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dimanche 12 avril 2020

DES TERRE-NEUVAS BASQUES EN AVRIL1941


TERRE-NEUVAS BASQUES EN 1941.


C'est vers 1400 que des baleiniers Basques découvrent de grands bancs de morues au large de "Terre neuve".

pays basque autrefois pêche
TERRE-NEUVAS 1941
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Petite Gironde, dans son édition du 2 avril 1941 :



"Branle-bas de départ pour la pêche océane.



Les "Terre-Neuvas", toiles au vent, avec leurs équipages bretons, vont dans quelques jours 

quitter les rives de l'Adour, parés, gréés et ravitaillés comme aux dernières campagnes.



Ils sont quatre morutiers, le "Cancalais", le "Martin-Pêcheur", l'"Izarra", et le "Bassilour", qui, depuis quatre mois, dressent leurs grands mâts dans le port de Bayonne, Saint-Jean de-Luz leur avait offert un premier refuge vers le 20 novembre dernier, où ils arrivaient, encore tout secoués de la violente tempête qui les avait assaillis dans le golfe de Gascogne, et obligés d'abord à regagner le large. Le petit port luzien dut tressaillir jusqu'au tréfonds de son passé, devant la silhouette de ces voiliers, grands voyageurs des mers, qui venaient de parcourir, à travers les mille périls de la guerre et du blocus, la route océane, ouverte il y a plusieurs siècles, avant Christophe Colomb par les marins basques, pêcheurs de morue.



bretagne autrefois pêche
TERRE-NEUVAS DE CANCALE



Pour Malouins et Cancalais, ce mois de novembre 1940 marquait la fin d'un rude voyage vers la France, vers le pays breton, où quinze cents familles attendaient dans l'inquiétude le retour des terre-neuvas, parmi lesquels l'"Anne-de Bretagne" et le "Charles-Edmond" devaient à jamais, manquer à l'appel. 



Médecins des voiliers. 



Après ces quatre mois de repos dans les calmes eaux de l'Adour, la vie a repris depuis quelques semaines à bord des morutiers. Leurs coques délavées par neuf mois de campagne et le mauvais temps de l'hiver ont retrouvé netteté et couleurs, après leur passage en cale sèche, dans le bassin de radoub. Les flammes tricolores, encadrées des bandes jaunes de l'armistice, brillent sur les plats-bords et le pont. Sur les immenses voiles, le soleil du printemps a coulé un peu d'or et de blancheur première. Tandis qu'en Bretagne, les équipages préparent les sacs et les adieux, à Bayonne, capitaines, gréeurs, charpentiers et mécaniciens s'affairent pour que, dans une quinzaine, les morutiers puissent lever l'ancre et repartir vers les bancs. 



pays basque autrefois pêche
TERRE-NEUVAS 1941
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ils sont venus de Saint-Malo, de Cancale et d'ailleurs, ces spécialistes des voiliers, et je les ai trouvés en plein travail à bord du "Cancalais", un fin navire qui, depuis 1919, qu'il fut lancé, n'a jamais manqué un rendez-vous de Terre-Neuve. Grâce à eux, il y sera encore pour cette campagne de 1941, si Dieu le veut et le permet la guerre des hommes. Le capitaine Bonneté, fort de ses 26 campagnes, de ses 14 années passées à bord du "Cancalais", et de ses 11 ans de commandement, s'en porte aujourd'hui garant. 



Il a ramené pour la dernière fois son voilier en novembre dernier, et va passer le commandement à un plus jeune, M René Girard. Mais il continue à se pencher vers lui de toute sa fidélité et de toute son expérience, en même temps qu'un autre vieux marin, M. Jules Chopain, "le père Jules", de Cancale, qui se repose de ses 25 campagnes comme gardien du bord et maître gréeur. Avec son fils, avec les matelots, ce médecin des bateaux à vent, a revu, tâté, changé, réparé tous les cordages, les filins, les poulies, tout le gréement du navire, et ce n'est pas une mince besogne dans cette immense et aérienne trame de chanvre et d'acier, qui court du bord à la hune et de mâts à mâts.




Rien ne manque dans la cambuse



pêche terre-neuvas
CAPITAINE BONNETE 1941



Malgré les difficultés actuelles, rien n'a manqué pour le matériel. Rien ne manquera non plus à la cambuse, ni dans la soute au ravitaillement, où sous l'œil du capitaine Bonneté, ont été descendus 40 fûts de vin, 4 tonnes de farine, les habituelles réserves de lard, de conserves, de riz, de pâtes, de légumes secs, etc., nécessaires pour huit ou neuf mois de campagne sans escale. Si la chambre froide emporte de la viande fraîche, ce ne sera que pour les quelques jours de transition, car les marins de Terre-Neuve mangent surtout du poisson de mer. Pour une fois, l'eau douce n'aura pas coulé des sources de Bretagne, mais des sources basques d'Ursuya et du Laxia qui alimentent Bayonne. Trente-cinq tonnes en emplissent à présent les citernes du bord. 



"Les années passées, constate le capitaine Bonneté, le "Cancalais" était déjà en mer à cette époque puisque le Pardon des Terre-neuvas se déroulait à Saint Malo, toujours entre le 15 et le 20 février. Cependant, à part ce mois de retard, à part aussi le manque de harengs de Norvège, qui seront remplacés comme appâts par les "bulots", coquillages pêchés au casier sur le platier même du banc de Terre Neuve, le navire partira comme à l'accoutumée fin prêt et paré. Deux jours avant de lever l'ancre, les 36 hommes de l'équipage seront là, les mêmes très certainement. Et il ne manquera ni les deux mousses de quinze à seize ans, ni le novice de dix-sept à dix-huit." 



pêche terre-neuvas
PARDON TERRE-NEUVAS 1930



Ce que m'a dit le capitaine Bonneté, j'aurais pu l'entendre encore à bord du "Martin-Pêcheur", de l'"Izarra", du "Bassilour", sur cette autre rive de l'Adour, où près du bassin de radoub, le Malouin et maître constructeur Lanier achève de réparer et de radouber les doris à côté des spécialistes de la voilure qui tirent l'aiguille et cousent les immenses toiles à vent. 



Car les quatre morutiers qui se préparent ensemble, lèveront l'ancre dans les mêmes jours d'avril. Malgré l'éloignement, peut être les femmes descendront-elles de Bretagne pour accompagner les hommes sur le départ. Il y a loin, certes, des Côtes du Nord, de l'Ille-et-Vilaine jusqu'à Bayonne aux confins de la Côte Basque, et les voyages sont chers. Mais celui que les terre neuves vont entreprendre pour le ravitaillement du pays durera plus d'un jour. Lourd des périls du blocus et de la guerre, il n'en rendra l'attente que plus longue et plus dure aux foyers bretons.


Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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