GUIDE DE VOYAGE EN 1877.
Vers la fin du 19ème siècle, apparaissent des guides de voyage pour les voyageurs désirant se rendre en Hego-Alde, dans les provinces Basques du Sud.
Voici ce que rapporta à ce sujet, M. L. Capistou, en 1877 :
"Province du Guipuzcoa.
Le Vascuence est un idiome mystérieusement imagé, plein de couleur et d'énergie, qui a cette particularité de ne pas posséder d'article. Le R. P. Larramendi, de la Compagnie de Jésus, publia en 1728 une grammaire basque, qui précéda de quelques années son célèbre dictionnaire castillan-vasco-latin.
La littérature Euskara, bien que fort riche, ne possède en général, comme prose, que des œuvres manuscrites, qu'on retrouve dans les bibliothèques publiques et privées. En poésie, elle a légué des chants guerriers remarquables, des chansons populaires et même quelques comédies historiques. Différents auteurs ont fait de curieuses études sur la langue Euskara et les Basques, tels que Voltaire, Humboldt, de Mazure, Francisque Michel, Chaho, Henao, Madoz, le prince Lucien Bonaparte, etc., etc.
Dans son Dictionnaire Géographique, Madoz s'exprime ainsi à l'égard des Basques du Guipuzcoa :
LE DICTIONNAIRE GEOGRAPHIQUE DE PASCUAL MADOZ |
"Les Guipuzcoanos sont de belle figure, affables, courtois et humains, aimant à complaire, surtout aux étrangers, pour lesquels ils professent la plus large générosité ; ils sont durs et inflexibles vis-à-vis de leurs ennemis.
Désireux de conserver leur antique noblesse et constants dans la défense de leurs fueros, véritablement utiles, ils se gouvernent par les principes de l'honneur et de la probité. C'est dans les réunions publiques, dans les fêtes ou romerias qu'ils donnent les plus grandes preuves de la droiture de leur caractère, rendant inutile la présence de l'autorité ou de la force armée.
Les femmes sont belles de visage et riches de couleur. Leur front est blanc et leurs cheveux sont magnifiques ; graves, honnêtes, elles sont gracieuses et fortes, spécialement dans les localités voisines de la côte. Leur costume est fort simple ; elles se chaussent ordinairement d'alpargatas. Les femmes mariées portent une coiffure spéciale, sorte de mouchoir noué en forme de toque ; les jeunes filles vont nu-tête, les cheveux divisés en une ou plusieurs tresses tombantes."
FEMME DE LA BASSE GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
FEMME DE LA HAUTE GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les paysans, nommés caseros, portent la culotte courte et les guêtres de laine tricotée avec des alpargatas ou des abarcas pour chaussure. Ils usent la blouse et le veston, suivant les circonstances, et sont toujours coiffés du béret bleu ou boïna. On les voit rarement sans un bâton, makila, qui est dans leurs mains robustes une arme redoutable.
PAYSANS GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les Guipuzcoanos sont sobres et peu portés à l'abus des choses pernicieuses. Le dimanche ils se réunissent dans les tavernes et cidreries, où rarement ils se laissent aller jusqu'à l'ivresse.
Ils sont passionnés pour le jeu de pelote, qui est érigé chez eux à la hauteur d'un art. Chaque localité a sa plaza, où se jouent, entre les plus habiles, de longues et sérieuses parties, quelquefois avec des enjeux relativement considérables.
Les danses guipuzcoanas sont très originales et fort variées ; les plus remarquées sont les zortzicos et les bordon-dantza, escu-dantza, espata-dantza, qui sont traditionnellement conservées. On garde dans ces danses la réserve la plus grande et l'on y respecte les règles de la décence la plus sévère.
EZPATA DANTZA |
Jusqu'à ce jour, l'administration de la province de Guipuzcoa, comme dans l'Alava et la Biscaye, a relevé exclusivement de la Députation forale, dont la résidence est à Saint-Sébastien depuis quelques années. Cette Députation est composée d'un Député Général et de deux Seconds Députés ; de plus, il lui est adjoint des représentants de chaque partido ou district provincial, qui forment autour d'elle une sorte de conseil permanent.
Le Gouvernement a, pour le représenter dans l'ordre politique, un Gouverneur civil nommé corregidor par le fuero, et dans l'ordre militaire, un Commandant général de la province. Ces deux fonctionnaires résident à Saint-Sébastien depuis 1854.
La loi du 21 juillet 1876, qui modifie sensiblement le régime foral, va, à l'heure de son application, altérer l'administration économique de la province, sans pour cela atteindre ses bases fondamentales, qui sont trop profondément enracinées dans le pays pour devoir disparaître si promptement.
La justice est distribuée comme dans le reste de la nation. Il y a, dans la province, quatre juridictions de première instance, à Saint-Sébastien, Azpeitia, Vergara et Tolosa ; ces tribunaux, où ne siège qu'un seul juge, relèvent de la cour de Burgos.
Des justices de paix existent dans la plupart des localités ; elles connaissent des affaires de conciliation et ne prononcent, en dernier ressort, que jusqu'à une somme très limitée, dans les procès en réclamation d'espèces.
En ce qui concerne la force publique proprement dite, il n'existe en Guipuzcoa, dans la période normale, que la guardia civil ou gendarmerie, chargée d'exécuter les ordres du corregidor, et le corps des miquelets, qui obéit seulement à la Députation générale. Ces miquelets sont organisés militairement ; ils prêtent service dans les dépôts et entrepôts de la province, ainsi qu'aux limites de celle-ci, percevant les droits et protégeant les grandes routes. Durant la dernière guerre civile, les miquelets ont rendu de signalés services ; leur bataillon a assisté à tous les combats qui se sont livrés en Guipuzcoa, occupant toujours les postes les plus périlleux. Je dois dire à la louange de cette troupe d'élite que l'Espagne lui est en grande partie redevable de ses succès contre les carlistes ; car, sans son aide, jamais les forces régulières n'eussent osé s'aventurer hors des villes où elles s'étaient claquemurées.
MIQUELETES DU GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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