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dimanche 9 février 2020

AUTOUR DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1855 (quatrième partie)


AUTOUR DE BAYONNE EN 1855.


Le Pays Basque en 1855 est une destination prisée par les premiers touristes aisés, qui peuvent venir de Paris à Bayonne en train.


pays basque autrefois
PHARE BIARRITZ 1905
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette nationale ou le Moniteur universel, dans son édition 

du 20 mai 1855 :



"Autour de Bayonne. 




...Le phare est le monument dont le pays s’enorgueillit à plus juste titre. Il s’élève à peu de distance de la Chambre d’Amour, sur un rocher qui s’avance dans la mer et qui la domine de vingt mètres. Les flots ont attaqué la base du rocher et y ont pratiqué des cavités profondes ; construit presque au bord de cette console cyclopéenne, le phare à l’aspect le plus hardi et le plus majestueux. 




Du sommet de ce monument l'œil embrasse un spectacle admirable. Le phare est au centre d’une courbe immense dont la base se rattache aux côtes d’Espagne, dont le sommet fuit vers les landes de Gascogne. 




De ce côté, au nord, roule, gronde et mugit en amoncelant les sables, la barre qui ferme l’embouchure de l'Adour. Le fleuve, renversant aux heures du reflux cet obstacle sans cesse renouvelé, décrit sur la mer un long sillon jaunâtre qui, longtemps au loin, se maintient au milieu des eaux vertes du golfe. 



adour pays basque autrefois
EMBOUCHURE DE L'ADOUR
PAYS BASQUE D'ANTAN



Plus près, en suivant cette plage sablonneuse, où la mer effile ses franges d'argent, l‘œil rencontre les auberges de la Chambre d'Amour ; dans la plaine, le joli village d’Anglet, dont les charmantes habitations, les métairies, les cottages s'étendent sur tout l'espace compris entre la ville et les dunes.




Au-delà du village, c'est la route, la route d'Espagne, le grand chemin où couraient les maréieuses de Saint-Jean-de-Luz, où se pressent et se poursuivent les véhicules qui portent à Biarritz toute cette population avide d'eau salée. 



pays basque autrefois cascarottes
KASKAROTS
PAYS BASQUE D'ANTAN

Biarritz lui-même est là, au sud du phare, à deux kilomètres, groupant, sur un petit promontoire de roches bizarres, ses blanches maisonnettes aux volets verts et ses élégants hôtels. La côte entre le phare et le village forme une anse arrondie, une combe au milieu de cette courbe immense, dominée par des amphithéâtres gazonnés. Plus loin, au pied du promontoire, est une petite crique étroite et protégée par les roches, où chaque soir sont rentrées et hissées, tout en haut de la plage, les sept ou huit barques de pêche qui forment la marine du pays ; et, plus au sud, une autre crique encaissée par des roches verticales, paisible espace où la grande mer n’arrive qu'après avoir épuisé sa colère contre maint obstacle imposant. Ce petit coin paisible où s'étend le sable le plus doux, où s’élèvent deux rangées de baraques en planches, vestiaires improvisés, c'est le théâtre des ébats de cette foule joyeuse que nous avons rencontrée roulant sur le grand chemin. Voyez ! la caravane arrive à l'entrée du village ; de tous ces équipages s'élance cette vivante cargaison, et tout cela court, tout cela se précipite à travers les rues ; en un instant, les baraques sont envahies, prises d'assaut ; en un clin d'oeil, l'habit de ville a disparu pour faire place à l'habit de bain, et tous plongent pêle-mêle, l'un et l'autre sexe, comme autant de canards échappés de leurs coquilles, dans l'onde bienfaisante et sous le flot de l’Océan. 



pays basque autrefois
BIARRITZ 1855
PAYS BASQUE D'ANTAN



Après Biarritz s’étend une ligne de belles falaises blanches à pic : c’est la côte des Basques ; c’est là qu’ils viennent, une fois l'an, sur une seule ligne, se tenant tous par la main, hommes et femmes, s'avançant en chantant, en criant, en hurlant au milieu des roches, des galets et des plantes marines, puis tout aussitôt courant vers la grève, se séchant au soleil et recommençant tant que dure la haute mer. 



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CÔTE DES BASQUES BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Plus loin est une coupure dans la falaise : ces toits rouges sont aux pêcheurs de Guetary ; plus loin encore c’est Bidard, et plus loin, ce môle blanc, cette digue que le flot mine, ces jetées que dépasse la haute mer, c'est là que Louis XIV épousa Marie-Thérèse d’Autriche, c'est Saint-Jean-de-Luz. 




Au delà, dans la brume, ce pli de terrain, ce cours d’eau tranquille qui se jette à la mer sans lutte et sans effort, c’est la Bidassoa, la limite des deux pays. 


pays basque autrefois
BIDASSOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


D’un côté du ruisseau sont des ruines : c’est Hendaye, la sentinelle avancée de France ; de l’autre côté sont d’autres ruines : c’est Fontarabie, la sentinelle avancée d’Espagne. Sœurs par le voisinage, ennemies par le sol, les deux villes se sont détruites l’une par l'autre en un moment de colère, et elles échangent aujourd’hui, d’une rive à l’autre de la Bidassoa, de stériles lamentations. Cà et là cependant, au milieu des décombres, quelques maisons sont restées debout, blanches, coquettes, ornées de treilles, de fleurs et de guirlandes, de rouges piments : on dirait les rires, les chants d’allégresse de quelques folles, parées comme aux jours de fête, et entourées des cadavres de ceux qu’elles ont aimés. 




Au delà, courant vers l’ouest, coupant le golfe à angle droit, c’est l’Espagne, c’est la côte de Cantabrie, les grands rochers de Saint-Sébastien, le cap Machichaco, la brume, le vague, les nuages, l’horizon, l’infini. 




Puis, dans tout l’espace que cette vaste courbe enveloppe, le golfe, la mer, la grande mer, l’Atlantique couvert de blanches voiles : le caboteur, qui se tient toujours en vue des côtes ; le trois mâts, le brick armés pour Terre-Neuve, et qui mettent le cap droit au large ; le lougre et le chasse-marée espagnols, qui courent vers Saint-Sébastien ou Santander ; la galiote hambourgeoise ou hollandaise chargée de fromages ou de toiles, qui demande un pilote pour entrer en rivière ; la trincadoure basque qui louvoie ; la barque de Saint-Jeau-de-Luz ou de Guetary, qui file à la voile, traçant un rapide sillage et péchant le thon à la ligne volante ; la chaloupe de Biarritz, qui s’en va à une lieue au large lever ses immenses filets mouillés en travers du courant."



A suivre...







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