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jeudi 6 mai 2021

LES TOMBES DISCOÏDALES AU PAYS BASQUE (sixième partie)

  

LES TOMBES DISCOÏDALES.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.



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TOMBES DISCOÏDALES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 28 février 1929, sous la plume 
d'Henri Godbarge :



"Sur une tombe discoïdale.



L'oeuvre de M. Louis Colas. 



C’est avec tristesse qu'on a appris hier à Bayonne et dans la région la mort de M. Louis Colas, professeur au Lycée de Bayonne, agrégé de l’Université. 



Il n était pas originaire de ce pays, mais y avait acquis droit de cité non seulement parce qu'il y vivait et professait depuis de nombreuses années déjà, mais encore à cause des services qu’il a rendus à la jeunesse, à cause de sa bonté, à cause de la part active qu’il a prise aux travaux de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne ; à cause de la langue basque qu’il avait apprise avec passion ; à cause de ses importants travaux sur le Pays Basque. 



— Nous avons dit que son livre sur les Tombes discoïdales était un véritable "corpus" qui resterait et que les savants, les philologues... et les architectes et décorateurs consulteront avec fruit. Celui qu'il écrivit sur la Maison Basque était également du plus grand intérêt et il allait en écrire un nouveau quand la maladie le surprit. 



LIVRE L'HABITATION BASQUE
DE LOUIS COLAS




C'est une œuvre considérable qu’il menât sans soucis de la fatigue, de pénibles excursions qu’il faisait dans les villages de la vallée et de la montagne, sac au dos, quel que fût le temps. Ces fatigues n'auront sans doute pas peu contribué à abréger sa vie.



Les nombreuses illustrations des Tombes discoïdales, c’est lui qui les dessina. Il allait de tombe en tombe, lorsqu’elles offraient de l’intérêt ; en dessinait les contours, les caractères, les images, puis il les commentait, il en faisait l’histoire. 


pays basque autrefois
LIVRE LA TOMBE BASQUE DE LOUIS COLAS
PAYS BASQUE D'ANTAN


pays basque avant
LIVRE LA TOMBE BASQUE DE LOUIS COLAS
PAYS BASQUE D'ANTAN


L’Académie couronna cette œuvre et ce fut une joie profonde pour cet excellent homme et cet excellent écrivain, si érudit et si modeste. 



Il fut, peut-on dire, l’homme, l'historiographe de la Tombe basque. 



Et dès lors, pourquoi sur sa tombe ne placerait-on pas un de ces pierres discoïdales, qu’il dessinait avec un soin jaloux ? Certes nous n'avons nulle intention de nous substituer à la famille du défunt pour indiquer ce que doit être son monument au lieu du dernier repos, mais quel symbole dirait mieux ce qu'il fit que cette pierre dont il écrivit l'histoire à travers les temps ? 



Nous avons, sous les yeux, le texte d’une conférence qu’il fit. il y a quelques mois, à Saint-Sébastien, devant la Sociedad de Estudios Vascos, et à laquelle assistait un public nombreux et vivement intéressé. 



Nous eussions aimé en reproduire aujourd’hui, comme une sorte de testament littéraire et artistique de longs passages. Ni le temps, ni la place dont nous disposons ne nous le permettent.



Pourtant, nous en citerons deux paragraphes. Dans le premier, il recherche les régions au nord et dans le voisinage immédiat des Pyrénées qui possèdent encore ou ont possédé des discoïdales et qui peuvent être considérées comme un habitat très ancien des populations celtibères : 



"Je dois vous avouer à ce sujet, dit-il, que si mon enquête n'est pas complètement terminée, les documents que j'ai pu rassembler ne sont pas de nature à infirmer ma thèse, bien au contraire... Il subsiste encore quelques discoïdales dans la Chalosse, cette plaine fertile s'étendant au nord de l’Adour ; il y en a dans le Gers, l'ancien habitat de la fédération des Ausci : j’en ai rencontré quelques-unes dans la vallée d'Aspe, dont la toponomastique a été étudiée avec soin, en vue, précisément, de nombreuses étymologies offrant des similitudes frappantes avec la langue basque... Mais, à mon avis, le gisement le plus important, celui dont on peut tirer les conclusions les plus intéressantes, c’est celui du Lauragais, région située à l’est de Toulouse, passage d’invasions ibères et celtiques, pays fertile où les nouveaux venus devaient se fixer de préférence. Or, dans cette région même, en direction de Chalabre et de Castelnaudary, le savant Dusan, en 1866, signalait l'existence de discoïdales paraissant très anciennes dans une dizaine de cimetières. La Revue archéologique du Midi de la France en a donné la reproduction. Dusan signale, à ce sujet, des détails que nous retrouvons sur les tombes basques : Champlevage, croix sculptées, attributs de métiers, fleurs de lis, etc. Mais cela est secondaire. Ce qui importe, c’est de retrouver cette forme dans une région jadis peuplée de Celtibères. Ai-je besoin de dire qu’en 1866 cette forme de monument funèbre était considérée comme très ancienne, que les vieillards interrogés par Dusan se rappelaient en avoir vu davantage, et qu’on les détruisait, hélas ! volontiers ?" 



Et voici quelle fut sa conclusion : 



"On ne doit jamais parler de soi" disaient volontiers nos grands écrivains français du XVIIe siècle. Excusez-moi, Messieurs, si je ne me conforme pas ici à la règle. Lorsque je parcourais les cimetières du Pays Basque français, M. C. Jullian me disait volontiers : "Il faudrait que l'on pût faire un travail analogue dans le Pays Basque espagnol ; il faudrait aussi que de pareils "Corpus" pussent être exécutés tout le long de la chaîne des Pyrénées, dans les vieux cimetières du Béarn, de l’Ariège, de l’Aude..." Je pensais de même. N’ai-je pas écrit que la discoïdale qui parait être, au premier abord, la tombe basque, est une tombe pyrénéenne ? Mais, depuis, j'ai beaucoup réfléchi à cette question. La discoïdale me parait être la tombe celtibérique, un monument funèbre qui a dû se répandre beaucoup plus au sud, et un peu plus au nord des Pyrénées. Le jour où l'on aura fait l’inventaire de toutes celles qui subsistent encore dans les régions de Burgos et de Soria, lorsque les archéologues auront exploré les rives du Golfe Cantabrique, et qu’ils auront également dénombré celles que l'on peut rencontrer dans l'Estrémadure et l’Alemtejo, ce jour-là nous serons fixés sur l'expansion des Celtibères. Certes, les cimetières des provinces Vascongades au sud des Pyrénées, ceux du Pays Basque français au nord de la même chaîne sont, j’en suis persuadé, les plus riches en monuments de ce type. Les historiens tireront de ces collections toutes les conséquences qui leur paraîtront s'imposer. Quelles riches mines renferment, sans nul doute, les vieux cimetières de vos montagnes ! Quels trésors épigraphiques ils recèlent ! Que de découvertes encore à faire ! Espérons que ces travaux seront, un jour, accomplis, tant au nord qu'au sud des Pyrénées. Ce sera, alors, de la bonne collaboration hispano-française ! Permettez-moi de l’espérer." 



Excellent homme, avant que de dormir l'éternel sommeil, il a pu voir se réaliser, dans bien des domaines, cette collaboration franco-espagnole. 



Et le voici qui s'en va, simplement, sans vouloir de fleurs sur son cercueil, de discours sur sa tombe. C'était un grand cœur, un bon serviteur du Pays Basque et de l’Histoire... C’était un travailleur et un sage..."



A suivre...



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