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samedi 17 août 2019

SABINO ARANA GOIRI LE PÈRE DU NATIONALISME BASQUE


SABINO ARANA GOIRI.


Sabino Arana Goiri est le fondateur du Parti nationaliste basque et le père du nationalisme basque.


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SABINO ARANA GOIRI


Voici ce que rapporta à ce sujet La Petite Gironde, dans son édition du 5 octobre 1933 :


"(De notre envoyé spécial).


Bilbao, septembre 1933. 



A un nationalisme aussi pur, aussi dégagé de toute brutalité, à une race aussi moralement forte, il ne fallait pas un dictateur banal, un Hitler mégalomane ou un général en retraite. Il fallait au contraire un homme obstinément doux, un théoricien plutôt qu'un combattant, un apôtre, en un mot. 



Le nationalisme a eu la chance d'être réveillé de son sommeil par une des intelligences les plus lumineuses et un des cœurs les plus sympathiques des temps actuels. 



Sabino Araña Goiri, dont le nom ne sera connu à l'étranger que le jour où triomphera le basquisme intégral, Sabino Araña Goiri est à l'heure présente, bien qu’il soit mort, l’homme le plus vivant du Pays Basque. C'est que, s’il faut à un dictateur des troupes de partisans armés pour triompher, Sabino, lui, n’a besoin pour dominer, ni de fusils ni de canons. Son triomphe est dans la pensée du peuple qu’il a réveillé. 



Emouvante et curieuse carrière, celle de ce lutteur sans arme !



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SABINO ARANA GOIRI


Pendant des dizaines d’années, le Pays Basque d’Espagne venait de lutter pour Don Carlos. En face de la monarchie régulière et centralisatrice de Madrid, le carlisme avait su gagner à sa cause de révolte les quatre provinces basques. Habilement, les prétendants de Carlos à Juan, promirent leurs "fueros" au peuple opprimé. 



Il n'en avait pas fallu davantage pour mobiliser les bergers, les marins, les bourgeois, de Pampelune à Bilbao. Par deux fois, les Espagnols reculèrent devant les Basques, mais ceux-ci, écrasés sous le nombre furent définitivement vaincus en 1876. 



Comme si cinquante années de guerre civile n'avaient pas encore assez épuisé le peuple basque, le gouvernement de Madrid exila, déporta ou bannit des centaines d’habitants trop fervents amis de la dissidence. 



Comme toujours et sous tous les régimes, la France ouvrait ses portes à l'infortune. Santiago de Araña et doña Pascuala de Goiri, père et mère de Sabino, chassés de leur foyer, vinrent à Guéthary, respirer l’air de la liberté. 



A Bayonne, leurs enfants reçurent une éducation française, et c’est encore un honneur pour notre pays, qui avait fait la conquête morale de "ses" Basques, d'avoir accueilli, aimé et formé celui qui devait être l’animateur de la résurrection en Biscaye. 



Revenu en Espagne, le jeune Sabin fut touché de la grande pitié de son peuple, mais il ne voyait pas encore comment ni à quelle occasion pourrait renaître l’espérance au cœur des Basques. C'est que la lumière suit de mystérieux desseins. 



"... Era una mañana del año 1882...", dit l’histoire contemporaine du petit peuple. C’était un matin de 1882... Louis, frère aîné, se promenait dans le jardin de la maison paternelle avec Sabin. Tous deux parlaient des malheurs de la nation immortelle. 




VIZCAYA ANTES
SABINO ARANA GOIRI


— Il est impossible, dit l'aîné, de sauver la Biscaye, par les moyens jusqu’ici employés. Les Basques ont eu le tort de se situer dans le cercle de l'Etat espagnol. Quel que soit le gouvernement, il opprimera nos consciences et détruira nos possibilités de salut... 



Déjà, Louis avait sauté hors du cercle espagnol. Maintenant, il tentait d’entraîner avec lui son jeune frère, celui qu'il aimait pour son intelligence, pour son courage, pour son talent et pour son coeur. 



"... Sabin, reprit-il, le Basque n’est espagnol ni par le droit, ni par la nature, ni par l'histoire, ni par la langue. Nous sommes un Etat libre. Etudie notre peuple, étudie notre passé, étudie nos droits..."





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DRAPEAU BASQUE SABINO ARANA GOIRI


Et l'aîné pressait son frère, lui rappelant les souffrances, les guerres, les horreurs, l'héroïsme, les vertus de la race. 



Déjà, les yeux bleus de Sabin brillaient d’une flamme inconnue... "Va ! petit, pressa encore le frère, le pays t’attend. Nos pères ont été bannis, nos grands-pères tués, nos frères exilés...Le pays est sans chef, mais non pas sans espoir... Va vers lui !



Du jardin paternel, avec la frêle voix de Louis, montaient aussi les grandes voix du sol, de la race, de l'indépendance. Tout proche, le cimetière parlait avec les cloches. Il n'était pas jusqu'à la mer voisine qui n'apportât aussi l'appel de tous les Basques qui étaient partis et qui, à Buenos-Ayres, à Montevideo, à Mexico, au Canada, avaient planté des arbres de Guernica et créé de petites patries biscayennes sous les cieux lointains.



Emu, bouleversé, en pleurs, Sabin vit la lumière : "Veux-tu accomplir cette mission, Sabin ?"



Sabin, jusque-là muet, prononça enfin deux mots : "Oui, de toute mon âme !"



"Era una manaña del año 1882..."C'était un matin de 1882 ! Dans le paisible jardin des Araña venait de naître le nationalisme actuel du Pays Basque.



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SABINO ARANA GOIRI


Par les lèvres du frère aîné, l'histoire avait donné des ordres, toutes les voix de la terre et du ciel, du passé et de l'avenir avaient parlé. La lumière était venue.



"... Era una mañana !..." C'était un matin, dit l'histoire, ce ne pouvait pas être un soir...Il fallait à un peuple si beau une aurore... C'était un matin...Era una mañana !..."



La révélation était faite. L'intelligence et la volonté de Sabin unies aux erreurs de l'Espagne allaient faire le reste. Un apôtre était né. Madrid allait en faire un martyr.



Avant d'agir, l'homme coordonna la doctrine. Le fait nouveau essentiel, c'est que le nationalisme basque, qui s'était contenté jusqu'ici de lutter dans le cadre espagnol, sortait de ce cadre et demandait une indépendance totale vis-à-vis de Madrid, quel que soit le régime.



Sabino groupe des amis, prépare les esprits de l'élite, crée des groupes intellectuels. A la différence de presque tous les autres nationalismes modernes, qui commencent dans le vacarme de la rue, celui-ci débute dans le silence de l'étude. Ce n'est pas un journal qui est sa première arme, c'est une revue. Ce n'est pas non plus par des coups de foudre que le mouvement s'annonce au peuple, ni par de tonitruants discours, mais par l'exemple d'une vie intérieure ardente, d'une extrême sévérité pour soi-même, et d'un sacrifice personnel total à la cause.



vizcaya antes
SABINO ARANA GOIRI


Le grand public d'Espagne n'apprend pas le nom de Sabino, parce qu'il a ameuté les foules, mais parce que le gouvernement l'a jeté en prison.



Lentement, très lentement, comme pour les doctrines sages, l'idée nationaliste poursuit une dure montée. L'élite intellectuelle vient à la lumière, mais les sphères de Madrid se moquent encore de ce novateur sans puissance et sans argent.



On avait compté sans les sentiments intimes et cachés des masses. Sans grandes illusions, Sabino Araña se présente à la députation provinciale, et son élection triomphale ouvre les yeux de l'Espagne, en même temps que du peuple basque lui-même.





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SABINO ARANA GOIRI DEPUTE


Madrid, alerte, agit... en mettant en prison l'apôtre, comme si les geôles ne donnaient pas à ceux qui y sont jetés une gloire accrue.




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SABINO ARANA GOIRI EN  PRISON


Sabino devient peu à peu le sauveur de la patrie. Un tel homme ne pouvait avoir une mort banale. Madrid le laisse à petit feu mourir en prison de privations et de fatigue. On ne le relâche que quelques jours avant sa mort, survenue en novembre 1903, à l'âge de 38 ans.



Miracle ! Le peuple basque, qui, en 1882, était épuisé, sans chef, sans orientation, sans doctrine, sans buts, sans vie intellectuelle, possédait, en 1903, une doctrine, des buts précis, des cercles intellectuels et le sens de ses destinées. Il avait plus qu'un guide, il avait un martyr, un saint de la Patrie ressuscitée.



S'il parlait et écrivait encore, Sabino Araña serait moins vivant, moins incontestablement le chef.



Il faut aux dictatures nationalistes basées sur la force, un homme qui parle et qui parade. Un tombeau suffit au nationalisme d'idée du peuple basque.



Hier, j'étais reçu dans la maison des Araña, à Bilbao, à Sabin-Etxea, centre et cerveau des oeuvres nationalistes de la Biscaye.




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SABINO ARANA GOIRI


En ces lieux, tout parle du "Maître". Les murs entre lesquels il vécut, la galerie vitrée où, avec Louis, il approfondit la doctrine, les portraits, les drapeaux, les hommes, les détails et l'ensemble... Il est là plus réellement que s'il se promenait au milieu de nous, car il vit dans le regard de ses continuateurs et dans le langage des enfants.



Mais oui, il est là !... Le gouvernement de la République espagnole lui donne même une garde d'honneur. Deux policiers montent, jour et nuit, la garde dans le vestibule d'entrée pour veiller sur le mouvement et sur de ridicules scellés qu'on a posés sur des salles du rez-de-chaussée.



En m'accompagnant, un jeune étudiant me dit : "Sabino est plus que notre maître. C'est notre Christ."



Le Christ !... Souvenez-vous. L'apôtre nous dit que le gouvernement... romain plaça sur son tombeau des scellés et posta devant la pierre funéraire des soldats. Or, le troisième jour, quand les femmes vinrent l'embaumer, elles rencontrèrent un jeune homme qui leur dit : "Il n'est plus ici ; il court la Galilée."




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SABINO ARANA GOIRI


Scellés espagnols sur les portes de Sabin Etxea, carabiniers et policiers assis au seuil de la maison...que faites-vous là ?



Le Sabin que vous gardez n'est plus derrière ces murs. Il court les rues de Bilbao, il gonfle le coeur des femmes et il apprend aux enfants le sacrifice. Le vent le porte sur les monts et dans les plaines, sur les mers et dans les villages lointains.



Des soldats n'ont jamais étouffé une idée. Ils peuvent se masser au seuil d'un tombeau, le troisième jour vient la résurrection.



... Et c'est pour cela peut-être que le nationalisme basque célèbre tous les ans sa fête... le jour de Pâques !



... Le troisième jour, il ressuscita !..."




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