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vendredi 9 octobre 2020

LES TRAINS AU PAYS BASQUE SUD EN SEPTEMBRE 1864 (deuxième partie)

LES TRAINS AU PAYS BASQUE SUD EN 1864.


Dès 1845, les institutions Biscayennes promeuvent la construction d'une ligne de chemin de fer Madrid-Irun, passant par Bilbao.



pais vasco tren antes 1864
INAUGURATION LIGNE CHEMIN DE FER 


Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal des débats politiques et littéraires, dans son édition 

du 9 septembre 1864 :



"...Pour fêter l'heureuse exécution d'une si belle entreprise, la Compagnie du Nord de l'Espagne avait, outre les invités espagnols, convoqué le matin du 15 août, dans la gare du Midi, à Bordeaux, une brillante réunion d'hommes considérables en France dans l'administration, la finance, l'industrie et la littérature. Deux trains pavoisés aux couleurs nationales de France et d'Espagne attendaient ces voyageurs d'élite pour les emmener rapidement sur le territoire espagnol, à Saint-Sébastien, ville admirablement choisie pour la cérémonie d'inauguration, puisqu'elle se trouve à peu près à égale distance des capitales des deux royaumes, Madrid et Paris. 



Ayant quitté Bordeaux à cinq heures du matin, nous avons traversé avec le plus vif intérêt l'immense étendue des landes autrefois si incultes et si désolées, transformées aujourd'hui en productives et riantes forêts grâce à la bienveillante impulsion venue d'en haut, grâce aussi aux efforts réunis d'une puissante maison de crédit et de la Compagnie des chemins de fer du Midi. Nous avons eu le plaisir d'apercevoir encore, le long des barrières du chemin de fer, quelques uns de ces rares bergers qui parcourent les landes, montés sur de hautes échasses, un long bâton à la main, poussant devant eux de maigres troupeaux, qui finiront par disparaître tout à fait, à mesure que les forêts de sapin envahiront de plus en plus ce sol aride. C'est ainsi que l'industrie enrichit certaines contrées aux dépens de leur originalité, et cela sans qu'on puisse s'en plaindre. Il en sera bientôt de même, hélas ! pour l'Espagne à cause de ses chemins de fer et au grand regret du touriste à venir. 


landes berger autrefois
BERGER LANDAIS SUR ECHASSES
LANDES D'ANTAN



A Morcenx, un déjeuner exquis avait été dressé sur des tables en plein air par les soins de la Compagnie. 



On repart après une demi-heure d'arrêt, et bientôt apparaît Bayonne, la coquette ville basque, gaiement assise entre ses deux rivières, la Nive et l'Adour, qui l'entourent comme d'un lacet d'argent, avant de se réunir pour aller se précipiter dans la mer. L'Océan se montre de distance en distance ; on entrevoit Biarritz, Guethary, Saint-Jean-de-Luz et leurs charmants coteaux ; on passe sur la Nivelle, on laisse de côté Béhobie et l'on arrive à Hendaye, dernière station française, située à l'embouchure de la Bidassoa, en face d'une vieille et redoutable ennemie, la ville espagnole de Fontarabie. Du chemin de fer on voit une antique maison rouge à arcades, qui fut habitée un jour, en 1660, par la reine Marie-Thérèse, et qui, gardant le nom de maison de l'lnfante, sert aujourd'hui d'auberge aux voyageurs.



Combien de grands souvenirs rappelle cette petite rivière, moitié française, moitié espagnole, la Bidassoa ! Il reste à peine quelques vestiges des deux îles célèbres de la Conférence et des Faisans, foulées tour à tour par Louis XI et Henri IV de Castille, François ler et Charles-Quint, Philippe IV et Louis XIV. 


pays basque autrefois frontiere
ÎLE DES  FAISANS BEHOBIE 1660
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le milieu du chenal de la Bidassoa forme la limite entre la France et l'Espagne, et Fontarabie, avec ses maisons en ruine dont les toits se rejoignent, ses remparts crevassés et noircis par le temps, a un caractère espagnol tout aussi prononcé que Burgos ou Tolède. On passe pour ainsi dire sans transition dé France en Espagne ; l'aspect du pays, d'une rive à l'autre de là Bidassoa, est tellement différent, que les drapeaux et les gendarmes ne sont nullement nécessaires pour faire reconnaître la nouvelle frontière.



A peu de distance de Fontarabie, se trouve Irun, la première station espagnole. Il faut descendre et changer de wagon, la voie espagnole étant plus large que la voie française et le matériel des deux Compagnies du Midi de la France et du Nord de l'Espagne ne pouvant servir pour les deux lignes. Cette différence de voie entraîne de grandes difficultés et de graves pertes de temps pour le transit entre la France et l'Espagne. Elle a été impérieusement exigée par le gouvernement espagnol. Nous ne pouvons comprendre l'opportunité d'une si regrettable mesure, même en cas de rupture entre les deux pays. Que les voies ferrées soient plus ou moins larges, l'entrée en Espagne n'en existe pas moins par le chemin de fer et par la route, et une nombreuse armée ne songe guère à monter en wagon pour envahir le territoire ennemi. 


pais vasco antes fuenterrabia
FONTARRABIE GRAVURE DE 1838
PAYS BASQUE D'ANTAN


L'entrée en Espagne par Fontarabie et Irun est belle. La ligne traverse de fraîches vallées bien arrosées et bien cultivées, chose assez rare chez nos indolents voisins ; elle côtoie des collines couvertes de champs de maïs et de vergers, elle rencontre des points de vue pittoresques comme ceux de la jolie petite ville de Renteria, sur l'Oyarzun, et du Pasages, avec son large port ayant l'air d'un lac enfermé dans le sein des montagnes, qui communique avec la mer par un étroit goulet entre deux promontoires élevés, dont l'un, celui de l'est, est commandé par le redoutable château-fort de Santa-Isabel. 



A la sortie du Pasages, le chemin de fer s'enfonce dans la montagne, débouche dans la plaine, puis, longeant l'embouchure de l'Urumea, laisse apercevoir une vaste baie au milieu de laquelle s'étend au pied d'un rocher, en forme de pain de sucre, la ville de Saint-Sébastien.





Saint-Sébastien est une ville complètement neuve; elle a eu à soutenir de nombreux sièges dans nos guerres avec l'Espagne ; elle a été prise et reprise, et a fini en 1815 par être pillée, saccagée et brûlée par ses alliés anglais et portugais. Ses rues étroites, bordées de hautes maisons peintes en jaune, avec des balcons et des rideaux blancs tendus en dehors de toutes les fenêtres ; ses églises, d'une architecture lourde et d'une richesse d'ornementation de mauvais goût, offrent peu d'intérêt au visiteur ; il faut se hâter de gravir le rocher à l'ombre duquel s'endort la ville, et, parvenu à la forteresse qui couronne le sommet du labyrinthe, admirer le panorama qui se déroule aux yeux." 



A suivre...



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