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samedi 29 février 2020

UN INCENDIE À BOUCAU EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1897 (deuxième partie)


UN INCENDIE À BOUCAU EN 1897.


Le 14 septembre 1897, un incendie se déclare dans un dépôt de bois, à Boucau, appartenant au député Jean-Gratien-Félix Léglise.


pays basque autrefois faits divers
LES FORGES DE L'ADOUR BOUCAU
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta la presse nationale, dans L'Argus, le 6 août 1905 :



"Tribunal Civil De Bayonne.



Présidence de M. Villeneuve. 




Audience du 13 juillet 1904. 




Responsabilité. - Chemin de fer. - Incendie. - Flammèches. - Présomptions Graves, Précises et concordantes.




Une Compagnie de chemins de fer doit être déclarée responsable de l'incendie qui a détruit des marchandises entassées dans un entrepôt voisin de la voie, alors qu'il est établi par des présomptions graves, précises et concordantes, résultant tant d'une enquête que d'une expertise auxquelles il a été procédé dans une autre affaire relative au même incendie, que cet incendie a été occasionné par la chute des flammèches s'échappant d'une locomotive en manoeuvre.


Il en est ainsi alors même que la preuve de la cause de l'incendie ne peut être scientifiquement établie. 




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FORGES DE L'ADOUR BOUCAU
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les circonstances qui ont donné lieu à ces solutions, sont exposées par le jugement suivant, qui les a consacrées : 



"Le Tribunal ; 



Attendu que, le 14 septembre 1897, un incendie détruisit un grand approvisionnement de traverses créosotées dans le chantier de la Société Léglise et Cie, situé au Boucau, entre le quai de la rive droite de l'Adour et la ligne du chemin de fer du Midi ; qu'il détruisit ensuite ou endommagea un bâtiment occupé par Capot, des objets mobiliers et marchandises de la Société de Saint-Gobain, qui ont été estimés 44 766 fr. 65, par trois experts commis par le juge des référés ;



Attendu que le Tribunal, après l'audition des témoins des deux parties, les 2 et 3 mars 1900, déclara la Compagnie du Midi responsable du sinistre, au profit de la Société Léglise et Cie, par jugement du 14 août suivant ; que la Cour de Pau, sur appel dudit jugement, avait commis MM. Marchal, ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite, Blarez, chimiste, et Avril, ingénieur de l'Usine à gaz, domiciliés à Bordeaux, à l'effet de savoir si des escarbilles ou flammèches échappées d'une locomotive, avaient pu occasionner l'incendie en tombant sur une des piles de traverses du chantier, et si on ne pouvait se rendre compte de l'embrasement presque subit du chantier sans admettre l'existence d'une autre cause ; qu'après avoir pris connaissance de leur rapport, la Cour de Pau confirma le jugement du 14 août 1900 du tribunal de Bayonne ;



Attendu que Capot demande, à son tour, que la Compagnie du Midi soit condamnée à l'indemniser des pertes qu'il a éprouvées par la communication du feu à travers le chantier Léglise ; qu'il invoque les présomptions résultant des faits établis par les enquêtes des 2 et 3 mars précitées et par le rapport des experts, et qu'il s'appuie sur l'article 1353 du Code civil qui, pour les obligations résultant des quasi-contrats et des quasi-délits, déclare admissibles les présomptions graves, précises et concordantes à l'égal des preuves testimoniales, et les abandonne aux lumières et à la prudence des magistrats ; 


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FORGES DE L'ADOUR BOUCAU
PAYS BASQUE D'ANTAN


En ce qui concerne les faits établis par les témoins :



Attendu qu'il résulte de l'enquête que le vapeur Ida était amarré au quai de l'Adour, contigu au chantier Léglise et qu'il était relié au quai par une passerelle de 12 à 15 mètres de longueur, pratiquée par les ouvriers porteurs de traverses créosotées pour le chargement du vapeur ; que la marée montante était à mi-hauteur et le pont du navire à peine au-dessous du niveau du quai ; que le capitaine en second, à peine arrivé sur la dunette, à neuf heures du malin, dans la chaleur déjà accablante du jour, pour chercher un peu de brise, se trouvait en face de la porte d'entrée du chantier ; qu'il apercevait, à sa droite, du côté de l'usine Saint-Gobain et sur la voie ferrée la plus rapprochée de l'eau, des wagons à plate-forme, devant lui, une rangée de traverses créosotées reposant sur le quai, contre la palissade servant de clôture au chantier et, derrière cette rangée, les sommets des autres rangées, dans l'intérieur du chantier, et enfin, à un moment donné, sur la deuxième voie, une locomotive qui stationna dix minutes, à côté des traverses ; que cette locomotive ne l'empêchait pas de voir la partie supérieure de la première rangée ; que, d'après le deuxième témoin de l'enquête, la locomotive était à peu près vis-à-vis de l'arrière du navire, tandis que, d'après le troisième, elle était en face du milieu et plutôt du côté de l'avant, c'est-à dire tout à côté de la première rangée de traverses et à 20 ou 25 mètres du point initial de l'incendie ; qu'après l'arrêt (quatrième témoin de la contre-enquête), elle se mit en marche vers l'usine Saint-Gobain, longeant les traverses ; qu'une flammèche, suivant le capitaine, plusieurs flammèches, selon les deuxième et troisième témoins, s'échappèrent immédiatement de la cheminée de la locomotive avec la fumée et furent projetées sur la première ou les premières rangées et que le feu s'éleva presque aussitôt de ce point ; que ces déclarations étaient si importantes et si graves que chacun de ces témoins fut amené à s'expliquer une deuxième fois à cet égard ; qu'ils affirmèrent avec non moins de netteté, cette deuxième fois, avoir parfaitement vu des flammèches et le feu s'élever du point où elles étaient tombées et gagner tout le dessus de la pile dans un quart d'heure ;




Attendu que ces trois témoins ne font pas connaître si le foyer de la locomotive fut chargé et le souffleur ouvert au moment de l'arrêt, mais que les quatrième et cinquième témoins l'attestent, malgré les dénégations des agents de la Compagnie du Midi montés sur la locomotive, lesquels reconnaissent cependant avoir stationné quelques minutes auprès des traverses qui s'étaient enflammées ; que les troisième et quatrième témoins de l'enquête et le quatrième de la contre-enquête attestent que la locomotive se mit en marche vers l'usine Saint-Gobain et repassa en remorquant les wagons plate-forme ; que, d'après ces mêmes cinq premiers témoins, ainsi que d'après les autres personnes présentes, le feu avait pris sur les traverses supérieures de la troisième rangée, à un point rapproché de celui où la locomotive avait stationné ; que plusieurs témoins non contredits, ont fait connaître que la chaleur était très forte, que les traverses avaient des suintements d'huile et des bouffioles ; que le témoin Marteau avait précisé que les traverses exposées au soleil devaient être chauffées à 45° ou 60° ;


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FORGES DE L'ADOUR BOUCAU
PAYS BASQUE D'ANTAN



Attendu que des témoins ont appris le même jour, par les mêmes marins de l'Ida, que ceux-ci avaient aperçu les flammèches projetées sur les traverses et la flamme s'élever ensuite ; qu'ils n'avaient attribué l'incendie qu'à cette cause ; que les quatrième, cinquième et sixième témoins n'ont aperçu dans l'intérieur du chantier, aux environs de la rangée qui flambait au début, aucun individu ; qu'aucun d'eux n'a dit avoir remarqué de matières inflammables apportées sur les lieux ; qu'ils étaient montés sur la rangée où le feu venait de s'élever et qu'ils n'ont fait part d'aucun soupçon de malveillance ; qu'ils n'ont remarqué aucun espace vide entre les rangées ; qu'il n'est donc pas présumable que des malfaiteurs seraient montés sur le sommet entre huit et neuf heures du mutin, pour préparer un incendie en se mettant en évidence et en se désignant eux-mêmes à leurs futures victimes ;




Attendu que la brise soufflait de l'autre rive de l'Adour et favorisait la projection des flammèches dans le chantier Léglise, selon les trois marins et le sixième témoin de l'enquête, ingénieur civil, chargé par une Compagnie de chemin de fer de l'Algérie de surveiller l'injection de traverses destinées à cette Compagnie ; que selon d'autres témoins, le vent avait été variable ce jour-là et qu'à certains moments la fumée s'était levée verticalement des cheminées pour infléchir vers l'Adour ;

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LES FORGES DE L'ADOUR BOUCAU
PAYS BASQUE D'ANTAN



Attendu, relativement à la grille, dont réglementairement doit être munie toute locomotive pour empêcher les escarbilles et les flammèches de s'échapper par la cheminée et de se répandre au dehors, que, selon le chauffeur (quatrième témoin de la contre-enquête), cette grille fut enlevée immédiatement après l'incendie par un des ouvriers chargés de réparer les machines ; qu'elle devait être au dépôt des machines, mais que le témoin ne l'avait pas vue quand on l'avait enlevée ; que, d'après le témoin, sous-chef du dépôt de la Compagnie, cette grille était en très bon état, que les barreaux étaient placés à 5 et 6 centimètres les uns des autres et qu'elle était conforme au règlement ; mais que ce témoin aurait dû déclarer, pour être plus exact, qu'il y avait aussi des écartements de 7 millimètres 1/2 dans la grille qu'il a présentée aux experts; que l'ouvrier qui a enlevé la grille, et qui aurait pu dire si elle avait été bien adaptée n'a pas été entendu ; 




Attendu, relativement aux circonstances qui pouvaient favoriser la combustion, que les traverses étaient en bois de pin et fortement échauffées, puisqu'elles suintaient et que sur certaines d'entre elles, il devait y avoir de la gomme (ou résine), que la chaleur avait ramollie ; qu'il pouvait s'y trouver aussi, accidentellement, des brins de paille apportés par le vent et que les flammèches ont pu communiquer leurs flammes à ces matières ;"



A suivre...





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