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dimanche 15 mars 2020

L'HISTOIRE DE L'ADOUR AUTREFOIS (deuxième et dernière partie)


L'ADOUR AUTREFOIS.


L'Adour est un fleuve du Bassin Aquitain de 307 kilomètres, prenant sa source dans le massif pyrénéen du pic du Midi de Bigorre et se jetant dans l'Océan Atlantique, entre Tarnos et Anglet.

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L'ADOUR AUTREFOIS

 Voici ce que rapporta à ce sujet La Petite Gironde, dans son édition du 4 juillet 1941 :



"A propos des grands travaux d'intérêt national.




...Et les Bayonnais contre Louis de Foix




A l’égard de Louis de Poix, ce fut un revirement quasi instantané. Des braymans, régents des rouleurs de barriques, aux sortidors, représentants des déchargeurs de poisson, des mesureurs de sel au bergantinier et aux pilotes, et jusqu'au chirurgien de la peste, tous se liguèrent contre l'homme de qui jusqu'ici on espérait tout. De l'avis général, il fallait rompre au plus tôt le barrage, anéantir en quelques heures l’œuvre de plusieurs années. L’ingénieur tint ferme. La population excitée le menaça. Des énergumènes le molestèrent. Il s'en fallut de peu qu’on ne l’écharpât ou qu’on ne le précipitât avec sa monture dans les remous de la Nive... Ainsi vont les passions humaines.



LOUIS DE FOIX


Où la tempête intervient...



La situation de l’ingénieur du roi devenait de plus en plus critique, lorsque le vent intervint — coup de théâtre ! — en sa faveur...




De quelle manière ? En collaborant. Une formidable tempête s’éleva, qui fit se ruer les flots à l’assaut des ultimes amas de sables qui fermaient encore le nouveau lit, et l’Adour, au soir du 28 octobre de l’an de grâce 1578, date mémorable, l’Adour furieux opéra sa trouée, entra dans la mer au lieu précis que lui assignait Louis de Foix, — là même où nous le voyons aujourd’hui se jeter. 





Bayonne exulte et Maître Louis part pour Cordouan




Parmi les Bayonnais, second revirement. L’ingénieur, qu’on accablait la veille, on fut prêt à le porter en triomphe. Les fenêtres se pavoisèrent. Les cloches carillonnèrent. Le canon tonna. Le Chapitre, en la Maison Capitulaire, décida qu’une procession annuelle célébrerait cette journée du 28 octobre, fête de saint Simon et de saint Jude, lesquels pourraient désormais être considérés comme les protecteurs de la cité, au même titre que saint Léon. Le Corps de ville vota l’érection d’une table d’airain qui commémorerait le jour faste. On remit à Louis de Foix les dettes qu’il avait pu contracter à Bayonne durant son séjour. En outre des trente mille livres déjà versées, il en toucherait vingt mille autres, imposées sur-le-champ, sans compter un don de vingt mille écus, à prendre sur les terres bonifiées par le retrait des eaux, et sans préjudice des libéralités certaines du maréchal de Matignon...Louis de Foix se déroba aux congratulations. Ayant déposé ses instructions écrites pour le parachèvement des travaux et en vue des précautions à prendre à l’avenir, il prit sans tarder la route de Bordeaux, où l’appelait la construction de la tour de Cordouan, dont il voulait qu’elle fût son plus noble monument, — un puissant et magnifique édifice, orné de frontons grecs, de pilastres, de statues allégoriques dans le goût de la Renaissance, et qui porterait un feu à vingt toises de hauteur...


PHARE DE CORDOUAN


La légende du "Moisan".




De ce qui se passa alors dans les Landes, l’histoire (ou la légende) n’a guère retenu qu’un épisode : l’émouvante fin du galion le Moïsan qui, retardé par la tempête, ne put quitter à temps la rade de Port-d'Albret désertée par les eaux. Le navire s’échoua au milieu du bassin. Abandonné, le sable peu à peu le recouvrit, mais non pas l’oubli, puisqu'il existe dans la forêt actuelle, entre le Vieux-Boucau et Messanges, une dune qu’on appelle le "tuc" du Moïsan et sous laquelle on assure que se trouve enfoui le vieux vaisseau...


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L'ADOUR AUTREFOIS


Ultimes alternatives.




Mais il y eut d’autres péripéties fluviales. Coup sur coup, de vengeresses nouvelles parvinrent du Trossoat et de Bayonne aux Landais du Maremne et du Marensin : en amont du barrage, à l'endroit où le bac faisait traverser les pèlerins de Saint-Jacques — auxquels l’entrée de Bayonne était interdite par précaution sanitaire — un banc rocheux se révélait, affouillé par les eaux. Il traversait l’Adour dans son entière largeur, apparaissait même à marée basse, vers la rive droite, qu’il endiguait en partie. Aggravations consécutives : d’importants replis sablonneux se formaient en avant des roches...L’Adour avait feint d’obéir. L’impatience du vent et la patience des hommes, fortuitement conjuguées, l’avaient contraint. Mais en secret il comptait sur d’occultes complices, le sable mouvant, le roc immuable. Une barre s’établissait perfidement à sa bouche, mol traquenard tendu aux nefs prochaines...A l’allégresse première, déceptions et inquiétudes succédaient chez les Bayonnais. Et lorsque l’on résolut, au début de décembre, d’essayer la passe nouvelle, on vit un Michau de la Vic refuser net de prêter son galion pour le soumettre à cette épreuve.




Deux fois par jour, cependant, le flot de la mer, en même temps qu’il occupait en partie la rade d’Albret, reprenait l'antienne route du fleuve, deux fois par jour, le flot fidèle remontait jusqu’au Trossoat...Et il battait opiniâtrement la digue. Tandis que les travailleurs, mobilisés au port de la Nive, luttaient contre les marécages, le flot agissait. Il déchaussait les pilots, les arrachait, les rejetait comme autant de béliers. Des amas, de pierrailles s’éboulaient, des moellons remuaient. Le vent avait aidé les citadins. Il se mit à les desservir. Il chargea avec la flot, centupla sa violence. Une brèche s’ouvrit. Et quand l’eau de la mer commença de redescendre, l'Adour, par la porte béante, la suivit...En partie, seulement, mais salué, de Capbreton à Port-d’Albret, par combien de cris joyeux ! 

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L'ADOUR AUTREFOIS

Les Bayonnais laissèrent les choses aller un temps : l’échappée aurait peut-être un heureux effet sur les persistantes inondations... Elles n’en eurent point. L’Adour fuyait sans libérer les quartiers envahis. Il y eut de nouvelles réunions, commissions, délégations, discussions et décisions. Le Labourd offrit spontanément mille ouvriers. Ils fermèrent la brèche. Repris. l’Adour demeurait aux mains des citadins. Et c’en fut bien fini pour les Landes. Entre les longues dunes, au long de la longue forêt, il n’avancerait plus de galions ventrus ni d’imposantes caraques ; on ne verrait plus entre les pins toujours verts se profiler fustes, galiotes et galères, ni glisser les châteaux élancés des caravelles...




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