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samedi 11 mai 2019

L'AFFAIRE PORTAGO AU PAYS BASQUE EN 1938 (deuxième et dernière partie)


L'AFFAIRE PORTAGO EN 1938.


En février 1938, en pleine guerre civile espagnole, éclate au Pays Basque Nord "l'affaire Portago".


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MARQUIS DE PORTAGO 1938

Je vous ai parlé du début de cette affaire, dans un article précédent


Voici ce que rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans son édition 

du 11 février 1938 :


"... L’affaire des passeports falsifiés et des tubes de poisons suit son cours.



L'interrogatoire du marquis de Portago et de José Escorriaza qui a pris fin hier soir, à 18 h. 15, a été une confrontation entre les deux détenus. Les malles n’ont pas été ouvertes. Escorriaza maintient que le passeport lui a été remis par le marquis de Portago, de même que les ampoules. 




Le marquis de Portago assure ne rien savoir, n'avoir jamais vu les tubes qu'on lui présente et répond : "Je suis victime d’une machination". 



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MARQUIS DE PORTAGO
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le passeport aurait été donné par le marquis de Portago à Escorriaza en présence d'Arana, à la villa "Le Rêve", la date ne peut être précisée par Escorriaza. 



Arana et Escorriaza sont des ex-miliciens, officiers de l'armée républicaine, réfugiés en France après la prise de Bilbao, ils vivaient à Bayonne on ne sait trop de quoi.

 

Une perquisition chez un ancien policier espagnol à Chassin



Comme nous l’annoncions hier, une perquisition a été effectuée, hier après-midi, par M. Ceugnard, commissaire divisionnaire, accompagné du commissaire Touret et d'inspecteurs, au domicile de M. Manuel Neila, villa "Agur" à Chassin. 



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ARRESTATION DE NEILA FEVRIER 1938
PHOTO POLICE MAGAZINE

M. Neila, âgé de 42 ans, est un ex policier espagnol qui aurait fait exécuter, alors qu'il était en fonction, de nombreuses personnalités franquistes et c’est précisément Neila qui était visé par les conjurés de l'affaire Portago. 




Au cours de la perquisition on a trouvé de la monnaie espagnole d'or et d'argent ainsi qu'une grande quantité de bijoux au sujet desquels Neila n'a pu donner d'indications de provenance. La femme de Neila a déclaré que ces objets ne leur appartenaient pas. 




Les époux Neila ont été conduits à Bavonne au commissariat spécial où ils ont été interrogés durant toute la nuit. 




Neila est écroué.



Après y avoir passé toute la nuit et une partie de la matinée, Neila a quitté les locaux de la sous-préfecture et escorté de deux agents, est arrivé au Palais de justice à 11 h. 15. Dix minutes après, sa femme arrivait, accompagnée d'un agent. Cette dernière d’ailleurs, a été laissée en liberté provisoire quelques instant plus tard. Quant à Neila, il quittait le bureau du juge d'instruction à midi et demie. Cette fois avec les menottes et partait vers la maison d'arrêt, son mandat de dépôt venait de se transformer en mandat d’écrou et était inculpé de recel de monnaies d'or et d’argent, de billets, de bijoux et autres objets. 




Ce qu’est Neila.



Avant la guerre civile, Neila était tout simplement commerçant en tissus à Santander. Quand la guerre a éclaté dans son pays, quittant son commerce, il est devenu, toujours à Santander, commissaire de police, donc en Espagne républicaine. Par la suite, après la chute de Santander, Neila s’est sauvé et est arrivé en France. 




Son action, en tant que policier en Espagne, a été très active, non pas dans l’exercice de ce qui aurait dû être ses fonctions, car, surnommé "le Tueur", il aurait fait tuer sans motifs un grand nombre de personnes. Les renseignements sur son compte sont absolument déplorables, et il est indésirable, tant du côté républicain que du côté franquiste, c’est tout dire. 




Au cours de son premier interrogatoire, il a reconnu être passé déjà en France pour se rendre de Santander à Valence après la prise de Santander, mais est très embarrassé pour donner la provenance de ce que l’on a trouvé à son domicile, e'est-à-dire des bijoux de toutes sortes, des pièces en or et en argent, des billets de banque de toutes nationalités, dont on ne connaît pas encore la valeur exacte, mais qui est, en tout cas, très élevée. Il a deux enfants, de 16 et 7 ans. De plus, il avait en sa possession plusieurs passeports dont un au nom de Neila, les autres sous des noms divers ; nous croyons savoir que malgré tout, sa véritable identité est Neila. Il reviendra sous peu devant le juge d'instruction dès qu’il aura désigné un avocat. 




L’ouverture des malles va-t-elle apporter des faits nouveaux ?




Nous tenons à spécifier que toute cette affaire Portago n’a rien à voir avec Troncoso, dépôts d'armes, C.S.A.R. ou autres ; elle n’en a rien de commun. Portago avoue bien connaître les Escoriaza, Arana et Martin, qu’il a vus à la villa "Le Rêve", mais ne reconnaît pas la nature des faits qui lui sont incriminés. Rien ne se trouvait dans le coffre de la Barclay’s sauf des titres et des clefs. 




Cette après-midi à 2 heures et demie, le marquis de Portago a été conduit dans le bureau du juge d'instruction pour assister à l’ouverture des malles, opération qui se poursuit actuellement et qui sera longue, vue la quantité et les dimensions de chacune d'elles."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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