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vendredi 24 mai 2019

ONDARROA EN BISCAYE AU PAYS BASQUE EN 1924


ONDARROA EN 1924.


La population d'Ondarroa, en Biscaye, compte environ 5 000 habitants, en 1924.

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ONDARROA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta le journal Le Temps, dans son édition du 10 septembre 1924, sous la 

plume de Joseph Galtier :



"Chemin faisant.



Sur la Corniche espagnole.



Les routes qui suivent les rivages accidentés ou escarpés, en bordure de la mer, méritent bien leur nom de corniches. Ce sont autant de moulures imprévues d’un cadre contenant la toile mouvante du paysage marin. Les hommes, friands de ces admirables spectacles de la nature, les ont établies de façon à former une espèce de balcon sinueux offrant une variété, un jeu complet d’échappées pittoresques. La montagne ou la colline et la mer, en prenant contact, produisent des effets dont la diversité enchante ou étonne. Les corniches sont les chemins préférés des voyageurs musards qui ne circulant pas tête baissée. Elles ont la faveur des touristes. Les plus fréquentées sont peut-être les nôtres, au bord de la Méditerranée, du côté de Cavalaire, puis entre Saint-Raphaël et Cannes. Elles rivalisent avec la corniche fameuse de Sorrente à Amalfi et à Salerne. Elles ont le même caractère capricieux et élégant, jamais monotone, qui convient à la Méditerranée. C’est précisément ce qui les distingue de la Corniche espagnole, fréquentée de plus en plus. Celle-ci longe l’Océan. Elle a une grandeur, une sévérité et même une âpreté — que nous retrouvons dans des coins de notre Bretagne — qui lui donnent on ne sait quelle force émouvante. Elle se découpe, tantôt en criques arrondies qui s’étalent en plages avenantes, tantôt en anses étroites, resserrées entre des parois de rochers, présentant des brèches profondes — en somme des nids d’oiseaux marins, de pêcheurs, de navigateurs hardis. C’est dans ces anses que vous trouvez les villages de pêcheurs les plus curieux de la côte, par exemple Motrico et surtout Ondarroa. 





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CORNICHE DE ZARAUZ A GETARIA
PAYS BASQUE D'ANTAN




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MOTRICO GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


On ne saurait trop recommander la visite d’Ondarroa. J’avais aperçu Ondarroa, le traversant, trop rapidement à mon gré, en route pour Bilbao, l’an dernier, et je m’étais bien promis d’y revenir à la première occasion. C’est chose faite, aujourd’hui. Nous avons eu même un spectacle supplémentaire, en chemin. Je ne parle pas du "galop" d’essai des régates, sur la Concha. Il y avait, en effet, beaucoup de curieux qui se pressaient autour de la baie, pour assister aux bordées de voiliers fins, sveltes et rapides se préparant à la course. Ils inclinaient toute leur voilure blanche, d’une blancheur éclatante, rasant les flots, à croire qu’ils allaient chavirer. Plus près du bord, une chaloupe — un grand canot de la marine d’Etat, avec ses rameurs vêtus de blanc, rangés sur les bancs et au repos, le drapeau espagnol flottant à l’arrière. — attendait sans doute le roi qui devait être à bord d’un lévrier de toile. Non, la surprise était plus loin, sur le trajet de Zarauz à Motrico. En approchant de Guétaria nous voyons un concours inusité de population rassemblée devant la mairie, sur la place. Cette place, fermée par un fronton de pelote, se trouve le long de la route. Au balcon de la mairie, on remarque un groupe d’officiels, en tenue des dimanches, — et nous étions un samedi, — probablement le maire et ses adjoints. Au milieu du public très dense réuni sur la place, on remarque un tableau inattendu. On voit des hommes, vêtus de costumes anciens, des uniformes de hallebardiers, près d’eux des Indiens au chef couronné de plumes bariolées. Qu’est-ce que cette apparition étrange ? On n’a pas coutume de rencontrer, en plein jour, une troupe en semblable appareil. Que font à cette heure et en ce lieu ces figurants d’opéra ? Serait-ce une fête de carnaval ? Ce qui augmente notre surprise, c’est que de cette assemblée très dense émergent deux colonnes blanches, portant des guirlandes de fleurs cachant en partie des inscriptions en lettres noires. A chaque colonne s’appuient ou sont attachés un homme et une femme, deux captifs des pays lointains d’outre-mer, en costume léger, des maillots roses, il me semble. Une jeune femme, la tête garnie de plumes, est noire de peau. Elle représente une Indienne. Sa poitrine est recouverte de deux petits boucliers de verroterie ou de fausses perles, à la place des seins. C’est une jeune femme du pays que l’on a enduite de noir pour jouer une princesse capturée. En avant des colonnes se tient, sérieux et digne, une homme jeune, à là face rasée, le torse pris dans un pourpoint de couleur, la tête coiffée d’un large béret de velours, comme on en voit dans les vieux portraits du quinzième siècle. Il tient, comme accessoire parlant, comme attribut indispensable de son rôle, un gouvernail en réduction. J’interroge et tout s’éclaire. Cet homme jeune est El Cano, le fameux navigateur espagnol qui a fait le premier voyage autour du monde. Il vivait au quinzième siècle, était mort en 1526. Guétaria est son pays natal. Et aujourd’hui on fête un de ses anniversaires. Il y a trois ans qu’on a célébré en grande pompe à Saint-Sébastien ce marin illustre, une des gloires les plus brillantes de l’Espagne. Guétaria lui élève un monument, en voie de construction, dominant la place. La troupe et les colonnes s’y déplacent ; celles-ci sont sur un char. Le cortège, protégé par des soldats d’infanterie, précédé par une musique du bourg, tourne dans une rue latérale, à droite ; et commence ainsi sa procession. L’Indienne noire est emmenée je ne sais où. 



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ENTREE ET STATUE EL CANO GETARIA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Cette halte-intermède ne nous prend que quelques minutes. C’est d’ailleurs l’heure du déjeuner et l’on reçoit, au passage, en traversant des agglomérations, d’ailleurs clairsemées, une forte odeur d’huile chaude, sentant son fruit. C’est un coup de fouet dans les narines qui ne vous met guère en appétit. Mais il faut bien que fritures se fassent. Le déjeuner, que nous prenons à Deva n’est pas digne de mémoire ni de mention, en dehors d’une certaine "merluzza" aux asperges de conserve qui n’a pas tenté notre curiosité. Après Motrico, qui ressemble à un vieux filet de pêcheur rapetassé et qui sèche sur des rochers, c’est en réalité une bousculade de maisons pauvres, étroites, élevées, accrochées aux flancs des pentes, avec le linge étalé aux-fenêtres — un pavois de misère. Nous arrivons à Ondarroa. Retenez bien ce nom et ne manquez pas, le cas échéant, de vous y rendre si vous séjournez en pays basque. 



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ONDARROA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Au détour de la route, en l’apercevant, c’est un tableau inoubliable. Tout d’abord, sans rien démêler, c’est un ensemble qui ne vous rappelle rien. Vous voyez une espèce de canal, couvert de bateaux qui se touchent, un marché sur piliers, un marché trapu, court, sombre, un pont qui enjambe en deux pas ce canal encombré — il n’a pu le franchir d’une seule large enjambée et il a dû en faire une plus petite. Ce pont, à dos d’âne, est donc irrégulier — mais il a un caractère singulier qui rappelle les ponts anciens, les ponts romains, comme on en trouve dans le midi de la France. Il est d’une couleur vieux temps qui vous frappe. Elle semble assortie aux pierres vénérables de la cathédrale - construction massive, dominant le bourg, solidement. On dirait d’une carène de granit au-dessus du môle, et qui s’élève au milieu des maisons plus neuves, plus blanches. De robustes contreforts extérieurs affectent la forme d’urne triple abside, à voûte à plein cintre sans profondeur. Le clocher est une tour, un gros chicot de tour — un mât coupé par la tempête et dont il ne reste que la base, large. On voit les cloches — dont le son a je ne sais quoi de fêlé, de perçant et de grêle. 




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ONDARROA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN




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ONDARROA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ondarroa est une bourgade nombreuse de pêcheurs — une petite ville. Ses rues sombres et étroites sont aussi pavoisées de linge qui sèche — une lessive qui ne quitte pas les fenêtres. Mais ce n’est pas un bateau-lavoir. Les hommes vêtus de bleu, pantalon et vareuse, et coiffés de bérets noirs — ce sont des Basques de Biscaye — ont un aspect vigoureux de loups de mer, cuits et recuits par les embruns du large et par le soleil. Leur face est rasée, et leur expression grave. Partout dans la ville vous trouvez des filets marron accrochés ou en tas, montrant les taches plus claires des lièges, des flotteurs en rondelles épaisses. Près de l’entrée du canal, qui tourne ensuite pour s’enfoncer le long des maisons, il y a une halle, ouverte d’un côté, où de jeunes femmes réparent ces engins, ces réseaux souples, avec de longues aiguilles. Sur toute la curieuse petite cité flotte une odeur de saumure, un relent tenace d’anchois et de goudron."



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