LES CHIENS DE GUERRE EN 1915.
En 1915, Alexandre Millerand, ministre français de la guerre, conscient de leur importance, crée le Service des chiens de guerre avec plus de 3 000 animaux, principalement pris dans les fourrières.
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LES CHIENS SANITAIRES LE PETIT JOURNAL 18 AVRIL 1915
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Le Pays Basque fut sollicité, comme les autres régions françaises, pour fournir des chiens à
l'armée.
Voici ce que rapporta au sujet de ces chiens, la presse, dans Le Petit Journal, le 18 avril 1915, sous
la plume d'Ernest Laut :
"...Il n'est personne qui ignore les proues ses de ces fameux chiens du Saint-Bernard que les moines du couvent ont dressés à retrouver les voyageurs perdus dans la neige. Chaque année, ces braves bêtes sauvent plus de trois cents vies humaines... Or, c'est cette faculté instinctive que l'homme a mise à profit en entraînant les chiens au rôle d'auxiliaires des ambulanciers en temps de guerre.
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CHIEN DU SAINT BERNARD |
Les Allemands et les Anglais furent les premiers à utiliser ainsi le merveilleux instinct du chien. Au début de la guerre russo-japonaise, le gouvernement russe fit au major Hautonville Richardson, le plus célèbre dresseur de chiens ambulanciers d'Angleterre, une importante commande, et ces animaux rendirent de grands services en Extrême-Orient.
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EDWIN HAUTONVILLE RICHARDSON DRESSEUR DE CHIENS ARMEE BRITNNIQUE 1915 |
Déjà, on avait pu apprécier leur valeur pendant la guerre anglo-boer. Le lieutenant Johannes, de l'armée anglaise, évalue, en effet, à plusieurs centaines le nombre des blessés qui, au cours de cette campagne, échappèrent aux recherches des infirmiers et furent sauvés par les chiens sanitaires. De même encore, pendant la guerre russo-japonaise, à la bataille de Chaho, trois chiens sanitaires, expédiés par l'Association allemande, ont dépisté vingt trois blessés qui étaient bel et bien abandonnés.
Aucun doute ne subsiste dès lors sur les services que peuvent rendre les chiens à la recherche des blessés.
Dans presque, toutes les armées d'Europe des services de chiens ambulanciers furent organisés. Seule, l'année française demeura longtemps en dehors du mouvement.
Mais, heureusement, chez nous, l'initiative privée est toujours prête à remédier aux négligences des pouvoirs publics. Un officier, le capitaine Tolet avait, dès l'année 1895, entrepris le dressage des chiens pour la recherche des blessés en temps de guerre. Les résultats obtenus par lui attirèrent l'attention ; et c'est alors que se créa, sous la présidence de M. Lepel-Cointet, la Société nationale du chien sanitaire qui, dans son chenil d'Avon-Fontainebleau, fit dès lors élever et dresser, sous la direction du capitaine Tolet, des chiens destinés aux sections de brancardiers de l'armée en temps de guerre.
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CHIEN DE GUERRE 1915
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On a quelquefois reproché à la Société cette expression de "chien sanitaire" qu'elle consacre par son titre. Cette expression est impropre, évidemment ; un chien ne peut être sanitaire au sens précis du mot : "Chien ambulancier" vaudrait mieux. Mais le but dans lequel travaille la Société lui imposait ce mot : c'est celui qui désigne tous les services dépendant de la grande organisation de santé militaire : chien sanitaire, cela signifie chien du service de santé de l'armée, tout simplement ; et voilà qui justifie le titre choisi par la Société.
Au surplus, ce n'est là qu'une question de mots ; et les mots ne sont rien : l'œuvre est tout. Or, celle qu'a accomplie cette Société est des plus dignes d'intérêt.
A maintes reprises, depuis dix ans, elle a démontré, au cours des exercices du service de santé, la facilité qu'ont les chiens dressés par elle de rechercher les blessés, de jour et de nuit, dans les terrains les plus difficiles.
Et ce n'est point là la seule façon dont se soient manifestés son activité et son patriotisme. La Société a voulu encore que le chien sanitaire de l'armée française fût un chien français.
Jusqu'alors, toutes les armées d'Europe, employaient presque uniquement, dans le recrutement de leurs chiens ambulanciers, la race du berger allemand. La Société nationale du chien sanitaire, elle-même, fut tout d'abord tributaire de l'Allemagne pour le recrutement de ses chiens. Mais c'est aujourd'hui un article d'exportation que l'Allemagne ne nous enverra plus.
Il est démontré aujourd'hui que tous les chiens de berger français sont propres à devenir de très bons chiens sanitaires. Mais la Société a choisi, parmi les diverses races françaises, une bête dont les qualités natives se prêtent merveilleusement à ce genre de dressage. C'est le "bouvier des Flandres", chien de garde et de défense par excellence, qu'on trouve, de temps immémorial, dans toute la Flandre française et en particulier dans la vallée de la Lys.
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CHIEN BOUVIER DES FLANDRES |
Là-bas, dans nos vieilles fermes flamandes, le chien de bouvier est employé de cent façons diverses. Il traîne la voiture chargée de pots à lait, tourne la baratte pour la fabrication, du beurre, surveille les troupeaux. Mais il est surtout le chien de garde pour les propriétés et la cour. Malheur au maraudeur qui tombe sous sa dent terrible !
L'animal est d'une agilité et d'une force peu communes ; son attaque est impétueuse. Au moindre signal, il s'élancera sur quiconque veut, s'en prendre à son maître ; il le défendra d'une façon ardente, courageuse, opiniâtre, car il ne sent pas les coups, et le nombre des adversaires ne l'effraie pas. Mais, docile jusqu'à l'excès, d'une obéissance passive rare, il saura s'arrêter au moindre appel, se tenant toujours prêt, cependant, à reprendre la lutte si le maître le veut.
M. le capitaine Tolet, qui est, en pareille matière, l'homme le plus compétent de France, dit du "bouvier des Flandres" :
"C'est un chien courageux, d'une intelligence vive, d'un odorat remarquable, d'une obéissance naturelle parfaite, d'un attachement absolu au maître ; sa fidélité devient même de l'obsession. Son caractère en général est agréable, mais souvent mordant. Il a une expression de vie dénotant un ensemble de qualités très grandes qui le rendent très sympathique".
Et M. 1e capitaine Tolet ajoute :
"Ces qualités diverses réunies chez un même individu en font pour le dressage, et en particulier dans la recherche des blessés, un chien de tout premier ordre".
Tel est le bon chien de France auquel est dévolu le soin de retrouver les blessés sur le champ de bataille.
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CHIEN BOUVIER DES FLANDRES |
Ce soin, nos chiens ambulanciers français s'en acquittent avec le zèle et le dévouement qui sont les caractéristiques de leur race. Les services qu'ils rendent sont si nombreux et si précieux que, sur tous les points du front, depuis le début de la guerre, on réclame sans cesse de nouveaux envois de chiens.
Car ces braves animaux ne sont plus seulement les auxiliaires des brancardiers ; ils sont devenus peu à peu les auxiliaires de l'officier et du soldat dans toutes les circonstances de la guerre. Ils sont estafettes ; ils sont sentinelles.
Marquis, le chien du 92e, dont un poète a célébré la gloire ici-même, Marquis était agent de liaison entre les bataillons de son régiment ; il portait des ordres, faisait des commissions difficiles. A Sarrebourg, au début de la guerre il avait été chargé de porter un pli à un officier qui commandait une compagnie de mitrailleuses. Marquis s'en fut, sauta des haies, des fossés. Au moment où il allait, atteindre le but, une balle allemande l'atteignit au côté droit. Le chien blessé se traîna péniblement, perdant du sang tout le long du chemin, arriva cependant auprès de l'officier et rendit le dernier soupir après avoir accompli sa mission.
La tradition du chien du régiment ne se perdit jamais complètement chez nous ; mais, à coup sûr, elle sortira de cette guerre plus forte que jamais.
Voyez tous les instantanés qui ont été publiés de nos troupiers aux tranchées ou au cantonnement : il est rare qu'un chien n'y ligure pas. Les régiments qui avaient de ces braves soldats à quatre pattes les ont emmenés sur le front ; les autres n'ont pas manqué d'adopter quelque pauvre bête abandonnée qui est venue s'engager sous leur drapeau.
On a cité depuis le début de la guerre vingt traits de. cet attachement spontané des chiens pour nos troupiers. La bête s'est choisi un maître parmi les soldats, celui qui s'occupe d'elle le plus volontiers, elle le suit partout, elle partage ses dangers ; il arrive même qu'elle lui sauve la vie, comme l'épagneul Fend-l'Air sauva le zouave qui l'avait adopté. Elle ne le quitte plus, elle l'accompagne à l'ambulance, se glisse dans le train sanitaire qui l'emporte, arrive à l'hôpital avec lui, ne veut plus quitter son chevet. Admirable exemple de fidélité et de dévouement. Et voilà deux êtres unis pour la vie.
Vous vous rappelez la lithographie célèbre dans laquelle Charlet représente un petit pioupiou qui caresse un chien, le chien de son régiment, et qui fait cette réflexion naïve et profonde à la fois : "Ce qu'il y a de meilleur dans l'homme, c'est le chien."
Combien de soldats de cette guerre, en se souvenant des services rendus par les chiens : chiens estafettes, chiens sentinelles qui, bien souvent, ont signalé l'approche de l'ennemi ; chiens ambulanciers qui ont concouru à sauver les blessés sur le champ de bataille ; chiens amis, bons compagnons des longues heures passées dans la tranchée combien de ces soldats penseront comme le pioupiou de Charlet, et n'en aimeront que du plus profond de leur cœur le chien, symbole vivant de la fidélité, du dévouement, de l'amitié, du sacrifice, c'est-à-dire de toutes les qualités du vrai soldat."
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