AUTOUR DE BAYONNE EN 1855.
Le Pays Basque en 1855 est une destination prisée par les premiers touristes aisés, qui peuvent venir de Paris à Bayonne en train.
PHARE BIARRITZ 1905 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette nationale ou le Moniteur universel, dans son édition
du 20 mai 1855 :
"Autour de Bayonne.
...Le phare est le monument dont le pays s’enorgueillit à plus juste titre. Il s’élève à peu de distance de la Chambre d’Amour, sur un rocher qui s’avance dans la mer et qui la domine de vingt mètres. Les flots ont attaqué la base du rocher et y ont pratiqué des cavités profondes ; construit presque au bord de cette console cyclopéenne, le phare à l’aspect le plus hardi et le plus majestueux.
Du sommet de ce monument l'œil embrasse un spectacle admirable. Le phare est au centre d’une courbe immense dont la base se rattache aux côtes d’Espagne, dont le sommet fuit vers les landes de Gascogne.
De ce côté, au nord, roule, gronde et mugit en amoncelant les sables, la barre qui ferme l’embouchure de l'Adour. Le fleuve, renversant aux heures du reflux cet obstacle sans cesse renouvelé, décrit sur la mer un long sillon jaunâtre qui, longtemps au loin, se maintient au milieu des eaux vertes du golfe.
EMBOUCHURE DE L'ADOUR PAYS BASQUE D'ANTAN |
Plus près, en suivant cette plage sablonneuse, où la mer effile ses franges d'argent, l‘œil rencontre les auberges de la Chambre d'Amour ; dans la plaine, le joli village d’Anglet, dont les charmantes habitations, les métairies, les cottages s'étendent sur tout l'espace compris entre la ville et les dunes.
Au-delà du village, c'est la route, la route d'Espagne, le grand chemin où couraient les maréieuses de Saint-Jean-de-Luz, où se pressent et se poursuivent les véhicules qui portent à Biarritz toute cette population avide d'eau salée.
KASKAROTS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Biarritz lui-même est là, au sud du phare, à deux kilomètres, groupant, sur un petit promontoire de roches bizarres, ses blanches maisonnettes aux volets verts et ses élégants hôtels. La côte entre le phare et le village forme une anse arrondie, une combe au milieu de cette courbe immense, dominée par des amphithéâtres gazonnés. Plus loin, au pied du promontoire, est une petite crique étroite et protégée par les roches, où chaque soir sont rentrées et hissées, tout en haut de la plage, les sept ou huit barques de pêche qui forment la marine du pays ; et, plus au sud, une autre crique encaissée par des roches verticales, paisible espace où la grande mer n’arrive qu'après avoir épuisé sa colère contre maint obstacle imposant. Ce petit coin paisible où s'étend le sable le plus doux, où s’élèvent deux rangées de baraques en planches, vestiaires improvisés, c'est le théâtre des ébats de cette foule joyeuse que nous avons rencontrée roulant sur le grand chemin. Voyez ! la caravane arrive à l'entrée du village ; de tous ces équipages s'élance cette vivante cargaison, et tout cela court, tout cela se précipite à travers les rues ; en un instant, les baraques sont envahies, prises d'assaut ; en un clin d'oeil, l'habit de ville a disparu pour faire place à l'habit de bain, et tous plongent pêle-mêle, l'un et l'autre sexe, comme autant de canards échappés de leurs coquilles, dans l'onde bienfaisante et sous le flot de l’Océan.
BIARRITZ 1855 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Après Biarritz s’étend une ligne de belles falaises blanches à pic : c’est la côte des Basques ; c’est là qu’ils viennent, une fois l'an, sur une seule ligne, se tenant tous par la main, hommes et femmes, s'avançant en chantant, en criant, en hurlant au milieu des roches, des galets et des plantes marines, puis tout aussitôt courant vers la grève, se séchant au soleil et recommençant tant que dure la haute mer.
CÔTE DES BASQUES BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Plus loin est une coupure dans la falaise : ces toits rouges sont aux pêcheurs de Guetary ; plus loin encore c’est Bidard, et plus loin, ce môle blanc, cette digue que le flot mine, ces jetées que dépasse la haute mer, c'est là que Louis XIV épousa Marie-Thérèse d’Autriche, c'est Saint-Jean-de-Luz.
Au delà, dans la brume, ce pli de terrain, ce cours d’eau tranquille qui se jette à la mer sans lutte et sans effort, c’est la Bidassoa, la limite des deux pays.
BIDASSOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire