LE PAYS BASQUE EN 1938.
Entre le début des congés payés de l'été 1936 et le début de la Seconde Guerre mondiale du 1er septembre 1939, le Pays Basque Nord devient une destination très prisée par les touristes.
ASCAIN 1938 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta le journal Le Matin, dans son édition du 3 mars 1938 :
"Images de France. Le Pays Basque.
S'il est vrai que c'est à un besoin de renouvellement et de diversion que répond le goût des voyages et que le tourisme n'est qu'une des formes de ce désir d'évasion dont il a été si souvent parlé, il n'est peut-être pas de région en France qui puissent satisfaire le voyageur et le tourisme mieux que le pays basque.
Il n'en est sans doute pas en effet dont l'originalité soit mieux affirmée. A vrai dire, ce caractère est celui du peuple beaucoup plus que du paysage que l'on songe à la mystérieuse origine de la race basque et de cette vieille langue euskarienne qui ne peut être rattachée à aucune autre le symbolisent à merveille mais comme la terre et l'homme forment un ensemble, comme le visage de la terre a été modifié par le labeur et l'art de l'homme, de même que la terre a contribué parfois à accorder l'homme aux variations de son climat, comme les gestes des habitants -traditions, coutumes et jeux - s'inscrivent ainsi que leurs constructions dans le cadre des sites, le pays basque est dans son ensemble et au sens propre du mot, une contrée extraordinaire qui ne saurait être comparée à aucune autre.
FERME PAYS BASQUE D'ANTAN |
On sait que les Basques habitent depuis les premiers temps de l'histoire - étaient-ils originalement Phéniciens, Celtes, Gaulois, Carthaginois, on ne sait- les deux versants des Pyrénées occidentales. En Espagne, ils peuplent les provinces de Biscaye, de Guipuzcoa, d'Alava et une partie de la Navarre, connaissant présentement les horreurs de l'odieuse guerre intérieure qui déchire affreux et pitoyable drame leur malheureuse patrie. En France, moins nombreux, ils sont établis dans le Labourd, la Basse Navarre et la Soule, qui constituent les arrondissements de Bayonne et de Mauléon du département des Basses-Pyrénées.
Il faut conseiller à ceux qui veulent imaginer le charme de cette région ou en ranimer le souvenir de lire l'élégant, sensible et intelligent petit volume que M. Gaétan Bernoville a écrit sur Le pays des Basques, types et coutumes, illustré de dessins originaux d'Inégo Bernoville, et où les hommes avec leur foi et leur vie traditionnelle sont évoqués en même temps que les paysages.
LIVRE LE PAYS DES BASQUES DE GAETAN BERNOVILLE PAYS BASQUE D'ANTAN |
On découvre avec lui le Labourd, Bayonne, sa capitale, à la fois ancienne et nouvelle, secrète et confidentielle comme les plus vieilles cités et cependant ouverte largement aux quatre horizons ; la côte, avec Biarritz, ce village marin d'autrefois devenu depuis le Second Empire un des quartiers généraux de la mode ; Saint-Jean-de-Luz dont la perspective harmonieusement incurvée au long de sa baie, floraison de toits rouges au coeur du demi-cercle des collines, est une vision dont la sensibilité la plus exigeante s'enchante ; Hendaye, Fontarabie à l'intérieur, riante, épanouie, comme chancelante de calme bonheur sous la caresse du soleil, conque de verdure largement ouverte, la vallée de la Nive, emplie du murmure chantant des eaux, s'orne de prairies. Et c'est Ustaritz, et au sommet d'une haute colline, le collège Saint-François-Xavier du nom du grand apôtre des Indes, né en pays basque ; Hasparren, où vit le poète chrétien Francis Jammes ; Espelette aux vieilles maisons, aux rues capricieuses sur ses peux coteaux.
LIVRE VISAGES DU PAYS DES BASQUES DE BERNOVILLE ET ETCHEVERRY |
Puis on gagne la Basse-Navarre. "Passé Cambo et dès Itxassou, la vallée de la Nive s'engorge entre deux hautes murailles de rochers où s'accrochent chênes et châtaigniers, avec de larges perspectives soudain ouvertes sur les monts bleus..."Et c'est Saint-Jean-Pied-de-Port, "dorée et chaude" dont "les rues étroites et ensoleillées alignent leurs balcons."
Voici maintenant la Soule. Ses forêts et ses pâturages, les vallées qui mènent à Larrau et à Sainte-Engrâce, "paroisse des bergers de la haute montagne", Tardets, "qui s'épanouit", dominée par le pic d'Anie et par le pic d'Orhy, dans une lumière "merveilleuse, écrit M. Gaétan Bernoville, d'une qualité indéfinissable, avec je ne sais quoi de pailleté, de scintillant" qui en fait "comme un village aérien" ; Mauléon, avec sa citadelle et sa grand'place ; l'Hôpital-Saint-Blaise, une des étapes de l'antique pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, avec une église dont l'intérieur est "dans un petit espace, un étonnant témoignage de la beauté sobre, nue, la fois harmonique et massive, de l'art roman" et dont la coupole est "admirable".
CHAPELLE DE L'HÔPITAL SAINT BLAISE |
C'est dans cette nature et ces cités pittoresques que vivent les Basques, fiers et indépendants, adroits et travailleurs, hospitaliers et courageux, agiles et graves, et fortement attachés à leur foi catholique, "hommes dont on admire, sur les routes ensoleillées des trois provinces, la démarche souple et balancée, la face aquiline et glabre, le buste puissant aux larges épaules, la taille svelte, le regard net, l'allure racée", les pieds chaussés de sandales, la tête coiffée du béret, femmes à la taille cambrée, aux cheveux bruns et au teint mat qui se distinguent "également par cette démarche, ferme et souple à la fois, absolument inimitable et qui est comme le secret de la race".
DANSEUR DE LE TANNEUR PAYS BASQUE D'ANTAN |
JEUNE FEMME PAYS BAQUE D'ANTAN |
Leur vie familiale, où sont conservées les hautes traditions de respect, de hiérarchie de noble communauté domestique s'ordonne autour de l'église, où hommes et femmes ont leurs places curieusement et strictement distinctes, avec son maître autel somptueux et surélevé, l'église qu'entoure le cimetière proche du jeu de pelote. "Et même, dans plusieurs villages, le fronton du jeu de pelote forme tout un pan du mur du cimetière. C'est que les jeux sont proches de la mort et sans cesse par elle menacés. Mais les morts dorment dans la joie du Seigneur. Ainsi les morts et les vivants sont d'accord."
CIMETIERE EGLISE FRONTON IHOLDY - IHOLDI PAYS BASQUE D'ANTAN |
Et voici "les jeux et les ris" : la danse ; le jeu de pelote, qui "fait partie intégrante de la vie de chacun" et "est un des centres de la vie collective" ; les chansons populaires dont la "musique, a écrit Charles Bordes, n'exprime pas seulement les sensations du Basque, elle a encore une mystérieuse correspondance avec sa vie physique, son travail, son jeu ou sa danse", chansons parfois improvisées.
JOUEUR DE CHISTERA DE LE TANNEUR PAYS BASQUE D'ANTAN |
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