VAILLANCE BASQUE BAYONNAISE 1915.
Pendant la première Guerre mondiale, nombreux furent les Basques et les Béarnais à se battre contre les Allemands, au sein du 142ème Régiment d'Infanterie Territorial.
SOLDATS A VERMELLES PAS-DE-CALAIS 1914 1915 |
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans
son édition du 6 février 1915 :
"La vaillance Basque-Bayonnaise.
Hourrah ! pour nos compatriotes au feu ! Leur sang bleu ne saurait mentir. *
A nous qui demeurons sur les bords de l'Adour et de la Nive, parce que l'usure des temps nous retient au rivage, il est assez difficile de suivre pas à pas Ceux qui nous ont quittés pour marcher à la victoire. Nous leur donnons le meilleur de nos pensées, et c’est ainsi que l'on peut dire que les pensées qui vont au front viennent du cœur.
Les communiqués veulent une admiration collective et anonyme. L’Etat-Major a ses raisons pour faire ainsi. Mais si de temps à autre, un éclair traverse l'ombre, si une victoire, un brillant fait d'armes jettent tout à coup un nom aux échos, si ce nom est celui d'un compatriote, si ce régiment porte un chiffre qui nous est connu, il n'y a pas de censure qui puisse nous empêcher de crier deux fois bravo : une fois pour la France, et une fois pour la petite patrie !
Nous avons eu cette joie dans des circonstances récentes. Vermelles et Givenchy sont maintenant des noms qui nous sont chers : nos concitoyens y ont planté leurs drapeaux. Ce que nous en dirons a été déjà dit, mais nous avons le devoir de le redire.
Vermelles est dans les alentours de Lille et appartient à ce centre de La Bassée, où chaque jour depuis trois mois se livrent des actions acharnées, héroïques. Depuis le 15 octobre, des détachements français luttaient pour la reprise de cette position importante que commande une des deux voies ferrées qui servent aux Allemands pour le ravitaillement de leurs armées d’invasion.
Patiemment, longuement, nos soldats firent le siège de cette petite ville, autour de laquelle l’ennemi avait organisé un système de fortifications redoutables. Il fallut enlever les tranchées une par une, de même que les maisons. Dans ces dernières, où la résistance était plus opiniâtre, le commandant d’infanterie qui dirigeait les opérations obtint de disposer d’un canon, un 75. Il arrivait à pratiquer un trou dans les murs, et par là il engageait la gueule de son arme. Quand le coup retentissait, il parait que les Boches étaient effrayés. Ça se comprend. Ce même canon les débarrassa d’une mitrailleuse et de ses servants qui, installés sur le portail de l’église, étaient une gêne pour les assiégeants. Un seul coup de cet excellent 75 pulvérisa mitrailleuse et servants.
CANON DE 75 ET SOLDATS DU 49EME RI DE BAYONNE |
Le château de Vermelles fut le morceau de résistance. Le commandant fit percer deux galeries souterraines qui permirent de disposer une mine, avec laquelle tout sauta, le 1er décembre, à 11 heures du matin. Une fois de plus, les Boches furent étonnés de cette irruption. Les goumiers qui étaient de la partie ne leur laissèrent pas le temps de la réflexion ; le poignard aux dents, ils bondirent par la brèche ouverte et nettoyèrent tout ce qui fit résistance. Le rapport dit : "On fit un prisonnier seulement."
CHÂTEAU DE VERMELLES PAS-DE-CALAIS |
Il nous faut retenir cette page de l'actuelle guerre comme appartenant à la vaillance Basque-Bayonnaise. Si le 142e n’y était pas complètement engagé, il appuyait le mouvement, et un des commandants qui ont mené cette affaire est du pays de l'Adour. Il est cité à l’ordre de l’Armée avec cette mention : "A préparé la progression de son bataillon sur le château de Vermelles dans d’excellentes conditions et a permis ainsi de faire réussir l’opération. Est en premières lignes depuis les opérations sur Vermelles avec son bataillon qu’il a su maintenir en confiance et plein d’entrain devant l’ennemi."
CHÂTEAU DE VERMELLES AVRIL 1915 |
Maintenant ce n’est plus un commandant, c’est tout un bataillon que nous trouvons à l’ordre du jour : le 3e du 142e.
Le communiqué du 23 décembre dit : "A l’est de Béthune, nous avons repris, en collaboration avec l’armée britannique, le village de Givenchy-lès-La Bassée qui avait été perdu."
GIVENCHY EN GOHELLE 1915 |
Ces deux lignes laconiques résument une action de trois jours : 20, 21, 22 décembre. Une furieuse charge allemande réussit à enfoncer un point de la ligne anglaise et à s’emparer d’une tranchée défendue par des soldats indiens, malgré une résistance désespérée de leur part.
Les Boches triomphent, hurlent le "Deutsland uber Alles" et se disposent à organiser la tranchée conquise, avec leurs mitrailleuses. Alors intervint le troisième bataillon du 142e. Le capitaine qui le commande par intérim l’enlève à la baïonnette. Le choc fut terrible et tel que les Boches durent céder, se débander et lâcher pied. Les territoriaux "Basques et Bayonnais" reprirent toute la position perdue et le capitaine Salles, le héros de l'affaire, fut retrouvé vivant sous un monceau de cadavres allemands.
Avec lui, tout le bataillon est cité à l’ordre du jour de l’Armée et des noms sont relevés qui sont familiers à nos oreilles : l'adjudant Dupont, le lieutenant Gavini, le clairon Hiquet "qui, blessé par un obus, après avoir tué de sa main 3 Boches, criait à ses camarades d’en exterminer le plus possible encore. C’est l’adjudant Minville, le soldat Dumon, les caporaux Bichindaritz et Etchenic, le soldat Labeyrie, l’adjudant Cazalis, le sergent Etcheto, le sergent Gélos et tant d’autres dont l’occasion ne nous a pas encore fourni les noms.
342EME TERRITORIAL JUILLET 1915 |
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