Cette organisation a été constituée par la fusion du Comité de Secours aux blessés et du Comité des Prisonniers de guerre. Ses ressources consistent dans l’apport des disponibilités laissées par les Comités dissous et auxquelles est venue s’ajouter une subvention de 1 500 francs allouée par le Ministre de la Guerre. Elles représentent tant en espèces qu’en nature (linge, denrées, etc) une somme de 34 000 francs environ et sont destinées à secourir les mobilisés qui, n’ayant pu trouver d’occupation à leur arrivée et contraints à un chômage de quelque durée, se trouvent dans une situation pénible.
Les secours, selon les intentions du Ministre de la Guerre, qui a le contrôle des opérations, doivent être généralement alloués en nature.
Les demandes font l’objet d’une rapide enquête et sont ensuite examinées par une commission présidée par le Maire et qui comprend MM. Blaise, Garay, Jaulerry et Miremont.
Près de 400 demandes ont été instruites jusqu’ici et leur examen a permis de se rendre compte que le nombre des chômeurs véritables était heureusement restreint. La plupart des démobilisés, en effet, reprennent après quelques jours de repos, la place qu’ils occupaient avant la guerre, certains n’hésitent pas à accepter une occupation quelconque en attendant de retrouver un emploi de leur profession, d’autres enfin ont pu être aidés par nous à trouver du travail.
Dans ces conditions, il a paru à la commission qu'elle pourrait être large dans l'attribution des secours. Mais on conçoit toutefois qu’avec le crédit limité mis à sa disposition elle ne puisse accueillir toutes les demandes, en accordant à tous les démobilisés indistinctement une allocation destinée uniquement à ceux qui sont éprouvés par le chômage.
En évaluant à 60 francs la valeur moyenne d’une allocation, les ressources du Comité lui auront permis de venir en aide à 600 mobilisés environ et quelque modeste que soit ce chiffre, il est cependant le témoignage de la vigilante sollicitude de la Ville pour les vaillants biarrots revenus dans leurs foyers après avoir longuement souffert et combattu pour le salut de la France.
Avec l’envahissement de la Belgique et du Nord de la France, de nouveaux devoirs s’imposaient aux régions épargnées par la guerre, devoirs d’humanité et de solidarité patriotique, qui furent noblement acceptés et généreusement accomplis.
Dès le mois d’août et de septembre 1914, de nombreuses populations terrorisées par les actes de cruauté et de barbarie dont elles avaient été les témoins et les victimes, fuyaient au devant de l’ennemi, abandonnant leurs foyers détruits, formant le long des routes et des chemins encombrés un long et triste cortège de misère et de désolation.
La France se devait à elle-même de les accueillir et de les réconforter et la Ville de Biarritz veut être prête à leur donner asile.
Sur l’initiative de l’administration municipale un comité est alors constitué. Il a à sa tête MM. Moureu, ancien maire, président ; Garay, adjoint, trésorier ; Hum-Sentouré, directeur d’école secrétaire. En font également partie : MM. le Docteur Laborde, Blaise, J. de Poliakoff, Emmanuel Labat, Soulange-Bodin, C. Gelos, Jaulerry, de Lainsecq, Couzain et Pedezert.
Un vibrant appel est adressé à la population. Les dons affluent. Plusieurs milliers de francs sont recueillis en quelques jours et un vestiaire important est créé au Syndicat d’initiative.
Le 10 décembre 1914, un premier convoi de 147 réfugiés Belges et Français, arrive à Biarritz. Il comprend 57 hommes, 28 femmes et 62 enfants, la plupart exténués de fatigue, affaiblis par les privations, dépourvus de tout.
On les conduit dans les hôtels retenus à leur intention. Ils y restent près d’un mois aux frais du Comité, puis on leur procure des logements ouvriers et des pensions de famille ; on reconstitue leurs ménages.
On accorde à tous les soins pharmaceutiques et médicaux ; on assiste les femmes en couches. On trouve du travail pour les hommes valides, on vote des indemnités pour les chômeurs, les vieillards, les femmes et les enfants. On les pourvoit tous de vêtements, de linge et de chaussures.
Pendant longtemps le nombre des réfugiés augmente sans cesse. Le Comité les accueille et les assiste. C'est ainsi que plus de 400 ont passé par Biarritz. Il a été dépensé pour eux plus de 80 000 francs provenant exclusivement de dons volontaires et il leur a été distribué pour 15 000 francs environ d'objets divers.
Mais aux réfugiés vont succéder les rapatriés.
L’Allemagne, après avoir déporté en grand nombre les habitants des régions françaises qu’elle occupe, s’est décidée à rendre les vieillards, les femmes et les enfants, ceux qu'elle ne peut contraindre au travail forcé et qui sont pour elle une charge inutile.
En Avril 1918, la Ville de Biarritz est informée de l'arrivée prochaine dans notre département de nombreux rapatriés d'Allemagne. Le contingent pour Biarritz est fixé à 400. Mais les logements font défaut et il reste encore à la charge du Comité 60 réfugiés de 1914. Les dispositions nécessaires sont prises aussitôt. On décide de créer sur le Domaine d'Aguiléra un véritable village pour lequel seront utilisées les maisonnettes préparées à destination des régions dévastées par les Allemands.
DOMAINE D'AGUILERA BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN
Un projet est dressé par les services municipaux et, à la fin du mois de Mai 1918, grâce à la généreuse activité de M. Larrebat-Tudor, soixante dix maisonnettes à trois pièces sont édifiées sous les grands arbres du domaine communal, ainsi que deux écoles, une pour les garçons et une autre pour les filles. Un autel même est dressé dans dans le vaste réfectoire qui fut autrefois la salle des fêtes du Country-Club. Des water-closets à double compartiment, avec eau abondante, sont installés dans trois secteurs différents. Les cuisines sont organisées dans la Villa, où l’on aménage également une infirmerie, une pharmacie, une salle de consultations et un dortoir isolé pour les malades atteint de maladies contagieuses. Au mois de juin 1918, 400 rapatriés se trouvent rassemblés à Aguiléra. Il en est qui partent ; d’autres arrivent et les remplacent. Tous reçoivent le meilleur accueil et s’en montrent satisfaits.
Sous les auspices de l’Administration municipale un Comité de Dames a été formé. Il a Madame la Baronne de Portalis à sa tête et il comprend Madame des Francs, Mademoiselle de Laborde-Noguez, Mesdames Emmanuel Labat, de St Pierre, Jardillier, la Baronne d’Arnouville, Soulange-Bodin, Blaise, de Lostalot-Bachoue.
Les Dames patronnesses, avec le plus gracieux dévouement, assurent à tous le réconfort et les consolations morales qui leur sont nécessaires.
Un important ouvroir est organisé sous la direction éclairée de Madame la Baronne de Portalis. Des quantités considérables de vêtements, linge, chaussures, sont régulièrement distribuées.
Ceux qui ont trouvé une occupation gardent pour eux le produit de leur travail. Ils pourront ainsi se constituer un petit pécule pour le jour où ils retourneront dans leur pays. Le Comité les loge, les nourrit, les chauffe, les habille, et les soigne gratuitement.
Pour une telle tâche, les ressources du Comité n’auraient pas suffi. L’intervention de l’Etat a été nécessaire et d’ailleurs l’Etat contrôle les opérations du Comité comme il contrôle les opérations de toutes les œuvres de guerre. Les dépenses depuis le début se sont élevées à 356 781 francs 51 et la participation du Comité a été de 100 000 francs, environ sans compter d’abondantes distributions de linge et de vêtements.
Plus de 700 rapatriés sont depuis un an passés à Aguiléra. Il en reste encore près de 200, mais il y a des départs chaque semaine, de sorte que bientôt aura pris fin la mission hospitalière confiée à la Ville de Biarritz.
Le Comité peut être fier de son œuvre. M. Moureu notamment, qui l’a administrée avec une paternelle bienveillance, une constante sollicitude et l’exactitude la plus consciencieuse, a droit à toutes les félicitations.
Il a d’ailleurs trouvé en ses collaborateurs immédiats, MM. Garay et Hum-Sentouré le concours le plus actif et le plus apprécié. Trésorier de l’œuvre, M. Garay s’est acquitté de cette fonction avec le même dévouement persévérant qu’il met depuis la guerre au Service de l’Administration municipale, avec cette simplicité et cette bonne grâce qui lui méritent toutes les sympathies. Quant à M. Hum-Sentouré, assumant avec le plus généreux désintéressement les tâches les plus ingrates et les plus difficiles, ne recherchant d'autre satisfaction que celle du devoir accompli, il a été comme toujours le bon et utile ouvrier d’une noble entreprise.
De telles manifestations de dévouement et d’abnégation sont à l'honneur de notre pays et contribuent à son bon renom. Le mérite en revient à ceux qui les ont accomplies et c’est pourquoi le Maire de Biarritz a le devoir de signaler à la reconnaissance de ses concitoyens les membres du Comité des Réfugiés et les Dames patronnesses de l’œuvre.
Mais cet exposé serait incomplet s'il ne rappelait pas ce qui a été fait en même temps concernant une œuvre similaire."
A suivre...
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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