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lundi 24 mai 2021

L'EAU SULFUREUSE DE GARRIS EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1838 (deuxième partie)

 

L'EAU DE GARRIS EN 1838.


Il a existé au 19ème siècle, à Garris, en Basse-Navarre, une source et un établissement thermal.



VUE GENERALE DE GARRIS BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce qu'écrivit à ce sujet J. P. Salaignac, pharmacien de Bayonne en 1838 :



"Essai d'analyse chimique de l'eau sulfureuse de Garris. 



...Limpidité


Cette eau est parfaitement claire et incolore. Mise dans des bouteilles qu'on remplit entièrement et qu'on a le soin de bien boucher, elle ne se trouble point. On peut la transporter et la conserver très longtemps, sans qu'elle perde ses propriétés. Administrée en bains, elle laisse sur la peau une sorte d'onctuosité qui lui donne de la douceur.



Saveur.



La première impression qu'on éprouve en goûtant l'eau de Garris est une saveur d'oeufs couvés ou altérés qui parait se porter plutôt sur le sens de l'odorat que sur celui du goût, comme cela a lieu pour toutes les eaux sulfureuses ; mais la véritable saveur de cette eau est très légèrement fade. Elle n'excite aucun dégoût en la buvant.



Température.



Sa température, prise à différentes époques, au moyen d'un thermomètre à mercure, s'est trouvée constamment de 11 à 13 degrés centigrades ; ce qui classe cette eau parmi les eaux sulfureuses froides.


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PLACE DE LONGUE PAUME GARRIS BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Pesanteur spécifique.


La pesanteur spécifique de l'eau de Garris, comparée à celle de l'eau distillée, est comme 10 000 à 10 003 ; l'eau distillée bouillie et refroidie étant 10 000, et ces deux liquides pris à la température de 12 degrés 5 centigrades.



Action de la lumière et de l'air sur l'eau de Garris.



Cette eau n'éprouve aucune altération de la part de la lumière.


Lorsqu'on l'expose au contact de l'air, elle subit une décomposition qui la trouble légèrement ; mais ces effets ne s'opèrent qu'avec beaucoup de lenteur. J'ai exposé à l'air deux kilogrammes d'eau de Garris dans un vase où elle présentait une grande surface. Ce n'est qu'après vingt-quatre heures et sous l'influence d'une température de 16 à 18 degrés centigrades, qu'elle a été entièrement décomposée. Sa transparence était alors un peu troublée par la séparation d'une petite quantité de soufre et de carbonates insolubles, dont une partie s'était précipitée. La connaissance de ces faits peut être utile aux médecins, pour qu'ils recommandent à leurs malades de ne point abandonner à l'air l'eau sulfureuse qu'ils leur prescrivent de boire. Cette décomposition de l'eau de Garris s'opère également lorsqu'elle est conservée dans des bouteilles en vidange. La théorie de la décomposition des eaux sulfureuses, par l'action de l'air, est connue depuis longtemps. On sait que l'oxygène de l'atmosphère agit sur l'acide hydrosulfurique contenu dans l'eau, et en sépare le soufre dont une partie se précipite, tandis qu'une autre passe à l'état d'acide hyposulfureux. Pendant cette réaction les carbonates insolubles perdent l'acide carbonique qui les tenait en dissolution et se précipitent de leur côté, comme on l'a déjà vu. Lorsque les eaux contiennent des hydrosulfates, ces sels se convertissent en hyposulfites, par suite de cette décomposition.


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PLACE DU MARCHE GARRIS BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Action de la chaleur sur l'eau de Garris.



J'ai examiné avec beaucoup d'attention les effets de la chaleur sur l'eau de Garris, d'autant plus qu'il était important de s'assurer, d'une manière positive, si cette eau chauffée au degré convenable, pour être administrée en bains ou en douches, pouvait conserver encore des propriétés sulfureuses et agir efficacement sur le système tégumentaire ; les expériences que j'ai faites dans cet objet ont démontré, de la manière la plus complète, que l'eau de Garris peut être élevée à une température qui la rend propre au service d'un établissement thermal.



...Ces expériences sont décisives et ne laissent, par conséquent, aucun doute sur la propriété qu'a l'eau de Garris de supporter une chaleur assez grande, sans se décomposer entièrement : ce n'est qu'au terme de 90 à 100 degrés, toujours centigrades, que le nitrate d'argent cesse d'y produire un précipité noir ou brun.



Action des réactifs sur l'eau de Garris.


L'usage des réactifs, dans l'examen des eaux minérales, sert à se procurer des indications sur la nature des principes qu'elles contiennent : c'est ce qu'on appelle l'analyse qualitative de ces eaux. Ces essais sont suivis d'autres expériences qui ont pour objet de déterminer l'état de combinaison de ces mêmes principes et leurs quantités respectives. Cette partie constitue l'analyse quantitative. Pour suivre cette marche, qui est tout à fait méthodique, j'ai examiné, sur l'eau dont je m'occupe, les effets des réactifs dont il va être question.


Effet du mercure.


L'eau de Garris, agitée avec un globule de mercure, dans un flacon de cristal plein et bien bouché, agit sur ce métal en lui donnant une couleur noire.


Effets de l'argent et de l'or.


Une pièce d'argent, mise sous le jet de cette eau, lorsqu'elle sort de la source, y prend d'abord les couleurs de l'iris et passe bientôt après au noir ; l'or est aussi altéré à la longue. Les personnes qui prennent des bains doivent donc se prémunir contre ces effets, en se défaisant d'avance de leurs bijoux.


Effets produits par le lait de vache et d'autres liquides mucilagineux.


L'usage où l'on est d'administrer les eaux sulfureuses, dans certains cas, coupées avec du lait de vache, ou d'autres liquides mucilagineux, devait me porter à examiner de tels mélanges avec l'eau de Garris. Je l'ai donc mêlée à du lait, de la solution de gomme arabique et de la décoction d'orge perlé.

Ces mélanges, dans les proportions d'un tiers ou de la moitié du volume de l'eau minérale, n'ont donné lieu à aucune décomposition pour le moment ; mais comme ils peuvent s'altérer, en les conservant quelque temps, il convient d'en user au moment où l'on vient de les préparer. Le seul effet qu'opèrent immédiatement ces liquides mucilagineux sur l'eau de Garris, est de diminuer plus ou moins sa saveur, en raison de la densité de chacun d'eux et de leurs proportions : d'où il résulte naturellement que les mélanges opérés ont un goût mixte qui participe de celui de l'eau minérale et du liquide employé...


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MARCHE AUX BESTIAUX GARRIS BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

...Propriétés médicinales de l'eau de Garris. 



On a vu, d'après les résultats de l'analyse chimique de l'eau de Garris, qu'elle contient un principe très actif : l'acide hydro-sulfurique dont une partie s'y trouve à l'état libre, et l'autre à celui de combinaison. Ce principe doit nécessairement lui communiquer des propriétés énergiques, et la rendre très utile dans le traitement d'un grand nombre de maladies. Des substances salines s'y associent secondairement ; mais ce qui est remarquable dans cette eau, c'est que la matière organique que les chimistes ont désignée sous le nom de glairine, s'y trouve en très grande quantité, comparativement à d'autres eaux minérales de la même espèce. On sait que cette matière organisée qui est d'une consistance épaisse et comme gélatineuse, modifie avantageusement l'action de l'acide hydrosulfurique, et celle des hydrosulfates, notamment dans l'emploi des eaux sulfureuses à l'extérieur. 



Sous ce rapport, et en considérant, par ailleurs, la présence du chlorure de sodium dans l'eau de Garris, on trouvera qu'elle a beaucoup d'analogie avec les eaux de Barèges, de Cauteretz et plusieurs eaux minérales des Pyrénées Orientales dont la renommée est des plus étendues. Il faut cependant observer à cet égard, qu'indépendamment d'une composition qui n'est pas absolument la même, cette eau diffère de celles qui viennent d'être citées, par la température de ces dernières qui est assez élevée pour quelques-unes , tandis que l'eau de Garris est naturellement froide. On est donc obligé de la chauffer pour l'amener à la température qui est nécessaire aux bains ou aux douches, et qui s'élève le plus ordinairement de 30 à 32 degrés de Réaumur ou 37 1/2 à 40 degrés centigrades. Cette élévation de température qu'on donne aujourd'hui à plusieurs eaux sulfureuses froides, a provoqué une objection relative à la nature de la chaleur que quelques eaux minérales apportent avec elles du sein de leurs sources. Il s'agissait de déterminer si cette chaleur était pourvue de quelque propriété particulière, de quelque chose de sui generis, ou bien si elle était absolument identique avec celle de nos foyers. Un grand nombre d'expériences qui ont été faites dans cet objet, sur plusieurs eaux minérales naturelles ou factices, par M. Longchamp, chimiste qui s'est beaucoup occupé de l'analyse des eaux, ont résolu cette question de la manière la plus satisfaisante : elles ont prouvé clairement que la chaleur artificielle, ou, en d'autres termes, celle qui peut être communiquée, ne diffère en rien de la chaleur naturelle."



A suivre...



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