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lundi 16 mars 2020

LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE (septième partie)


LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE.


Maria Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, 19ème comtesse de Teba - dite Eugénie de Montijo - va connaître Biarritz, dès 1834, fuyant avec sa mère les remous des guerres carlistes.

imperatrice france eugenie
IMPERATRICE EUGENIE

Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 19 novembre 1932, sous la plume de René Cuzacq :



"Biarritz à sa naissance (Suite).



Les séjours de l’Impératrice.




— IV 




A Biarritz, il est entendu que la politique doit céder le pas au repos des vacances. L'Empereur n'amène avec lui qu'un simple secrétaire. Pourtant, d'illustres visiteurs sont venus qui sont sur la Côte Basque les hôtes de l’Empereur. Certaines entrevues même ont lieu à Biarritz dont l'importance historique a été décisive pour l'avenir de la France et de l'Europe. 




En 1855, le jeune prince de Galles est l'invité de la Cour impériale dans la capitale : quelle différence avec la Cour froide, sinon étroitement mesquine de sa mère Victoria ! Le jeune Edouard supplie Eugénie d’écrire à sa mère pour être autorisé à rester trois mois de plus. Qu’il reste, qu’il revienne même, qu’il fasse connaissance avec Biarritz ! Ainsi le futur Edouard VII entendit parler pour la première fois de Biarritz : il devait lui rester fidèle jusqu’à sa mort. En 1859, le roi des Belges est venu à Biarritz. La villa Eugénie compte encore parmi ses hôtes le prince de Monaco. 



pays basque autrefois napoleon eugenie
VILLA EUGENIE BIARRITZ 1862
PAYS BASQUE D'ANTAN

Nerveuse cependant, l’Impératrice songe longuement en attendant le diplomate annoncé. Puis, soudain décidée, sa voix prononce la parole fatale : "Faites entrer Monsieur le Ministre du Mexique". Hidalgo entre et s’incline : il a jadis connu les Montijo à Madrid. Tous deux décident de soutenir une expédition française au Mexique. Ignorante des intrigues financières qui se dissimulent derrière le projet, elle y voit "la grande pensée" de son règne, la création d’un Empire latin et catholique qui fera contrepoids aux Etats-Unis protestants. Déjà, elle discute avec Hidalgo du choix du nouvel Empereur : le duc d’Aumale ? Ce serait trop dangereux. Un prince allemand ? Ce serait bien peu. "Si nous prenions l'archiduc Maximilien ?" dit soudain Hidalgo. C’est bien lui, le frère de François-Joseph d’Autriche, qui sera l’éphémère Empereur de Mexico. Comment Eugénie se douterait-elle de la scène tragique, de la malédiction sauvage que l’impératrice mexicaine, devenant folle de douleur, jettera dans les jardins de Saint Cloud, à la face de l’Empereur des Français et de sa femme ! Oui, c'est à Biarritz que cette histoire lamentable a pris naissance. C’est à la Villa Eugénie que l’Impératrice a pris parti pour l’expédition : Elle en conserve encore devant l’Histoire une large responsabilité. 



pays basque autrefois hôtel
VILLA EUGENIE BIARRITZ 1890
PAYS BASQUE D'ANTAN



Pourtant, c’est à la Vierge mexicaine, à Notre-Dame de la Guadalupe, qu’Eugénie a dédié la chapelle du palais impérial. De nos jours, avenue de la Marne, celle-ci subsiste encore, curieux morceau d’architecture, orné d’une bizarre décoration. 




Voici encore, en septembre 1865, la famille royale d’Espagne qui est accueillie à Biarritz ; la reine Isabelle est enceinte de plusieurs mois ; son mari, le prince François d'Assise, ne fait pas bonne impression ; il en est de même de leur fils aîné le prince des Asturies. O’Donnell, duc de Tétouan, soldat heureux au Maroc, est un homme blond qui ressemble, fort peu à l’Espagnol classique. En leur honneur, on donne un diner de trente-six couverts ; on leur fait visiter Bavonne ; sur la plage, un feu d’artifice s'allume qui risque d’incendier l’établissement de bains, alors construit en bois il va sans dire.




Quelques jours plus tard, sur la terrasse de la Villa Eugénie, un grand diable aux cheveux roux, élancé et mince, à la mâchoire puissante, se promène amicalement avec l’Empereur en riant aux éclats de son rire dur : M. le Comte de Bismarck ! 

pays basque autrefois hôtel
VILLA EUGENIE BIARRITZ 1890
PAYS BASQUE D'ANTAN



A l’automne de 1862, il est venu pour la première fois au château de Compiègne : il y est très bien accueilli. Pour quoi en serait-il autrement ? Il n’y a alors aucune antipathie entre la France et la Prusse, tout au contraire. Sans doute celle-ci a-t-elle mobilisé sur le Rhin pendant que l’Empereur s'avançait du côté de Solférino ; mais, dans son ambassade parisienne, Bismarck a fort bien su dissiper ces nuages. Maintenant, il vient prendre congé ; son maître le rappelle à Berlin pour y devenir premier ministre. "Sire, je me plaisais tant en France", déclare-t-il à l'Empereur. "Vous y reviendrez", répond Napoléon III. Il fait l'effet d'un "bon dogue" ; Eugénie le trouve "plus causeur qu’un Parisien". Ce géant à la fois rude et aimable est un drôle de bonhomme. L'Empereur joue au palet avec le prince impérial ; plein d’adresse, son fils met le palet dans le trou. Se fiant à sa chance, l’Empereur joue à son tour sans regarder : lui aussi a gagné. "A vous, Monsieur de Bismarck", dit Napoléon III. Il serait habile de perdre. Mais Bismarck ne connaît point de ces finesses ; brutalement, son palet vient repousser celui du prince impérial. Le moment de se séparer est venu. "Il faudra venir passer une semaine ou deux à Biarritz", dit Napoléon. "Je n’oublierai jamais les bontés de Votre Majesté", répond M. de Bismarck. 




Maintenant, il est à Biarritz l'hôte de l'Empereur. Il a entraîné l’Autriche contre le petit Danemark ; à la Convention de Gastein, tous deux ont partagé les dépouilles. Mais la guerre des Duchés n’est qu'un préambule. Un jour ou l’autre, il faudra en venir à la guerre avec l'Autriche, qui matera l’Allemagne du Sud récalcitrante, qui fondera l’unité allemande par la Prusse. La France laissera-t-elle faire ? Toute la question est là. 




Voilà ce qu'il est venu chercher à Biarritz, voilà à quoi il songe en se promenant au long de nos plages, en compagnie de son molosse poméranien. Celui-ci se jette un jour, sur le petit chien d’un pécheur à la ligne ; ce dernier intervient et à coups de pied chasse le grand chien d'Allemagne. Bismarck grommelle ; le pêcheur riposte. Rentré à Anglet, Larrebat songe à mettre cette petite histoire en vers : c'est un libéral qui rime en effet en gascon dans les gazettes de Bayonne. Sur le moment, fut-il confus ou fier d'avoir rencontré M. de Bismarck ? L'un et l’autre à la fois sans doute. Toujours est-il que sa poésie, consacrée à cette historiette, se colore fortement des douloureuses rancœurs françaises d'après 1870."



A suivre...



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