Maria la Portugaise aida à scier les os et brûla la tête de son amant.
MAIRIE CIBOURE 1924
PAYS BASQUE D'ANTAN
La femme Liron, interrogée hier après-mid à la gendarmerie de Saint-Jean-de-Luz, n’a donc pas cessé de nier quelle fût pour quelque chose dans le crime commis à Ciboure.
Les deux assassins ont pourtant été confrontés. Silva a confirmé ses dires, mais Maria la Portugaise s’obstine à se dire étrangère au meurtre de Gommez. Elle a le masque bronzé d'une bohémienne et un mauvais rictus crispe sa bouche édentée et rend plus ignoble encore son visage. Elle répond à une série de questions qu'on lui pose sur son passé. Il y a dix ans elle fut mariée à Santander avec un ouvrier, San Fernandez, de qui elle eut plusieurs enfants ont certains sont à Agen. Elle ne s'est d'ailleurs jamais occupée de ce qu’ils avaient pu devenir après les terribles inondations. Elle abandonna plus tard son mari et vint à Biarritz où elle trouva un logement place Pordelanne dans une mansarde au-dessus d'un atelier de repassage. Elle changea quelque temps après de logement et s’en fut habiter un peu plus loin ; elle travaillait le plus souvent comme femme de ménage.
Elle fit la connaissance il y a environ quatre ans d’un Espagnol, Gommez, marié lui aussi et père de trois enfants ; c’était un excellent ouvrier maçon. Et Maria qui écorche abominablement le français, fait son éloge d’ouvrier. Gommez gagnait largement sa vie ; ils se mirent en ménage. Un peu plus tard, ils quittèrent Biarritz et vinrent s'installer à Ciboure. Le faux ménage eut deux enfants, tous deux moururent, l’un à 1 mois et demi, l’autre à 3 mois. "Ils sont morts du croup", déclare la mère. Celle-ci fit, il y a quelque temps, la connaissance de Silva qui ne tarda pas a devenir son amant. Celui-ci est marié aussi en Espagne et père de onze enfants.
CIBOURE 1929
PAYS BASQUE D'ANTAN
La femme Liron est actuellement enceinte de trois mois. C’est d’ailleurs pour elle une force, car elle sait qu'elle ne sera point malmenée ; on a l'impression aujourd'hui qu’il sera difficile de tirer de cette femme le moindre aveu.
C'est pourtant elle qui eut l'idée de faire disparaître la tête en la brûlant.
Pendant que Silva allait jeter dans le canal les débris de Gommez au nombre de treize (ce fut cette fois le chiffre fatidique). Maria la Portugaise emporta la tête dans la chambre de son amant. Lorsque Silva revint il fut surpris de constater que sa maîtresse brûlait la tête et ayant sans doute trouvé que l’idée était bonne, il l’aida à la faire consumer entièrement. Après quoi les deux amants satisfaits se couchèrent.
ENTREE DU PORT CIBOURE 1920
PAYS BASQUE D'ANTAN
Le criminel qui a fait des aveux complets en présence du Parquet semble dégagé d'un lourd fardeau. Ce forfait devait peser lourd sur sa conscience et il n'est pas défendu de croire que la mégère fut l'instigatrice du crime ; c'est d'ailleurs elle qui, vers 9 heures, dans la nuit du 10 au 11 mars, entra dans la chambre de son amant et lui dit : "Il dort, c’est le moment". Les criminels étaient fort peu connus à Ciboure et encore moins à Saint-Jean-de-Luz où ils ne fréquentaient personne autre que quelques compatriotes.
Silva a 55 ans, il était plongeur dans un hôtel de Ciboure.
EGLISE CIBOURE 1929
PAYS BASQUE D'ANTAN
Maria la Portugaise a 35 ans et travaillait comme journalière. Une foule compacte stationnait hier après midi devant la gendarmerie de St-Jean-de-Luz où la femme Liron était une dernière fois interrogée avant le départ pour Bayonne.
Silva était déjà parti vers la fin de la matinée.
Sous les huées de la foule qui, sans la protection des gendarmes, lui eût fait un mauvais parti, Maria la Portugaise sortit vers 15 heures de la gendarmerie et partit en auto pour Bayonne où les deux criminels ont été incarcérés.
L'affaire se jugera très certainement à la prochaine session des assises.
Avant que de terminer n'oublions pas d'adresser de vives félicitations à la gendarmerie de Saint-Jean-de-Luz et en particulier au maréchal-des-logis Sarrade qui a fait montre encore une fois d’une belle perspicacité qui a amené l'arrestation immédiate des assassins et par la suite les aveux de l’un d'entre eux qui ont permis de jeter la lumière sur cette pénible affaire.
Le capitaine Castaings vint de même rapidement sur les lieux et collabora à l’enquête magistralement menée."
A suivre...
(Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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