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mercredi 1 avril 2020

LA CULTURE DE LA BETTERAVE SUCRIÈRE AU PAYS BASQUE ET AU BÉARN EN 1903


LA CULTURE DE LA BETTERAVE EN 1903.


Dès le début du 20ème siècle, des essais de production de betterave sucrière sont effectués au Pays Basque Nord.

picardie autrefois agriculture betterave
CULTURE DE LA BETTERAVE


Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son 

édition du 13 novembre 1903, sous la plume d'H. Borotra : 



"La culture de la betterave sucrière au Pays Basque et au Béarn.


Quelque vive et légitime que serait, ma satisfaction d’agriculteur de continuer à donner, dans les journaux de la région dont l’hospitalité m’est si gracieusement ouverte, les renseignements les plus optimistes, sur les expériences tentées, à tous ceux qui s’intéressent à la culture de la betterave sucrière au Pays Basque, le respect de la vérité me force aujourd'hui à verser quelques gouttes de rosée sur la chaleur de nos enthousiasmes communs. 


En continuant, en effet la semaine dernière à faire aux confins des Landes et dans certaines communes du Pays Basque, les épreuves de densités, nous avons éprouvé une déconvenue mêlée de surprise que nous ne devons pas céder aux partisans de l’imitation de la culture betteravière chez nous, ne serait-ce que pour en éviter, à l’avenir, le retour attristant. 


Les densités, pourrions-nous dire avec expérience, sont comme les jours ! Elles se suivent et ne se ressemblent pas. 


Qu’on ne se le dissimule pas, elles dépendent bien plus des soins donnés à la betterave sucrière et des modes de culture employés, que de la nature même et de la richesse du sol. 


Dans un pays privilégié comme le nôtre, pays de soleil et de lumière, (ces deux agents primordiaux du sucre ! ) région de terres d’alluvion et de cours d’eau nombreux, dont on est loin d’avoir encore su tirer tout ce qu’elle peut donner, on peut avancer sans crainte d’être démenti, qu’il est plus facile de produire de l’excellente betterave sucrière, avec quelques soins appropriés, dans n'importe quels terrains, même pauvres, que de la faire prospérer dans des terres très riches, sans méthode et sans façons ou sarclages


En culture betteravière, en effet, plus qu’en aucune autre culture, il semble que la méthode, les soins appropriés, binages, buttages et sarclages, soient le point essentiel. 


Nous en avons eu la preuve en comparant les champs d’expérience de Tarnos, de Biarritz et d’Arbonne avec ceux de Villefranque et de Biaudos, (Domaine Basterrèche) où la densité nous a fait complètement défaut, à notre grande surprise, malgré ou plutôt à cause même de la grosseur des betteraves obtenues. 


Elles étaient énormes, comme des lanternes de carrosse moyenâgeux, et n’avaient que de l’eau et des sels, tandis que de toutes petites, comme celles venues à Perrugain par exemple, propriété d’Arbonne de M. Nicolas d’Arcangues ou à Noutary, propriété de M. Gentinne, très proche de la mer, nous avons obtenu jusqu’à 7° 3/l0 et 7° 4/10 de densité. 


Qu’on se le dise bien, une fois pour toutes, la nature même, le rôle de la betterave sucrière est de rester petite, petite et bonne, ne dépassant jamais un kilo, comme poids maximum.


De plus, la marque caractéristique de la betterave sucrière, au rebours des betteraves fourragères comme la Mammouth, la jaune géante de Vauriac et l'Ovoïde des Barres est de s’enfoncer et de pivoter dans le sol, au lieu de ressortir de terre, comme les premières. 




agriculture legumes
BETTERAVE MAMMOUTH




agriculture legumes
BETTERAVE JAUNE DE MAURIAC


Le cas échéant, il y a donc lieu de la butter et de la couvrir le plus possible de terre friable, en la sarclant, à l’instar du maïs. 


Il convient donc, pour la réussite certaine de l’acclimatation chez nous de cette plante féconde qui fait la richesse des départements du Nord de la France, que nos paysans ne se fassent pas un épouvantail de sa culture. 


Elle n’est certes pas plus difficile ni plus coûteuse à élever que le maïs, et je me porte garant, avec expériences probantes, qu’elle donnera à nos agriculteurs plus du double du revenu de cette dernière plante, s’ils veulent se donner la peine de la soigner un peu, dès qu'elle a levé de terre. — Voilà le point essentiel. 


A peine parue, sarclez le terrain tout autour, démariez-la, binez-la, donnez-lui ensuite au fur et à mesure qu’elle grandit, une ou deux façons (tout comme au maïs) pour la débarrasser des herbes parasites qui la gênent et la paralysent et vous êtes certains d’un produit magnifique au bout de six mois, grâce aux arrosages célestes si fréquents dans notre région et à la richesse incontestable de notre humus. 


Pour obtenir de dix à douze pieds par mètre carré (ce qui donnerait 50 000 kilos à l’hectare), laissez 20 centimètres d’intervalle de pied à pied et 30 centimètres de ligne à ligne. Vous empêcherez ainsi les betteraves de devenir boutteuses et de grossir démesurément, écueil grave à éviter dans notre pays, sursaturé de soleil et surabondamment arrosé par les écluses célestes. 



picardie autrefois betterave
GOÛTER D'UNE BINEUSE
CULTURE DE LA BETTERAVE


Il ne faut pas, en effet, perdre de vue, que plus on laisse les betteraves rapprochées entre elles, plus elles sont belles de forme ; moins elles ont de racines, plus elles sont longues en terre, résultat essentiel à rechercher pour la production et la richesse du sucre.


J'ai à m’excuser auprès de mes lecteurs de rentrer dans tous ces détails techniques et peut-être un peu oiseux pour ceux qui n’ont pas l’amour sacré de la terre...res rara in urbe !... et le goût inné de l’agriculture, comme pour ceux qui ne comprennent pas quel intérêt palpitant on peut trouver à voir pousser un navet ou pivoter une betterave ; on reconnaîtra, cependant, qu’ils sont absolument nécessaires en la circonstance, l’instruction de nos agriculteurs étant à faire depuis A jusqu’à Z, au point de vue de la culture de la betterave sucrière. 


J’en aurai pour dix colonnes encore, sans épuiser le sujet, si je voulais écrire tout ce qu’il conviendrait de savoir sur ce sujet aussi fécond qu’intéressant ; mais je me garderais bien d’abuser aujourd’hui de la patience de mes lecteurs et de l’obligeance, des journaux qui m’ouvrent leurs colonnes. 


Avec les premiers, nous sommes, tous, gens de revue... à huitaine... et je sais, par expérience professionnelle, que les Grands Prêtres du journalisme... ! (lisez les redoutables Directeurs des feuilles provinciales...!) ont horreur des articles trop longs ! 


En effet : 

"Pour être bien vu d'eux, il ne faut pas tout dire ; 

Faut savoir se borner plus que savoir écrire !"

Arbonne, 12 Novembre 1903."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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