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lundi 5 octobre 2020

L'AFFAIRE FINALY AU PAYS BASQUE EN MARS 1953 (quatrième partie)

L'AFFAIRE FINALY AU PAYS BASQUE EN 1953.



En ce début d'année 1953, sans atteindre les proportions de l'affaire Stavisky, l'affaire Finaly fait tout de même de Bayonne une des capitales mondiales du fait divers.


pays basque autrefois religion juifs
AFFAIRE FINALY 1953



Je vous ai déjà parlé de cette affaire dans un article précédent.





Voici ce que rapporta le journal Carrefour, dans son édition du 4 mars 1953, sous la plume 

de Pierre Seize :



"On use mal en France de la prison préventive. Les prêtres Basques emprisonnés ne sont pas des malfaiteurs



On s’attendait au pire. Des appels à la violence, signés d’un homme qui eut son temps de gloire politique, avaient été placardés en pays basque pour obtenir, de vive force, la libération des quatre prêtres inculpés du rapt des enfants Finaly et il avait suffi d’une nuit pour barrer la route d'Espagne et les rues de Saint- Jean-de-Luz de cette sommation peinte en lettres blanches sur le macadam : "Libérez nos prêtres !"



Or, en ce dimanche, octave de leur arrestation, le Bayonne catholique, devait, comme chaque année, rendre à saint Léon, patron de l’évêché, le culte traditionnel d’une procession solennelle se déroulant à travers les vieilles rues.



De là à redouter que les foules fanatisées ne s'emparent des bannières déployées pour les conduire à l’assaut de la prison, il n’y avait qu’un pont à franchir sur l’Adour...



Ce pont n’a pas été franchi. Cependant, la procession a permis au pays basque de montrer qu’il refusait au judiciaire le droit d’apprécier l’action des passeurs d’enfants.



C’était dire aussi aux autorités — et les autorités, ce sont aussi bien la police que la douane, le gouvernement ou le juge — c’était affirmer que la détention des prêtres ne saurait désormais se prolonger longtemps sans donner un caractère d’injustice à une mesure de rigueur qui ne trouvait sa justification que dans un provisoire strictement limité.



Car on sait fort bien, sur les rives de la Bidassoa, que s’il est normal qu’un contrebandier, pris sur le fait, aille faire en prison un stage conventionnel, il est contraire au fait play de prolonger sa détention au-delà du barème affiché à la douane.



Or, s’il n’est pas de tarif fixé pour le rapt d’enfants, les Basques ont estimé que huit jours de prison, c’était peser bon poids...



D’autant qu’une rumeur court qui ne tend rien moins qu’à suspecter la pureté d’intention d’une justice qui ne devrait pas être soupçonnée : on dit que les quatre prêtres sont gardés comme otages pour garantir le retour des enfants Finaly, on dit que leur détention prolongée permet le développement de subtils marchandages...



On dit... Mais laisser dire, c’est parfois prendre des risques qui conduisent à l’émeute et les deux ministres élus de ce département, MM. Guy Petit et de Chevigné, se sont employés à mettre le gouvernement en garde contre les prolongements possibles d’une effervescence qui pourrait mal tourner.



Cependant les autorités ecclésiastiques dont on attendait, ce dimanche-là, une prise de position à l’occasion du prêche de la fête patronale, n’ont pas fait la moindre allusion à l’affaire.



Mgr Terrier, évêque de Bayonne, a voulu rester muet, ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de faire comprendre ce qu’il avait à dire. Car, puisqu’on parlait de "complot des soutanes", il avait sollicité la présence d’un héros qui rappelait un complot de la même lignée perpétré au temps des dangers de la clandestinité.



Ce héros, le Révérendissime Père Unda, abbé du monastère de Belloc, avait été intentionnellement choisi pour célébrer la grand-messe en la cathédrale et nul n'ignorait qu’un ministre laïc avait, l’an passé, épinglé la croix de la Légion d’honneur sur la soutane de ce conspirateur.



Dès lors, cette présence voulue apportait au geste des prêtres basques le soutien spirituel et fraternel des bénédictins dont l’action dans la Résistance avait été reconnue sur le front des troupes par la remise de la croix de guerre à leur abbaye.



Car cette chaîne d’évasions qui, pour les hommes traqués, fit de la frontière le chemin de la liberté s'étirait entre deux monastères bénédictins : en France, le couvent de Belloc, près de Bayonne ; en Espagne, l'abbaye de Lazcano, près de Villafranca. Et ce fut un chemin de foi qu'empruntèrent nombre d'israélites, ce même chemin que suivirent l'autre jour les enfants Finaly, puisque c'est à Lazcano que fut signalé leur dernier passage.



Ainsi, aujourd'hui comme hier, les prêtres basques ont, sur les mêmes sentiers, oeuvré pour une identique conception du devoir. Et cette fidélité à l'esprit de Résistance donne à penser que le retour des enfants Finaly ne saurait être obtenu par des mesures de coercition.



C'est pourquoi tel prêtre basque à qui nous demandions qu'elle eût été son attitude si l'évêque de Bayonne lui avait téléphoné l'ordre de rendre les enfants précisait en ces termes  sa position :



- J'aurais répondu respectueusement : "Trop tard, monseigneur, ils viennent de partir".



Et le prêtre ajoutait :



- Je n'aurais menti que de cinq minutes dans le temps car, raccrochant le téléphone, j'aurais ouvert la porte aux enfants pour les conduire ailleurs..."




A suivre...


Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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