'hymne fameux au chêne de Guernica, Guernikako arbola, chanté par le groupe "Lous Muts", de Bayonne (Gramophone K 6277).
Ensuite la chanson Boga boga, qui aurait été l'air des pêcheurs d'Ondarroa (Ondarroa, petite Venise montagnarde, dans une crique verte, et bleue, derrière Motrico, à quelques kilomètres de cette aimable ville de Déva, où les Allemands auraient établi leur quartier général...). Sur l'autre face : Adios Ene Maïtia (Adieux à l'aimée), chant recueilli par le R. P. Donostia (Gramo K 6276).
DISQUE 78T GRAMOPHONE K6276 ADIOS ENE MAITEA GROUPE LOUS MUTS BAYONNE |
Encore un chœur, par la chorale basque Alegera : Festera et Nere Maitiarentsas (Gramo K 6269).
DISQUE 78T GRAMOPHONE K6269 CHORALE ALEGERA |
Deux chansons auxquelles l'interprète a donné un caractère trop accentué de bel canto : Iru damacho et Nik baditut (Polydor, 23093).
Autre chanson chorale, d'un caractère plus populaire : Maritchu (Gramo, K 6275), par le groupe "Lous Muts", de Bayonne.
Parlophone avait enregistré quelques bons disques des Basques espagnols. Mais il est à peu près impossible de se les procurer à présent, autrement que d'occasion. Voici, par contre, quelques bons enregistrements de fandango, avec arin-arin, tels que je les ai vus danser, par les beaux soirs d'été, par toute la population, sur la place principale de Saint-Jean-de-Luz : Alegera et Luicha (Gramo K 6271) ; Donibane et Isabelita (Gramo. K 6274) ; Kinkiri Kunkourou et Itum ttukut-tun (K 6272), tous avec l'Harmonie municipale de Saint-Jean-de-Luz et le groupe "Lous Muts", de Bayonne.
DISQUE 78T GRAMOPHONE K6271 HARMONIE MUNICIPALE ST JEAN DE LUZ |
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