LE SPORT NATIONAL AU PAYS BASQUE EN 1903.
La pelote Basque est le sport national du Pays Basque, depuis de très nombreuses années.
Je vous ai déjà parlé de ce sport, en 1903, dans deux articles, le 01/06/19 et le 01/07/19.
Voici ce que rapporta La Petite Gironde, dans son édition du 28 décembre 1903, sous la plume
de C. Béguin :
"Le sport national du Pays Basque III.
La paume basque n'a pas eu comme la paume française des Garsault et des Barcellon pour retracer son histoire. Ce que nous savons du jeu et des joueurs d’autrefois — je parle ici de la période antérieure au dix-neuvième siècle — nous a été transmis en grande partie par la tradition orale et se réduit à fort peu de chose. Peut-être, cependant, les archives locales contiennent-elles à cet égard des renseignements intéressants. La question mériterait la peine d’être élucidée, et je me permets d’indiquer ce sujet d’étude aux chercheurs qui se sont attachés à faire revivre sous nos yeux l’ancien pays basque. Ceci dit, je reprends mon récit où je l’avais laissé.
Vers la même époque à peu près où se distinguaient chez nous Perkain et Azantza, brillait parmi les Basques d’Espagne le joueur Baptiste, appelé aussi le fils de Simon, du village de Arroyoz, dans la vallée de Baztan. Sa réputation d'habileté était si fameuse que Ferdinand VII, en 1821, le manda à Madrid avec quelques-uns des meilleurs joueurs du Guipuzcoa pour donner à la cour le spectacle d’une partie de rebot. On cite de lui un trait d’adresse peu ordinaire exécuté au cours de cette partie. "La première balle que je lancerai, avait-il dit à un de ses compagnons avant de commencer, passera à la droite du roi ; la seconde, à la gauche de la reine, et la troisième, entre les deux". Et il fit, parait-il, ainsi qu’il avait dit. Mais si l’habileté du fils de Simon était hors de pair, son manque de scrupules et de sens moral ne l’était pas moins. Il lui arrivait parfois de jouer à des sein d’une façon déplorable ; à chaque passo, il s’approchait alors de son père et lui disait à voix basse : "Donnez-moi deux onces, ou je perds la partie." Tout d’abord, celui-ci refusait, et Baptiste perdait point sur point ; puis, lorsque le père avait cédé, le joueur entrait subitement en action et triomphait de ses adversaires avec une facilité stupéfiante.
PARTIE DE REBOT SARE PAYS BASQUE D'ANTAN |
L'épisode suivant, qui mit un terme à la carrière de Baptiste, et où il dut au hasard seul d’avoir la vie sauve, mérite d’être rapporté. Pendant l’été de 1823, à l’occasion de la fête patronale, une grande partie de rebot fut organisée à Saint-Sébastien. Une foule énorme se pressait autour de la vaste place, et de grosses sommes avaient été pariées en faveur de Baptiste, dont la victoire, paraissait assurée. La partie commença, et celui-ci accumula les maladresses avec une préméditation si évidente, que de véhémentes protestations ne tardèrent pas à se faire entendre dans le public, sans que le joueur, du reste, y prêtât la moindre attention. Le succès de son camp semblait irrémédiablement compromis. A ce moment, un spectateur quitta sa place, s'avança vers Baptiste, et, sortant un pistolet de sa poche, il lui dit ces simples mots : "Si tu perds encore un quinze (un point), tu mourras ici même." Ce discours produisit sur Baptiste un effet immédiat. Il se mit aussitôt à jouer comme lui seul savait le faire, et, par une série de coups foudroyants, il regagna l’avance prise par ses adversaires. En présence du scandale causé par ce revirement subit, les autorités ordonnèrent la suspension de la partie, et le public se dispersa, non sans avoir manifesté son mécontentement. Cette interruption ne faisait pas l’affaire de l’homme au pistolet, qui, sans doute, avait escompté dé gros profits. Le soir même, il se rendit à l'auberge où logeait Baptiste et, s’étant fait désigner la chambre qu’il occupait, il y pénétra. Celui-ci dormait profondément ; mais le malheur voulut qu’un camarade nommé également Baptiste reposât à ses côtes. Au milieu de l'obscurité, l’inconnu s’approcha du lit à tâtons, toucha le premier corps à sa portée et demanda : "Est-ce toi, Baptiste ?" Sur une réponse affirmative, il déchargea son pistolet et prit la fuite, sans s’être aperçu que sa vengeance s’était trompée d’adresse. Quant au vrai Baptiste, il jugea prudent de disparaître et se réfugia, dit-on, à Cuba.
L’âge d'or de l’antique jeu de rebot, ce fut la période qui s’étend entre 1840 et 1860 ou 1865. Alors apparut sur les places de paume une pléiade de joueurs incomparables, dont les exploits, au dire des contemporains, n’ont pas été renouvelés, et au premier rang desquels brillait le fameux Gaskoïna, le roi des joueurs du temps. Cette époque fut celle des grands tournois de Navarrais contre Guipuzcoans, de Labourdins contre joueurs de la Soule et de Français contre Espagnols, où on se rendait de toute la région environnante, et qui excitaient l’intérêt à plusieurs lieues à la ronde. Saint-Jean-de-Luz, Hasparren, Urrugne, Saint-Etienne-de-Baigorry, Saint-Sébastien, Pampelune, Tolosa, Irun furent le théâtre de ces luttes qui demeureront à jamais célèbres dans les annales du peuple basque. Parmi les joueurs français d'alors, on cite, après Gaskoïna, Etchepare, Arriaga, les trois frères Borotra, dont le plus connu, Mathieu ; Mercapide, surnommé le Meunier de Mauléon, qui n'avait pas son égal comme refileur, et auquel est attribué l’allongement du gant de cuir qui permit de lancer la balle avec plus de force. Du côté des Espagnols, Urchalle, Melchor, el Zurdo (le gaucher), d’Hernani, doué d'une force de bras incroyable ; Arroshko, Manuel Antza, Iribarren, curé de Lesaca, en Navarre, etc.
PELOTARI MELCHIOR PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire