LE REBOISEMENT DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1924.
En 1924, on s'inquiète de la déforestation dans les Basses-Pyrénées.
Voici ce que rapporta à ce sujet la revue La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, dans son
édition du 3 août 1924, sous la plume de Joseph Garat, Député des Basses-Pyrénées :
"Le Reboisement des Basses-Pyrénées.
Notre beau pays est ravagé par un fléau contre lequel nous ne lutterons jamais avec assez d’énergie.
Le déboisement s’étend de plus en plus.
Les causes de la destruction des arbres sont nombreuses. Il y en a eu dans le passé ; il en existe dans le présent.
Sur 762 000 hectares de territoire, le département des Basses-Pyrénées compte 147 000 hectares de bois, soit 20 %. Ce taux est plutôt important ; mais il ne compte que sur le papier.
Une grande partie de ces forêts est ruinée par des exploitations excessives. C’est presque une naïveté de dire que l’arbre, qui pousse lentement, tombe sous quelques coups de la hache du bûcheron.
La guerre fit une grande consommation de bois. L’après guerre connut des nécessités encore plus grandes. Tentés par des prix avantageux, les particuliers et même les communes et les syndicats vendaient les coupes de bois, d’autant plus volontiers que la cherté de la vie et la désorganisation des finances publiques et privées créaient des besoins urgents.
On vit alors acquérir, en adjudication publique, à des prix inattendus, des forêts presque inaccessibles et en tout cas d’une exploitation fort difficile, telles que la forêt d’Iraty ou celle d’Haïra, pour ne citer que celles-là.
MONTAGNE BIDARRAY 1924 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Une cause morbide a contribué bien davantage au dépeuplement de la partie forestière du Béarn et du Pays Basque. La maladie frappe le chêne et le châtaignier, qui sont les essences les plus répandues. En longeant les routes, le voyageur s’attriste de constater que nos bois sont remplacés par des immensités dénudées, au milieu desquelles se dressent quelques squelettes d’arbres décharnés. On dirait que nos futaies et nos halliers sont atteints de la peste !
Voilà pour le présent.
Le passé eût aussi ses ravages. Sous l’Empire, de grandes étendues de forêts communales ont été, contrairement à la loi, distraites du régime forestier. Indiquons un chiffre. Plus de 21 000 hectares de forêts communales échappent ainsi à la surveillance du service forestier, protecteur des arbres, et sont livrés à des abus de toutes sortes, que les municipalités n’osent pas réprimer.
La mesure la plus urgente, au point de vue qui nous préoccupe, consisterait à protéger ce qui subsiste encore de ces bois, en les soumettant au régime forestier.
Dès l’année 1921, le Ministère de l’Agriculture prescrivit à M. le Conservateur des Eaux et Forêts à Pau d’ouvrir la procédure légale de soumission au régime forestier pour 8 500 hectares de forêts communales dont la protection était particulièrement désirable.
Les reconnaissances réglementaires ont été faites et plusieurs projets de soumission ont été présentés.
Malheureusement, les efforts du service forestier se sont heurtés jusqu’à présent à la résistance des communes, qui désirent avant tout conserver la libre disposition de leurs forêts. Mieux éclairées, elles comprendraient que la soumission au régime forestier des massifs boisés communaux serait une mesure éminemment favorable à l’intérêt public bien entendu.
VUE SUR LE MONDARRAIN CAMBO 1924 PAYS BASQUE D'ANTAN |
C’est sur ce point que la propagande peut jouer un rôle utile. Déjà, les instituteurs ont fait œuvre méritoire dans la lutte contre le déboisement ; ils pourraient la couronner partout où ils sont secrétaires de mairie en préparant la soumission au régime forestier du plus grand nombre possible de parcelles communales. Le préfet, les sous-préfets, les sénateurs, les députés pourraient poursuivre le même but, chacun dans leur sphère d’action et d’influence.
Il reste les forêts appartenant à des particuliers qui représentent dans la masse un total fort important de la partie boisée du département.
La loi du 28 Avril 1922 permet de classer comme forêts de protection celles dont la conservation est reconnue nécessaire au maintien des terres sur les montagnes et sur les pentes, et utiles à la défense contre les avalanches, les érosions et les envahissements des eaux et des sables.
L’administration forestière a été invitée à entreprendre la reconnaissance des massifs à classer. Mais il faut compter ici avec le bon vouloir des particuliers, car le classement de ces lots peut donner lieu à indemnité et les crédits ouverts par la loi des finances sont limités.
La croisade en faveur des arbres restera dans le domaine du sentiment, des articles de journaux et de revues, des conférences et des discours sans passer dans celui des réalités politiques, si l’on ne trouve pas les fonds nécessaires pour aider au développement ou à la constitution des forêts.
CHÂTEAU SOUBELETA ITXASSOU 1924 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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