LES EAUX DU LAXIA À ITXASSOU EN 1937.
Le Leizarraga ou Laxia est un affluent en rive gauche de la Nive, à Itxassou, au Pays Basque. Il se forme entre Artzamendi et Gorospil.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 8 février
1937 :
"Les eaux du Laxia.
Les articles parus récemment dans la "Gazette" ont apporté à cette même place l’ensemble de leurs faits et de leurs arguments. Nous jugeons utile de leur adjoindre un certain nombre de documents : à leur tour, ceux-ci parleront par eux-mêmes, sans avoir besoin d’être torturés à la façon de quelques arracheurs de dents, présentés tels qu’ils parurent à leur date, sans le moindre élément tendancieux. On notera même que nous avons cherché des documents qui, précisément par leur date, sont aussi éloignés que possible des polémiques d’aujourd’hui ou de celles de jadis.
1°) Sur la nécessité d’une solution rapide et digne de ce nom.
"Remédier à l’insuffisance momentanée d’eau potable par un apport journalier de 2 000 mètres cubes, c’est apporter au problème de l’eau une solution provisoire. C’est éloigner pour un temps, la question d’un approvisionnement plus complet en palliant aux besoins actuels. L’abondance de l’eau devient une nécessité et le problème qui se pose prend chaque jour plus d’urgence." (Docteur Pierre Sousbielle, thèse d’hydrologie soutenue devant la Faculté de Médecine de Bordeaux, sur l’approvisionnement de Bayonne en eau potable, été 1935.)
Pour un simple "palliatif" de 1 500 m3, le projet de la municipalité Lafourcade, parfaitement accepté par les principaux... et anonymes signataires des douze membres du groupe des "contribuables", coûtait 8 millions et portait de 12 à 20 millions, la dette de la Ville.
Tout ceci : autant de faits purs et simples.
Le même auteur évalue à 4 000 mètres cubes l’apport d’eau raisonnable à trouver, en été, chaque jour.
Du même auteur : "Du côté de l’Ursuya, il n’y a plus de réserves : les dernières sources sont captées et leurs eaux vont alimenter Hasparren et Macaye". Au surplus, la capacité de "débitage" de la conduite de l’Ursuya exclut de ce côté toute solution véritable. Et voilà !
BASSEBOURE ET MONT URSUYA CAMBO PAYS BASQUE D'ANTAN |
2°) L’opinion du professeur Bertrand.
La Ville de Bayonne n’a pas craint de faire appel à une sommité scientifique : chef du laboratoire de géologie appliquée de la Sorbonne, professeur à l’Ecole Centrale, maître appelé à la formation "hydrologique" des futurs ingénieurs, que de titres ne possède point encore le professeur Bertrand !
Rapport du 25 février 1930 : à la suite de diverses considérations et de l’application de la méthode thermométrique, il y a là "la preuve absolue du caractère profond de la nappe qui alimente les émergences du Laxia et de l’absence d’apports artificiels locaux". Bien entendu, il y a lieu de recourir en plus à l'habituelle analyse chimique et bactériologique.
Celle-ci a lieu : nous allons y venir tout à l’heure. D’autres ont suivi. Le Laxia n’était alors qu’à sa naissance : l’énorme débit du torrent s’explique par les émergences dont la plus importante a lieu dans le lit même du torrent (émergence N. 1), d’autres en bordure même du lit ; émergences qui surgissent d’une lame de dur calcaire dévonien, entre les grès de l’Artzamendi, au Sud, les schistes du Mondarrain au Nord.
Rapport du 10 février 1933 : à la suite du renouvellement de la même application de la méthode thermométrique, il y a "la preuve de l’absence d’apports superficiels locaux et du caractère profond de la nappe alimentant les émergences, d’ailleurs confirmée par la pureté bactériologique de l’eau faites ultérieurement... La potabilité de l’eau du Laxia n’est pas douteuse !"
Simple remarque : le rapport Bertrand ne se montra jamais dé favorable à "l’eau des sables", au temps où il était question de recourir à celle-ci, et où des débits énormes étaient mis en avant... On n’y songe plus, et avant tout pour cause... de débit. Comme il se doit, le professeur Bertrand saura reprendre en temps voulu, ses démonstrations devant le Conseil supérieur d’Hygiène.
La thèse du Docteur Sousbielle était loin d’être défavorable à la dite "eau des sables".
Ce double hommage à l’eau de montagne du Laxia n’en est que plus significatif.
3°) de quelques analyses.
Rappelons que l’eau de l’Ursouya, eau excellente qui a fait ses preuves, contient évidemment des bacilles comme toute nappe d’eau ! Mais des bacilles non pathogènes.
Eaux du Laxia. — Analyses chimiques :
(Nous passons sur les résultats qui font de cette eau une eau excellente par ses sels et son degré hydrotimétrique.)
a) Analyse Audibert, 27-2-1930, sur trois échantillons, nitrites : néant ; ammoniaque, zéro.
b) Analyse du docteur Meunier, Pau, 8-7-30 : nitrites, néant. Conclusion : "Eau chimiquement de très bonne qualité."
Venons-en à l’analyse bactériologique.
Docteur Meunier, 8-7-30. Numéro 27.762. Eau prise dans l’émergence du lit N. 1., prélevée le 22 juin 1930.
"Odeur nulle ; limpidité parfaite. Dépôt nul."
"Bactéries putrides : Néant. Espèces liquéfiantes : Néant. Numération : faible."
"Colibacilles : flacon A, 25 par litre environ, et dans A seulement. Flacon B, néant. Flacon C, néant. Flacon D, néant. Colibacilles rares peut-être accidentels, eu égard aux conditions aléatoires du prélèvement.3
(Effectivement, le "Laxi"» était à sa naissance ; aucune barre de jauge n’était installée. Il y aura d’ailleurs du Laxia dérivation obligatoire du torrent, et périmètre de protection, captage en profondeur, exactement comme peur l’Ursouya, où tout ceci existe, et Bayonne n’a eu qu’à se féliciter d’avoir eu recours à l’eau de l’Ursouya.)
VUE SUR MONT URSUYA CAMBO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Conclusion de l’analyse précitée : "Eau bactériologiquement de bonne qualité."
Rapport Bertrand précité : "pureté bactériologique de l’eau du Laxia reconnue par les analyses faites ultérieurement" (ceci 3 ans après l'analyse bactériologique du docteur Meunier.)
4°) Considérations accessoires et conclusions.
L’eau du Laxia a été proclamée excellente et potable par trois municipalités successives. Parmi les douze protestatoires du "groupe des contribuables", les conseillers municipaux du docteur Lafourcade qui y ont apposé leur signature, s’engageait à amener — pour 8 millions — l'eau du Laxia à Bayonne (lors des dernières élections municipales).
A la fin décembre 1936, minorité et majorité du Conseil Municipal ont voté à l’unanimité (veut-on les noms ?) le projet amplifié du Laxia et porté à 16 millions.
Parce que la population bayonnaise veut de l’eau de montagne et qu’il faut aller la chercher au Laxia. Soit dit une fois de plus. Parce que le problème de l’eau n’est pas un problème politique.
Par ailleurs, un devoir de courtoisie élémentaire nous invite à remercier le Maire de Bayonne, en cette même qualité, des renseignements apportés à la "Gazette" par la lettre parue dans nos colonnes.
Sur le résultat financier de la gestion de la régie des eaux créée par M. Castagnet, nous sommes désormais fixés quant à l’affectation des bénéfices. A la longue et progressivement, le bénéfice s’accroîtra de la venue nouvelle de l’eau indispensable. Amélioration du réseau de distribution et extension de celui-ci ; "équilibrage du réseau" et problèmes techniques ; absence de mélange des eaux de l’Ursouya avec celles du Laxia ; convention conclue jusqu’en 1981 (pendant 40 ans environ l’eau de l’Ursouya avait elle aussi réglé la question) ; nécessité d’agir devant la hausse menaçante, emploi de nombreux chômeurs ; tout cela comporte un plan d’ensemble. Majorité et minorité l’ont adopté unanimement par leur vote : unanimement ils ont adopté l’eau du Laxia, en connaissance de cause et pour l’hygiène et la santé des Bayonnais.
VUE DE LAXIA ITXASSOU PAYS BASQUE D'ANTAN |
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