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vendredi 17 avril 2020

À LA FRONTIÈRE FRANCO-ESPAGNOLE AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1918 (cinquième et dernière partie)


LA FRONTIÈRE EN 1918.


Pendant la Première Guerre mondiale, la frontière franco-espagnole au Pays Basque a été très souvent fermée, l'Espagne s'étant déclarée neutre durant le conflit.


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GARE IRUN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que relata à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son 

édition du 26 septembre 1918 :



"Voyage en France.

...Après les tribulations d'un voyage de quelques kilomètres entre nos stations du sud-ouest et Saint-Sébastien, après les interminables heures d'attente et les bousculades des gares, des bureaux de passeports, des postes sanitaires, des services de douanes, on a bien besoin, pour se réconforter et oublier tant d’ennuis, de se retrouver au milieu des amis, au milieu de la colonie si patriote, si vaillante et si cordiale des Français de St-Sébastien. 



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GARE IRUN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Dans la société de ces Français installés en pays neutre, en face des Boches grossiers et arrogants, l’on éprouve la justesse de cette observation que l’amour ardent de la France se manifeste surtout avec ardeur parmi ceux qui sont éloignés de la Patrie des Patries. 



Depuis quatre ans que nous sommes en guerre, je vois à l’œuvre nos compatriotes de là-bas. Assoiffés des nouvelles de France, vibrants d’émotion, d’espérance et de foi, ils sont aussi des Français agissants. Groupés autour du Consulat, autour de la Chambre de Commerce française, autour du Cercle français, autour des Écoles françaises, ils ne cessent de travailler ardemment pour la Patrie : conférences, fêtes scolaires, réunions de propagande, œuvres de solidarité se multiplient ; nulle part peut-être, dans nos provinces, le 4 juillet, le 14 juillet, ne furent célébrés avec plus d’éclat qu’à Saint-Sébastien. L’effort de nos amis est constant et infatigable contre la vermine boche et la gent bochophile. Demandez donc des nouvelles de leur initiative au Consul allemand qui n’est pas encore revenu de sa colère et de sa surprise pour l’enlèvement de la station de T. S. F. qu’il avait établie près de Saint-Sébastien ; demandez-en aux espions que nos compatriotes là-bas, pourchassent et gênent terriblement, comme j’en fus témoin naguère encore, du côte de l'hôtel des téléphones de l’Avenida.



Nous avons eu l'occasion de prouver, il y a quelques mois, combien était chatouilleux leur amour-propre national, qui ne pouvait s’accommoder de la présence sur les listes des membres du Cercle français de noms plus ou moins suspects et nous avons pu constater que le Comité du Cercle exerçait à cet égard un contrôle aussi sévère que juste.




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GARE IRUN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

La guerre a été l’occasion, pour tous les Français d'Espagne, de témoigner avec éclat leur attachement complet à la Patrie. Nombreux furent les volontaires qui, sans attendre l’appel de leur classe, vinrent prendre les armes ; les insoumis ont été une exception infime et d'ailleurs la colonie française les a mis a l'index et leur mène la vie dure, comme elle fait d'ailleurs aussi à l’égard des égarés qui ont déserté. 



Nombreux sont les Français de Saint-Sébastien et du Guipuzcoa qui ont donné leur vie, ceux qui ont été blessés aux combats, ceux qui, par des actes d’héroïsme, ont gagné, sur les champs de bataille, un bel avancement ou de glorieuses citations. 



Aussi peut-on s’étonner à bon droit du régime d’exception qui leur est appliqué au point de vue des permissions et des douloureuses privations qu’on inflige à ces Poilus et à leurs familles. 



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GARE IRUN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les soldats français venus d’Espagne pour accomplir leur devoir militaire ne peuvent en effet, passer la frontière au cours de leurs permissions pour aller revoir leurs familles. La mesure semble d autant plus cruelle que tous les Poilus, même ceux des colonies peuvent aller chez eux, que les Portugais permissionnaires peuvent traverser toute l’Espagne pour aller revoir les leurs. N’est-ce pas demander aux Français d’Espagne un sacrifice aussi excessif qu’inutile que de leur appliquer un pareil régime d’exception ? 



Pourquoi ne pas leur faire confiance ? Craint-on des désertions de la part de ceux qui sont venus volontairement ici et qui, s’ils voulaient désobéir au devoir sauraient trouver des chemins ouverts pour passer quand même la frontière ? 



Nous n’apprendrons rien à personne en disant que les Boches, les espions ou les mauvais Français qui veulent passer d’Espagne en France ou réciproquement, connaissent bien les sentiers de plaine, de forêt ou de montagne, comme les connaissent tous les contrebandiers de Béhobie, d’Ainhoa de Sare et d’ailleurs. 




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MONT ULIA ST SEBASTIEN GUIPUSCOA 1918
PAYS BASQUE D'ANTAN

La mesure dont se plaignent nos amis est aggravée encore par la fermeture presque constante de la frontière ; non seulement les soldats ne peuvent aller voir leurs familles, mais les familles ne peuvent venir voir les soldats car le retour en Espagne leur est fermé pendant des semaines ou des mois. 



Voici un fait entre cent autres : jeudi 19 septembre la frontière ouverte pour la journée. Sitôt informé, M. X... de St-Sébastien s’empressa prendre le train avec un billet d’aller et retour pour Bayonne. Il espérait pouvoir embrasser son fils récemment blessé et permissionnaire, qui était hébergé chez des amis bayonnais. 



A Irun, on lui apprend qu’il ne pourra rentrer en Espagne sans un certificat de non-épidémie délivré par le Maire de Bayonne et légalisé par le Consul d’Espagne. Comme matériellement, il était impossible à M. X...de remplir ces formalités et de rentrer dans la même soirée, comme il lui était impossible de s’absenter de son domicile jusqu’à la prochaine et problématique ouverture de frontière, il dût, le coeur bien gros, revenir à St-Sébastien. Il n’aura pas vu son fils et celui-ci retourne au front avec le cafard de la désolation. 



Si c’était un mauvais soldat ou un mauvais Français, il aurait bien su trouver le chemin du domicile paternel.



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PALAIS DE LA DEPUTATION ST SEBASTIEN GUIPUSCOA 1918
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais est-il utile et juste de perpétuer de telles mesures ?"



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