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lundi 23 mars 2020

LE CHEMIN DE FER TRANSFRONTALIER ENTRE BAYONNE EN LABOURD ET SAINT-SÉBASTIEN EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1907


LE CHEMIN DE FER ENTRE BAYONNE ET SAINT-SÉBASTIEN EN 1907.


En 1907, de nombreux habitants se plaignent du service ferroviaire existant entre le Pays Basque Nord et le Pays Basque Sud.


ROUTE DE BEHOBIA A IRUN CHEMIN DE FER DES MINES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta, à ce sujet,  La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans 

son édition du 24 août 1907 :



"Un service Déplorable.



Il y a bien longtemps que tout le monde se plaint, bien inutilement d’ailleurs, de l’insuffisance des communications entre Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz et Saint-Sébastien. Depuis des années, chaque dimanche, une foule nombreuse passe la frontière pour aller visiter la belle capitale de Guipuzcoa ou pour assister aux courses de taureaux ou autres fêtes qui se donnent dans cette station. C’est par milliers, ces jours-là, que se comptent les voyageurs qui viennent répandre l’abondance parmi les populations espagnoles, et qui cependant se voient toujours traités avec un sans-gêne révoltant par les Compagnies de chemins de fer. 


GARE DE DEVA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

A l'aller, les trains sont déjà trop peu nombreux, surtout à partir d'Irun. Mais que dire du retour ! Deux trains seulement sont mis à la disposition des voyageurs, l’un à 6 h. 53 du soir, l’autre à 8 h. 17. Chaque fois, ces trains sont pris d’assaut ; on s’y entasse tant qu'on peut, heureux de n’être pas parmi ceux qui restent en panne ; on attend le bon plaisir de la Compagnie del Norte ; on effectue en quatre, cinq ou six quarts d’heure le trajet que l’horaire officiel prétend être de 15 à 30 minutes ; on manque généralement la correspondance à Hendaye, et l’on rentre fourbu à Biarritz ou à Bayonne, plus souvent à minuit qu'à 10 heures. 



Les voyageurs, les visiteurs de St-Sébastien se fatigueront quelque jour d’être ainsi traités et, pour peu que la presse française jette le cri d'indignation et pousse aux légitimes sanctions, nous verrons se produire la grève des excursionnistes, des aficionados, de ceux qu’on exploite et qu’on bafoue. 




J’ai dit que la Compagnie del Norte traite indignement les voyageurs et qu’il est temps que cela finisse. Soyons juste ; la Compagnie française a sa part de responsabilité par son imprévoyance et son insuffisante organisation. 




Quand un train espagnol arrive en retard, ne devrait-elle pas attendre les voyageurs, ou assurer leur transport par des trains supplémentaires en nombre suffisant ? 



GARE IRUN 1905
PAYS BASQUE D 'ANTAN

Mais aucune précaution n’est prise, et, pour comble, en citant un exemple récent, il est manifeste que certains employés font vraiment trop bon marché, non seulement du bien-être, mais aussi de la sécurité et de la vie des voyageurs. 




Dimanche dernier, 18 août, dès avant sept heures et demie du soir, les compartiments du train en partance pour Irun étaient pris d'assaut à St-Sébastien. Entassés dans des compartiments bas et sans air, sous une chaleur suffocante, les voyageurs attendirent jusque vers huit heures et demie le signal du départ. Il fallut plus d’une heure pour franchir les 17 kilomètres qui séparent St-Sébastien d'Hendaye. 




Le train 38, allant vers Bordeaux, et qui eût dû partir à 9 h. 28, avait attendu les retardataires et se mit en marche vers 10 heures seulement. Une locomotive de force moyenne tout au plus, y était attachée, et avait à remorquer une rame de vingt voitures dont un grand nombre étaient de lourds wagons à couloirs bondés de monde. 




Résultat : après 10 ou 15 minutes de marche, la locomotive n’en pouvait plus et s’arrêtait, nous laissant en panne à mi-chemin de Hendaye et de la halte d’Urrugne. Il fallut qu’un des employés du train allât à pied, à Hendaye, réclamer une locomotive de secours et les voyageurs subirent un arrêt forcé de près d'une heure. Pendant cette halte si malencontreuse, beaucoup d’entre eux étaient descendus du train, et s’étaient répandus sur la voie descendante et aux alentours. 




Cependant, ayant consulté mon indicateur, je constatai que l'heure était imminente où le Rapide numéro 13 allait passer à toute vitesse sur cette voie encombrée de monde ; le danger était d’autant plus redoutable que le tracé de la ligne fait une courbe, à cet endroit et que le train survenant ne pouvait être vu qu'à la dernière minute. 




Je fis part de ces observations à l'employé du train, qui, muni d’une lanterne à feux variés, revenait de la gare d'Hendaye ; je lui dis qu'il serait bon de prévenir le public du danger menaçant et de faire des signaux au Rapide pour qu’il ralentisse sa vitesse. "Les voyageurs n'ont qu'à ne pas aller sur la voie. Tant pis pour eux !" me répondit ce fonctionnaire, qui se désintéressa de tout. 




Circulant moi-même le long de la voie, je prévins diverses personnes du péril imminent. Et quand, à ce moment même, le Rapide apparut, venant sur nous à toute vitesse, ce fut un cri de terreur : "Sauve qui peut ! Sautez dans le talus !" Les uns se jetèrent entre les voitures du train en panne, d’autres dans le fossé de la voie. Le train était passé. L’on constata avec soulagement qu'aucun malheur ne s’était produit, mais on fut d'accord aussi pour estimer que le personnel de la Compagnie avait manqué à tous les devoirs qu’impose le souci de la sécurité des voyageurs. 




Nous signalons ces faits à l'attention des chefs responsables, espérant qu’ils donneront des ordres et des instructions pour qu’ils ne se renouvellent plus. 




Ajoutons, pour terminer, que l’on arriva vers minuit à Biarritz énervés, fourbus et indignés. 




P.-S. — Faut-il ajouter que quelques jours auparavant, le 15 Août, la machine poussive qui véhiculait ce même train de 6 h. 53, manqua de rendre l’âme à la rampe de Renteria. Le mécanicien eût la bonne idée de reculer, confine pour mieux sauter, puis de remonter et, après mille halètements d’impuissance, de redescendre la rampe infranchissable, répétant huit fois l'opération, durant une heure et quart. 




Comme la nuit noire arrivait, elle apporta aux délicieux fonctionnaires del Norte le bon conseil de revenir à Renteria pour y prendre une machine de secours. 




Ce que l'on fit.... Mais cette machine de secours ne fut autre que la locomotive même du train de plaisir des Bordelais, lesquels, à leur tour, restèrent une heure en panne, dans la nuit, à Renteria !"



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