LA FRONTIÈRE AU PAYS BASQUE EN 1918.
Pendant la Première Guerre mondiale, la frontière franco-espagnole au Pays Basque a été très souvent fermée, l'Espagne s'étant déclarée neutre durant le conflit.
GARE IRUN GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que relata à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 19 septembre 1918 :
"Voyage en France.
...Nous avons conté l’odyssée des voyageurs qui, au dernier jour d’ouverture de frontière furent victimes d'exactions invraisemblables à leur entrée en Espagne, sous prétexte de visite sanitaire, furent emprisonnés pendant 4, 5 et 6 heures en gare d’Irun de telle façon que des voyageurs partis de Biarritz à 2 h 48 pour Saint-Sébastien, purent à peine arriver après 10 heures du soir, au terme d’un voyage de quelque 40 kilomètres.
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Nous avons, au nom de milliers de personnes, élevé une juste protestation contre la désinvolture avec laquelle les voyageurs ont été traités. Jamais on ne vit pareille brimade, pas même à l'époque du choléra en 1884 et 1885. Et pourquoi tout cela ? Les commentaires vont leur train.
C’est, disent les uns, à cause d’une épidémie de typhus exanthématique. La veille, 5 ouvriers portugais et 2 Gallegos (d’Espagne), ayant passé la frontière auraient été recueillis malades à lrun et reconnus typhiques ; deux seraient morts pendant la nuit et la création du cordon sanitaire aurait été décidée.
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Or, il n’y a nulle part en France d’épidémie de cette espèce. Des cas se sont déclarés à Huesca (Espagne), dans des exploitations minières achetées par les Américains et où travaillent des ouvriers portugais et espagnols qui vivent dans des conditions d’hygiène déplorables.
C’est là le seul foyer d’infection connu. Quelques-uns de ces ouvriers typhiques ou suspects ont-ils réussi à passer en France et ont-ils rapporté à Irun le mal récolté à Huesca ? Ce n’est pas impossible. Mais ce mal est très localisé et il n’y a pas une propagation telle que des mesures aussi draconiennes aient été justifiées.
S’agirait-il de la fameuse épidémie grippale ? Oh, alors, il eût fallu entendre les réflexions fort naturelles des voyageurs ; ils ne se faisaient pas faute de rappeler que cette infection — très répandue d’ailleurs, mais peu grave — a été justement appelée la grippe espagnole, que des centaines de mille personnes en avaient été malades à Madrid, d’autres dans toute la péninsule ; qu’elle avait fait le tour de l’Europe, sans qu'on ait molesté les Espagnols à notre frontière ; qu'elle sévit de nouveau dans toute l'Espagne comme en fait foi la presse de la capitale et des provinces et que vraiment l'Espagne grippée était bien mal venue à se montrer si sévère contre les populations grippées de France.
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Qu’on prenne des précautions, soit, mais... il y a la manière.
Oh, je sais bien que l’Espagne chevaleresque doit répudier les façons employées l'autre jour ; et c’est justement pourquoi nous devons signaler à ceux qui sont nos amis, tras los Montes, ces procédés aussi fâcheux pour eux que pour nous.
Ce n’est plus l'heure au surplus de faire le jeu de ceux qui sont les ennemis de la civilisation, de ceux qui se sont mis au ban de l’humanité, des Boches qui ont élevé la Barbarie à la hauteur d’un Art et d’une Science et qui ont déshonoré aussi la Science elle-même dont ils se proclamaient les grands maîtres.
Espagnols et Français, nous devons avoir notre religion éclairée sur ce point. Tandis que les Boches et leurs agents proclament à Irun, à Saint-Sébastien, que le choléra, le typhus et tous les maux ravagent Biarritz, Bayonne, et tout l’arrière, et le front des armées, nous savons qu’ils prennent leurs désirs pour la réalité. Rappelons-nous qu’on a découvert, à Bucarest, chez le ministre boche des tubes de virus destinés à semer les pires épidémies ; rappelons-nous qu’ils sont capables de cette horrible chose qui consiste à créer, partout où ils peuvent atteindre, dans les ports portugais comme dans les centres miniers espagnols, comme dans les villes bombardées de France, de Belgique ou d’Angleterre, des centres d’épidémie ou d’empoisonnement. Nous autres, nous veillons. Qu’ils veillent aussi.
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