LE GROUPE DES NEUF DE CIBOURE.
Dès la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, le Pays Basque, et en particulier Ciboure, est une destination très prisée et à la mode, en particulier pour les artistes peintres.
Le peintre Gustave Colin séjourne à Ciboure depuis le milieu du 19ème siècle et peint de
nombreux paysages, avant de déménager à Saint-Jean-de-Luz en 1862.
De nombreux peintres travaillent dans la rue Pocalette à Ciboure et plusieurs d'entre eux
habitent à la pension Anchochury, située Quai Maurice Ravel.
Voici ce que rapporta à ce sujet la presse locale :
- La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 7 août 1925 :
"Exposition des Neuf.
Arrue :
— S'affirme de plus en plus comme le type, même le prototype du peintre régionaliste. Tout en progressant, il reste lui-même. Il est original.
Sa manière, bien à lui, encore que rappelant celle des primitifs est, chose curieuse, à la fois analytique et synthétique. Elle procède de l’analyse fouillée du sujet, pendant l'incubation, et de la synthèse, pendant l’exécution. Deux toiles particulièrement caractéristiques : "Le Marché" et le "Vainqueur".
De plus en plus, il paraît vouloir éviter les effets plus faciles de plein soleil et goûter les mélancoliques journées grises qu’il juge plus poétiques, plus adéquates à son état d’âme, sans doute.
Colin :
Colin, au contraire recherche la chaleur, aime le soleil, la joie des yeux. Suffiraient à le démontrer les toiles suivantes : "Partie de rebot à Sare", une excellente page illustrée sur le pays basque. "Rue de l’escalier", "Rue de la Fontaine", "Place de la Mairie", "Place Pluviôse" qui sont autant de fenêtres ouvertes, par des journées de chaleur, sur des échappées ensoleillées de Ciboure et de Saint-Jean-de-Luz.
PARTIE DE REBOT A SARE PAR GUSTAVE COLIN |
Choquet :
Choquet a réussi quelques toiles brossées selon sa manière préférée. Beaucoup de chevaux de diligence évoluant dans la pénombre tandis qu’au-dessus un soleil couchant teinte de pourpre les lointains montagneux. A signaler particulièrement "Le mendiant espagnol" où se manifeste, malgré le petit format, une qualité primordiale : le caractère. "Fin de journée", "Le cirque", toutes toiles, très bien peintes, où la science est au service de la probité.
Domergue :
Domergue avec de savoureuses toiles décoratives telles que : "Venise", "La poursuite à Venise", toiles qui contiennent, rajeunis, les habituels décors romantiques : ponts en ogives, gondoles, mandolines, marquises, mondaines en crinoline, etc... tout cela apparaissant, évoluant sous un ciel nocturne, étoilé. Le talentueux artiste y manifeste ses habituelles qualités de facilité et de distinction picturale."
GONDOLE A VENISE PAR JEAN-GABRIEL DOMERGUE |
- La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 24 août 1925 :
"L’Exposition des Neuf (fin)
Labrouche.
Son exposition est très variée. Esprit curieux peintre scientifique, il aime à promener sa palette en tout lieu et à exprimer des nouvelles par des procédés nouveaux ou différents. Il a une toile peinte, en Provence, dans laquelle, l’intérêt principal est dû à des recherches picturales complémentaires, verdures qui se détachent sur des terrains d’ocre rouge. Mais les sujet de prédilection sont en pays basque, le cher pays basque. "Vieilles maisons à Urrugne, à Ascain", où se manifestent les mêmes solides qualités de volume, de lignes perspectives, impeccables. Une toile charmante est la "Lande aux genêts" peinte dans une tonalité grise, où flottent des vapeurs quelque peu attristantes, mais non dénuées de poésie.
Masson.
L’exposition de M. Masson à Bayonne avait été très remarquée. Elle avait, obtenu du reste, le succès qu'elle méritait. Ce peintre s’y était révélé avec de nouvelles qualités ajoutées à celles que tout le monde lui reconnaît. Cette exposition de Ciboure, beaucoup plus restreinte confirme cette impression. Ses qualités de dessinateur sont toujours indiscutables. Ses portraits aux pastels, aux crayons de couleur, ont toujours ce charme et cette délicatesse de touche qui conviennent bien à ce genre. Ses toiles de plein air et de plein soleil notamment sont brossées avec plus de chaleur, plus de brio qu'autrefois. Dans ses toiles de Passages, ses coups de soleil et ses coins d’ombre sont fort bien exprimés. Dans d'autres, il est toujours le peintre enthousiaste de sa petite ville d’adoption. Ciboure, qu'il chante de toute manière, dans de petites et de grandes toiles ensoleillées.
CROIX BLANCHE CIBOURE PAR GEORGES MASSON |
Ribera.
Le coloriste Ribéra a cette année une exposition qui lui fait honneur et fait honneur aux Neuf. Il a exposé quelques toiles qui sont des morceaux de Maître. L'éloge n’est pas trop fort. En particulier "son contrebandier" ne peut qu'arracher, aussi bien au profane qu'au connaisseur, qu'au professionnel, un véritable cri d'admiration, dessin, modèle, expression, caractère, couleur, tout y est. Une toile de maître, vous dis-je, une de ces réussites de carrière, dont un artiste ne devrait pas se défaire. Elle n’est pas la seule en cette exposition. Très remarquables ses "nuits d’Espagne", l'artiste exprime avec suprême habileté. Supérieurement brossés ses portraits de femmes éclairées par des lampes où la virtuosité de touche le dispute à la richesse de coloris.
CONTREBANDIER PAR PERICO RIBERA |
Virac.
Ce peintre limite ses efforts à des recherches décoratives du reste fort bien traduites. Les toiles qu’il expose sont à proprement parler des esquisses et des éludes en vue d’un développement décoratif d'atelier. Et elles ont, de ce fait, le charme du premier jet, de la spontanéité sous l’impression toute neuve d’une vision non émoussée. Cette fraîcheur première est toujours difficile à garder ou à retrouver dans la grande toile murale. C’est pourquoi ce peintre recherche des interprétations directes qui seront les guides le plus sûrs pour un développement de fresques, et de panneaux décoratifs. Même ses petites toiles, telles que la "Côte basque et la Cour des cygnes" sont peintes avec cette volonté dominante. Au reste, il montre ses qualités de peintre éduqué, qui sait son métier de dessinateur dans son portrait, en sépia : "La Manolia".
RUE POCALETTE CIBOURE PAR RAYMOND VIRAC |
Quant à notre ami et collaborateur l'aquarelliste et le dessinateur H. Godbarge nous ne pouvons mieux faire que de reproduire la critique élogieuse d'un confrère régional :
"Godbarge le virtuose de l’aquarelle, nous présente un choix d’études claires, parmi lesquelles, de puissantes vues de Passages et du pont de Limoges, font l'admiration des visiteurs séduits par leur éclat et l'habileté de leur facture.
ERMUA HENRI GODBARGE |
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