GUERNICA : 26 AVRIL 1937.
Le bombardement de Guernica est une attaque aérienne réalisée le lundi 26 avril 1937 par 44 avions de la Légion Condor allemande nazie et 13 avions de l'Aviation Légionnaire italienne fasciste.
GUERNICA - GERNIKA 1937
PAYS BASQUE D'ANTAN
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Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Regards, dans son édition du 6 mai 1937 :
"Peuple martyr, peuple indompté.
Il faut sauver les femmes et les enfants Basques !
Tout ce qui dans le monde a gardé un peu de cœur, ou même simplement un peu de respect humain, s'est senti profondément atteint à la nouvelle de l'affreux carnage de Guernica. Tout homme digne de ce nom a dû ressentir une honte violente de ce que l'espèce humaine se laisse entraîner à de pareils crimes contre elle-même. L'opinion anglaise, en particulier, a été profondément secouée — l'horreur devant cette orgie de cruauté s'est propagée à travers le monde. Mais l'horreur ne suffit pas. Il faut que toute la France libre et généreuse organise l'aide à l'Euzkadi catholique. Les combattants poursuivent la lutte, avec un courage qui force l'admiration de tous.
Mais les femmes et les enfants doivent être sauvés des bombes incendiaires de l'aviation allemande. Il faut organiser leur évacuation, leur hébergement, il faut qu'ils vivent ! Tous à l'œuvre pour cette tâche de solidarité humaine qui nous requiert de façon pressante. Tous à l'œuvre pour imposer aux gouvernements dont les "hésitations" ne sont plus tolérables qu'ils tiennent aux incendiaires, aux assassins, le langage qui les fera enfin reculer.
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Bilbao, 1er mai. (Par télégramme de notre correspondant particulier) :
On a assisté à partir des 22 et 23 avril à un emploi massif des aviations allemande et italienne, qui ont soumis, dans le secteur d'Elorrio, les combattants des tranchées et l'arrière à des bombardements qui ont atteint des proportions inconnues jusqu'à ce jour. En même temps, des avions de chasse mitraillaient les positions et les routes presque sans arrêt.
La perte de cette position qui couvrait la route d'Elorrio à Durango et la vallée du rio Ibaizabal imposa le retrait des troupes de ce secteur en direction d'Amorebieta. Durango fut évacuée, et occupée par les colonnes de Mola dans la soirée du 28 avril. La retraite, dirigée par le colonel de l'armée régulière Vidal, fut exécutée selon toutes les règles de l'art militaire. Le terrain ne fut cédé que mètre par mètre, après l'évacuation totale du matériel et des blessés. Les affirmations contraires des rebelles sont inexactes. Cela est la preuve de l'extrême lenteur de la progression ennemie, sans. cesse contrariée par de vigoureuses contre-attaques des miliciens appuyées par une colonne motorisée pourvue d'un certain nombre de petits tanks de fabrication asturienne.
Les succès de l'ennemi sont dus uniquement à l'emploi massif de l'aviation et à sa tactique de terreur. Hier matin, une nouvelle contre-attaque a permis de faire prisonniers 17 jeunes Marocains et 4 hommes des troupes spéciales appelées "Flèches noires" et dont les cadres sont entièrement italiens.
J'ai personnellement séjourné dans les tranchées d'Elorrio durant ces jours critiques, et j'ai pu accompagner en qualité de journaliste la colonne motorisée pendant les opérations de repli. Le gouvernement basque dément — et je peux certifier le bien-fondé de ce démenti — les affirmations des rebelles concernant le nombre des prisonniers et du matériel abandonné. Les rebelles ont l'habitude de qualifier "prisonniers" tous les habitants des territoires conquis ! Je peux également affirmer que jamais je n'ai vu la moindre pression s'exercer sur ceux des habitants qui auraient voulu rester dans les villages cédés.
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En fait, les habitants fuient longtemps à l'avance les effets des bombardements. J'ai été parmi les derniers à quitter Elorrio, samedi soir. Ce village fit librement abandonné, dès le matin, par les habitants qui avaient assisté les jours précédents à de terribles bombardements. J'accompagnais le colonel Vidal dont les soucis de ces derniers jours avaient fait place à un sourire optimiste, en raison de l'excellent moral des miliciens et cela malgré l'absence totale d'aviation loyale. Le colonel dirigeait personnellement l'action de la colonne motorisée opérant aux environs de Durango sous le feu de la mitraille et les bombardements incessants par engins de douze kilos. Les chars blindés pourvus de canons d'une haute précision immobilisèrent trois tanks ennemis.
La route était dominée par l'infanterie riffaine, disséminée dans les collines et les bois au nord du rio Ibaizabal ; l'action combinée des miliciens et des tanks s'avérant impossible, les troupes se retirèrent lentement vers des positions de repli préparées depuis des mois, en contre-attaquant fréquemment. Les attaques de l'infanterie rebelle furent presque toujours facilement repoussées.
Bien que Bilbao s'attende au sort de Guernica, tous les esprits demeurent sereins et la volonté, la certitude même, de la victoire finale demeure intacte. Cette atmosphère de confiance doit, sans doute, sembler irréelle à qui voit les choses de loin. A nous, elle semble normale ! La population est pour ainsi dire blasée sur la terreur fasciste. Souvent on entend affirmer l'opinion que la cause de Franco doit être perdue, puisqu'il a recours à des moyens désespérés.
Pendant que j'écris ces lignes, Bilbao est à nouveau l'objet d'un bombardement de la part des tri-moteurs allemands. Ils ont déjà jeté trois bombes, et poursuivent leur croisière sinistre au-dessus de la ville. Ils sont au nombre de quinze.
Non contents d'outrager les sentiments basques les plus intimes, les rebelles y ajoutent l'insulte osant affirmer que les gouvernementaux ont eux-mêmes détruit Guernica et les villages historiques des Basques.
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J'ai moi-même trouvé, dans Guernica en flammes, des bombes incendiaires d'aluminium de 860 grammes portant trois aigles allemandes et marquées : Reinsdorf 1936. Durant le bombardement de Guernica, nous fûmes l'objet — envoyés de l'agence Reuter, du Times et de Ce Soir — du tir des mitrailleuses de sept avions de chasse allemands, pendant vingt minutes. Nous étions couchés au fond du cratère creusé par une torpille de mille kilos, à Guerricaïz, petit village presque totalement détruit de la même façon que Guernica.
Guernica était parsemée de cratères de torpilles aériennes qui ne pouvaient avoir d'autre origine que le bombardement. De même, les blessures que portent les cadavres recueillis montrent, sans discussion possible, qu'on se trouve en présence d'un bombardement, le plus terrible de l'histoire. Les ambulances de la Croix-Rouge, l'Hôpital ont été également mitraillés par les avions de chasse allemands, et portent par centaines les traces de balles tirées de haut en bas. Même remarque pour les murs de maisons qui restent encore debout.
Je prends l'entière responsabilité de l'affirmation que Bilbao est non seulement décidée à résister, mais à mourir plutôt que de céder devant le chantage fasciste et la menace souvent répétée de Mola, de raser (arazar) la capitale basque.
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