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jeudi 27 mai 2021

LE REBOISEMENT DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1924

LE REBOISEMENT DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1924.


En 1924, on s'inquiète de la déforestation dans les Basses-Pyrénées.


pays basque autrefois forêts
ABENSE ET LE SAISON 1924
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet la revue La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, dans son 

édition du 3 août 1924, sous la plume de Joseph Garat, Député des Basses-Pyrénées :



"Le Reboisement des Basses-Pyrénées.



Notre beau pays est ravagé par un fléau contre lequel nous ne lutterons jamais avec assez d’énergie.



Le déboisement s’étend de plus en plus.



Les causes de la destruction des arbres sont nombreuses. Il y en a eu dans le passé ; il en existe dans le présent.



Sur 762 000 hectares de territoire, le département des Basses-Pyrénées compte 147 000 hectares de bois, soit 20 %. Ce taux est plutôt important ; mais il ne compte que sur le papier.



Une grande partie de ces forêts est ruinée par des exploitations excessives. C’est presque une naïveté de dire que l’arbre, qui pousse lentement, tombe sous quelques coups de la hache du bûcheron.



La guerre fit une grande consommation de bois. L’après guerre connut des nécessités encore plus grandes. Tentés par des prix avantageux, les particuliers et même les communes et les syndicats vendaient les coupes de bois, d’autant plus volontiers que la cherté de la vie et la désorganisation des finances publiques et privées créaient des besoins urgents.



On vit alors acquérir, en adjudication publique, à des prix inattendus, des forêts presque inaccessibles et en tout cas d’une exploitation fort difficile, telles que la forêt d’Iraty ou celle d’Haïra, pour ne citer que celles-là. 





pays basque autrefois forêts
MONTAGNE BIDARRAY 1924
PAYS BASQUE D'ANTAN



Une cause morbide a contribué bien davantage au dépeuplement de la partie forestière du Béarn et du Pays Basque. La maladie frappe le chêne et le châtaignier, qui sont les essences les plus répandues. En longeant les routes, le voyageur s’attriste de constater que nos bois sont remplacés par des immensités dénudées, au milieu desquelles se dressent quelques squelettes d’arbres décharnés. On dirait que nos futaies et nos halliers sont atteints de la peste !



Voilà pour le présent.



Le passé eût aussi ses ravages. Sous l’Empire, de grandes étendues de forêts communales ont été, contrairement à la loi, distraites du régime forestier. Indiquons un chiffre. Plus de 21 000 hectares de forêts communales échappent ainsi à la surveillance du service forestier, protecteur des arbres, et sont livrés à des abus de toutes sortes, que les municipalités n’osent pas réprimer.



La mesure la plus urgente, au point de vue qui nous préoccupe, consisterait à protéger ce qui subsiste encore de ces bois, en les soumettant au régime forestier.



Dès l’année 1921, le Ministère de l’Agriculture prescrivit à M. le Conservateur des Eaux et Forêts à Pau d’ouvrir la procédure légale de soumission au régime forestier pour 8 500 hectares de forêts communales dont la protection était particulièrement désirable.



Les reconnaissances réglementaires ont été faites et plusieurs projets de soumission ont été présentés.



Malheureusement, les efforts du service forestier se sont heurtés jusqu’à présent à la résistance des communes, qui désirent avant tout conserver la libre disposition de leurs forêts. Mieux éclairées, elles comprendraient que la soumission au régime forestier des massifs boisés communaux serait une mesure éminemment favorable à l’intérêt public bien entendu.


pays basque autrefois bois montagne
VUE SUR LE MONDARRAIN CAMBO 1924
PAYS BASQUE D'ANTAN


C’est sur ce point que la propagande peut jouer un rôle utile. Déjà, les instituteurs ont fait œuvre méritoire dans la lutte contre le déboisement ; ils pourraient la couronner partout où ils sont secrétaires de mairie en préparant la soumission au régime forestier du plus grand nombre possible de parcelles communales. Le préfet, les sous-préfets, les sénateurs, les députés pourraient poursuivre le même but, chacun dans leur sphère d’action et d’influence.



Il reste les forêts appartenant à des particuliers qui représentent dans la masse un total fort important de la partie boisée du département.



La loi du 28 Avril 1922 permet de classer comme forêts de protection celles dont la conservation est reconnue nécessaire au maintien des terres sur les montagnes et sur les pentes, et utiles à la défense contre les avalanches, les érosions et les envahissements des eaux et des sables.



L’administration forestière a été invitée à entreprendre la reconnaissance des massifs à classer. Mais il faut compter ici avec le bon vouloir des particuliers, car le classement de ces lots peut donner lieu à indemnité et les crédits ouverts par la loi des finances sont limités.



La croisade en faveur des arbres restera dans le domaine du sentiment, des articles de journaux et de revues, des conférences et des discours sans passer dans celui des réalités politiques, si l’on ne trouve pas les fonds nécessaires pour aider au développement ou à la constitution des forêts.




pays basque autrefois château montagne
CHÂTEAU SOUBELETA ITXASSOU 1924
PAYS BASQUE D'ANTAN



La loi du 31 juillet 1920 a prévu ces difficultés financières, malheureusement très pressantes à notre époque. Elle autorise le prélèvement de sommes importantes sur le produit des jeux dans les casinos et les cercles pour la constitution des bois et des forêts.



Moyennant une procédure spéciale, les subventions peuvent être accordées aux départements, aux communes et aux associations pour reboiser des terrains improductifs.



Les communes et les syndicats des Basses-Pyrénées, qui voudraient reboiser leurs landes, trouveraient là des ressources appréciables pour cette œuvre d’utilité publique.



Oserai-je dire qu’au courant de ces questions, je suis à leur disposition pour les y aider ? Je le leur propose sans fausse honte, puisque nous ne sommes pas en période électorale et qu’aussi bien, en le faisant, je me borne à remplir mon mandat de représentant des Basses-Pyrénées.



Une certaine habitude des voyages m’a appris que les pays riches et prospères ont une végétation luxuriante.



Nos Pyrénées gagneraient à être boisées.



Rien n’est triste comme la montagne sans arbres.



Un pic nu et aride est le symbole de la désolation.



La montagne "chevelue", comme disent les montagnards des Hautes-Pyrénées, est une source de richesses et de bienfaits. Les arbres entretiennent la végétation, la faune et la flore qui disparaissent avec eux.



Ce n’est pas seulement la vie animale et végétale que les forêts abritent ; sur les pentes, elles fixent le sol et les neiges, elles évitent les avalanches, les éboulements et les inondations.



L’arbre est une des harmonies de la nature.



La domination turque est passée dans l’histoire en laissant le souvenir de la destruction des arbres, qui est devenue synonyme d’abandon et de désolation.



L’herbe ne poussait plus sous les pas du cheval d’Attila !



Dans les lointaines Amériques, nombreux sont les Basques et les Béarnais, qui inspirés des traditions ancestrales et pastorales, firent fortune en plantant des arbres dans les pampas de l’Argentine ou les solitudes de Californie .



Dans la quiétude de la douce existence au pays natal, oublieront-ils de cultiver cet être bienfaisant qui pousse et se développe seul, l’arbre, qui, comme le chien ou le cheval, mérite le beau titre d’ami de l’homme ?"


Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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