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lundi 6 avril 2020

LES MARINS BASQUES DU TEMPS PASSÉ


LES MARINS BASQUES AUTREFOIS.


Depuis des siècles, les marins Basques ont parcouru les océans.

HOMMAGE AUX CORSAIRES, MARINS ET PÊCHEURS BASQUES
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans 

son édition du 20 janvier 1927,sous la plume de Dominique Renée :



"Marins Basques du temps passé. 



Une conférence de M. L. Colas à Biarritz-Association. Une belle page d’histoire locale. — Les baleiniers biarrots. — Les corsaires basques et leurs merveilleuses ou tragiques aventures.




L’érudit auteur de la Tombe basque, M. Colas, professeur au Lycée de Bayonne, nous a parlé hier des Marins basques du temps passé. Sujet infini ment vaste et que l'érudition de M. Colas peut peupler d’une foule d'anecdotes et de traits pittoresques. Il ne pouvait être pour un public biarrot et bayonnais de sujet plus intéressant, et s'il m'est permis d'exprimer ici un désir, c'est que M. Colas nous donne une suite à sa conférence ou mieux, qu’il fasse une série de conférences sur nos corsaires basques dont il connaît si bien les aventureuses existences, et ainsi nous pourrons connaître l’histoire de Pellot-Montvieux et de tant d'autres qu'il se contraignit hier à passer sous silence. 

hendaye autrefois
ETIENNE PELLOT CORSAIRE HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN




Pendant des siècles, nous dit M. Colas, les marins basques ont couru les mers. C’était une race de braves, téméraires, aventureux, presque toujours indisciplinés, aimant fort à "humer le piot", mauvaises têtes et cœurs chauds. M. Colas nous parlera surtout des marins biarrots, baleiniers et corsaires. 





Les baleiniers.




Le golfe de Biscaye était hanté jadis par des baleines d'une race toute spéciale, noire, plus petite que la baleine franche, d’un bon tiers, et ne pesant guère que 150 à 160 tonnes. Il existe encore dans la baie d'Hudson et sur les côtes du Labrador, quelques rares specimens de baleines de Biscaye. Elles apparaissaient dans notre golfe vers septembre, disparaissaient en mars, toujours en troupes serrées. Dès que les guetteurs les apercevaient, aussitôt, nos harponneurs biarrots s'élançaient dans leurs embarcations et, si, à l'aide de leurs lourds harpons ils parvenaient à capturer un monstre, — opération qui n’était pas sans danger. — ils le traînaient jusqu’au Port-Vieux, où ou le dépeçait à marée basse. C'était un événement dans la vie du Biarritz de l’époque et aussi une belle source de profits, car tout était utile et négociable dans le corps du cétacé. Sans parler de l’huile, de la graisse, de la moelle de la tête (le fameux blanc de baleine), il y avait encore la peau qui servait à faire des vêtements, les côtes avec lesquelles on faisait des murailles et des plafonds... Mais oui !... Il y a cinquante ans, quand on démolit de vieilles maisons situées où est maintenant Hélianthe, on découvrit que les poutres cintrées des plafonds n’étaient autres que des côtes de baleine. Les vertèbres triangulaires servaient à fabriquer des sièges d’un confort relatif, mais dont les anciens biarrots s'accommodaient fort bien. La viande était d'un goût excellent et constituait une nourriture aussi parfaite qu'économique et pouvant se consommer en carême. La langue était, après de nombreuses manipulations, réservée comme morceau de choix aux ecclésiastiques, aux notables et surtout aux Anglais qui la prisaient fort. 




Naturellement, la pèche à la baleine, et les industries en dérivant, étaient frappées de la dîme. Les plus anciens documents se rapportant à ce sujet, remontent au XlIe siècle. Le dernier date de 1786 — il y avait cent ans qu’on n’avait vu de baleine à Biarritz ! - c'est un rappel impérieux de la dîme accordée ni 1338 au chapitre de Bayonne, dîme qui ne devait peser que sur les bons morceaux de la baleine.. Ce document est d'ailleurs conservé a l'etude de Me Morin et il serait intéressant de le publier. 




Les cachalots féroces, tout en bouches et en dents, poursuivaient les baleines pour les manger et, comme on sait que par un certain "procédé de fabrication", le cachalot produit l'ambre gris, tout était donc profit dans l'arrivée des baleines et de leurs poursuivants. 




L'ambre gris, parfum auquel on attribuait de nombreuses vertus se rencontrait à marée basse sur la Côte des Basques, sur la plage d'Anglet. A Bayonne, le commerce de l’ambre gris, était d’une importance considérable. 




I.a dernière baleine fut pêchée le 3 mars 1686. Depuis, on n'en prit qu'en imagination, témoin cette fameuse baleine soi-disant échouée à Hendaye, il y a de cela quelque vingt ans, et qui fit courir toute la région du Sud-Ouest, un 1er Avril ! ! !




Les baleines, ayant définitivement déserté la mer de Biscaye, la population de Biarritz diminua notablement. Au début du XVIIle siècle, de nombreux Biarrots arrivèrent à Pasages où se trouvaient déjà pas mal de Gascons. Il s’y passa à peu près ce qui se passe en ce moment à Saint-Jean-de-Luz, et on les pria d’aller ailleurs chercher fortune. 




La réputation des baleiniers basques était heureusement bien établie ; aussi les armateurs hollandais et anglais su les disputèrent-ils non comme pilotes (ils n’en avaient point les qualités), mais comme harponneurs et comme corsaires, et ce sont eux qui apprirent aux Hollandais à harponner. 




Les baleiniers basques ont-ils avant Christophe Colomb découvert l'Amérique ? Les marins basques, suivant la baleine dans ses migrations, il n’est pas impossible qu'ils ne soient allés très loin vers des rivages inconnus, à Terre-Neuve, sans doute, où ils rencontrèrent beaucoup de baleines et de morues, mais dont, par crainte que d’autres pêcheurs s y rendissent, ils cachèrent soigneusement l’endroit. Sur d’anciennes cartes de Terre Neuve, on découvre beaucoup de noms basques, entre autres celui de Biarritz, et il existe là-bas des tombes basques des XVIIe et XVIIIe siècles. 




Les corsaires



Il n’est pas un roman qui vaille le récit de la vie de ces hommes aventureux. Ah ! comme on voudrait en connaître par M. Colas tous les détails ! 

Quand les baleiniers basques étaient au Spitzberg, et qu’ils rencontraient Anglais ou Hollandais, une bataille se livrait, et seul, le droit du plus fort triomphait. Quand les navires marchands rencontraient des flibustiers, il y avait bataille. Aussi, quand la guerre éclatait et que baleiniers et marins de commerce se trouvaient inactifs, estimaient-ils tout naturel de courir sus à l’ennemi à bord des navires qu’avec la permission du roi les armateurs armaient en course. Ils étaient corsaires et non pirates, soumis à une rude discipline et, pendant les guerres des XVIIe et XVIIIe siècles, les marins basques fournirent l’équipage de nombreux corsaires. 

Jean Beyris de Haraneder, un des plus célèbres armateurs luziens du dix-septième siècle, celui qui possédait la fameuse Maison de l’Infante, arma, de 1671 à 1680, vingt-et-un vaisseaux.

Suhigaraychipi, dit Coursic, fameux corsaire bayonnais, aux multiples aventures et avec qui le duc de Gramont s'associa. On n’avait jamais su où il était mort. C’est M. Colas qui a découvert sa sépulture datant de 1694, par la photographie d'une vieille tombe bas que faite à l'église de Plasencia, à Terre Neuve.


pays basque autrefois
COURSIC
PAYS BASQUE D'ANTAN

Et le Basque de Ciboure, Detcheverry qui, avec le vieux sabot qu'on lui avait confié pour courir les mers, trouva le moyen d'aller chercher et de rapporter au nez et à la barbe des Hollandais, des plants de muscade et de girofle qu'ils cultivaient si jalousement en Malaisie. 

Et Duler, marin biarrot, mais né à Bayonne, en 1737, dont la carrière, grâce si son intelligence et à sa bravoure hardie, fut si rapide et qui remonta l’Amazone aussi loin qu'un vaisseau pouvait le faire. 



Et Dalbarade (1743-1819) qui prit 28 navires anglais, qui fut choisi par la Convention pour être ministre de la Marine, qui réorganisa la flotte, mais qui, peu courtisan, ne sut plaire au Premier Consul. Il mourut à Saint-Jean-de-Luz où il s’était retiré dans la vieille maison basque qui est encore devant l'église. 



Et cet extraordinaire Lafitte, de Ciboure, ancien officier des armées de Napoléon et qui, après 1815, devint capitaine de forbans, s’installa dans une île du Mississipi d'où il rançonnait tous les bateaux qui passaient. Le gouvernement américain fort ému, lui envoya des marins pour le réduire. Il les reçut fort bien, c’est-à-dire qu'après les avoir désarmés et saisi toutes leurs munitions, il les renvoya avec tous ses remerciements à leur gouvernement. Celui-ci s’entêta et Lafitte et ses compagnons, refusant de se livrer, moururent en combattant. Il a inspiré Byron qui l’évoque dans le Corsaire. 

Et le luzien Arregnaudeau, dont la fin est un drame hallucinant. Vers 1809, un navire hollandais rencontra, dans l’Océan Indien, une épave dont le pont était couvert de cadavres qui, tous étaient cloués soit aux mâts, soit au plancher. C’était le navire du corsaire Arregnaudeau. Quelles haines pouvaient bien avoir dicté pareille vengeance aux ennemis du corsaire ! Pour terminer sa trop courte causerie, M. Colas nous donne la primeur de lettres écrites par des marins biarrots prisonniers sur les pontons anglais pendant les guerres de Napoléon, lettres où nous avons retrouvé sur la paix et la guerre bien des choses qui furent si tristement d’actualité, il n'y a pas longtemps. 


Grâce à M. Colas, nous avons vécu pendant une heure, un peu de l’histoire du Pays Basque et surtout de notre cher Biarritz, l’antique village de baleiniers, qui conserve si pieusement dans ses armes l'image de la symbolique baleine."



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