LE CHÂTEAU D'ILBARRITZ EN 1912.
Le château d'Ilbarritz à Bidart a été construit entre 1895 et 1897 par Gustave Huguenin pour le baron Albert de l'Espée, héritier des fonderies de Wendel.
Voici ce que rapporta au sujet de ce château La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-
Luz, dans son édition du 31 mars 1912, sous la plume de Montaudran :
"Le château féerique d'Ilbarritz.
...A ses pieds, la plage s’incurve, en contrebas d’un étang poissonneux : l’ancien moulin de Larralde, transformé en usine électrique, y fait mouvoir ses turbines. De là montent les câbles qui, par le souterrain des boulangeries toutes proches, distribuent la lumière et la chaleur dans le château.
Les cheminements franchissent le ruisseau, déversoir intarissable du lac de la Négresse, qui traverse la propriété et jaillit enfin sur la plage. Ils escaladent le flanc nord de la colline ardue, zigzaguent sur les premières déclivités, bifurquent pour gagner le sommet : l’un, tout en degrés rigides, aborde directement la montée et court sur le castel ; le sentier couvert de gauche s’attarde à flanc de coteau, campe ses tournants aménagés en belvédères face au lac lointain et aux montagnes, rejoint obliquement l’entrée principale du domaine et se ramifie enfin vers la cour d’honneur, le pavillon chinois et les deux conciergeries de la grille d’entrée, dissimulée au détour d’un sentier fruste qui dévale sur la route de Bidart.
A l'angle du seul bois de châtaigniers du pays, le chemin couvert prend un raccourci brusque vers le château, sous un tunnel fermé aux bises hivernales, et débouche, entre les yuccas et les tamaris, au pied du castel, devant la porte monumentale des caves et des souterrains.
La masse du bâtiment écrase et stupéfie alors le visiteur. Tout est puissant et démesuré dans l’énorme édifice : ses cinq étages sur le front de mer, la superposition de ses vérandas, de ses balcons et de ses terrasses hautes, l'esplanade dallée de marbre où viendront, demain, atterrir les aéroplanes, sa toiture double et ses promenoirs, entièrement couverts d’auvents de bois, formant abat-jour sur les fenêtres...
A l'intérieur, c’est la féerie du marbre et du chêne, revêtant les parois, les plafonds surélevés, les portes massives, les chambranles trapus. Ici, c’est une cheminée taillée dans la Carrare et là, l'escalier monumental tout en chêne de Hongrie et dont chaque marche est sculptée avec art. Partout, des fenêtres doubles, dont les vasistas sont bordés de grosses lampes électriques : en hiver, l'air extérieur, chauffé au passage, renouvellera l'atmosphère des appartements sans la refroidir.
Ailleurs, après le vestibule, une cheminée à double étage permet au promeneur qui s'y adossera, transi sans doute par la bise, de se chauffer à la fois les pieds et... les épaules.
Chaque porte, massive, pesante, profondément moulurée, munie de serrures et de gonds en cuivre ciselé et doré, est l’œuvre d’un délicat artiste du bois. Des cheminées sculptées de huit mètres de haut, à colonnes cannelées et burinées avec maîtrise décorent de chêne ouvragé les murs en marbres multicolores.
Et nous voici déboucher soudain au cœur du château, dans l'énorme, dans la superbe salle de l’Orgue : Ici s’assoupit l'âme même de ce manoir de féerie, sa raison d’être, l'oeuvre d'art qu'il est chargé d'abriter de toute sa masse confortable et lourde.
ORGUE CHÂTEAU ILBARRITZ BIDART PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire