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samedi 21 mars 2020

LES ALLEMANDS EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1937


LES ALLEMANDS EN GUIPUSCOA EN 1937.


Avant le début de la seconde Guerre mondiale, les Allemands sont présents en Guipuscoa.




pais vasco antes guipzcoa
MARINA FONTARRABIE 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Ce Soir, dans l'édition du 30 mars 1937, sous la 

plume de Charles Reber :



"La frontière allemande est sur les Pyrénées.



Hitler fait fortifier les hauteurs de Béhobie, construire à Saint-Sébastien des hangars souterrains.




Loin de moi la pensée de médire de Biarritz qui est bien la perle du golfe de Gascogne ! Quoi de plus harmonieux que sa plage douce où écume l'Océan, quoi de plus romantique que les rochers de la Vierge ou ceux de la Chinagoue et quoi aussi de plus reposant que le promontoire d'Atalaze, d'où l'on découvre, à gauche et à droite, un panorama qui s'étend des Pyrénées espagnoles à l'embouchure de l'Adour ? Mais ceci dit, il faut rendre à César ce qui est à César et convenir que depuis que l'impératrice Eugénie a lancé sa plage, Biarritz n'a jamais cessé d'attirer dans ses murs les grands détraqués cosmopolites de notre décadence. Peut-être même que cela ajoute à son charme ! Le fait est qu'à tout instant, dans cette superbe avenue Edouard VII, où ont passé tous les puissants de la terre, l'on découvre des constructions bizarres où un gothique frelaté s'allie à un pur fin de siècle quand ce n'est pas à un romantique échevelé, pour former un mélange architectural à vous faire grimper le long des murs ! Au sommet de la colline, par exemple, un prince russe a fait construire, avant la guerre, un petit Kremlin à sept tours, dans chacune desquelles devait habiter une femme. Une pour chacun des jours de la semaine ! Un beau matin, le malheureux mit une fin spontanée à ses jours, ce qui était bien la conclusion de ses pensées. Et c'est l'usine à gaz qui a racheté le Kremlin pour y loger ses dactylos.

pais vasco antes guipuzcoa
CALLE MAYOR FONTARRABIE 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN

Un centre d'intrigues.




La tradition continue. Depuis la guerre civile espagnole, Biarritz est devenue la résidence et le rendez-vous de tous les grands d'Espagne qui prient pour la victoire de Franco, complotant au besoin contre le pays qui leur donne une généreuse hospitalité. 




L'été dernier, on y rencontrait, par exemple, M. Juan March, banquier des rebelles, l'homme qui pendant la grande guerre ravitaillait les sous-marins allemands dans la Méditerranée et qui fit ainsi une immense fortune ! M. Gil Robles, chef de la Ceda et pèlerin de Nuremberg, dont M. le chancelier Hitler avait escompté la victoire aux élections espagnoles de février 1936, s'y consolait de sa défaite. Le gouvernement de la République les a priés, l'un et l'autre, d'aller méditer sous d'autres cieux.


pais vasco antes guerra civil
JOAN MARCH ORDINAS



homme politique espagne franco
JOSE MARIA GIL-ROBLES Y QUIÑONES


Aujourd'hui, l'on y trouve M. Quinonès de Léon qui ne cèle pas son admiration pour MM. Hitler et Mussolini ; le duc d'Albe, qui fait de fréquents voyages à Rome et à Berlin ; le Conde de Los Andes, dont les relations avec les hitlériens sont si étroites que M. Salengro — n'était le maire de Biarritz— l'eût expulsé, M. Bertrand y Musitu, représentant de la haute finance allemande en Espagne, qui jouit de l'amitié du Führer et du Duce et dont le général Franco apprécie les renseignements. Nini de Castellane, celle-là même, qui finança le général Primo de Riveira qui lui avait juré de l'épouser et qui, maintenant, finance le général Franco et écoute à genoux, les larmes aux yeux et les mains jointes, dans sa chambre d'hôtel, les discours radiodiffusés du général Queipo de Liano ; et j'en passe.


homme politique espagne
CONDE DE LOS ANDES


Emissaires hitlériens.




Mon ami Jean, qui est d'origine basque et qui est né à Biarritz, me confie :


— Un jour de cet hiver, nous vîmes arriver ici deux Allemands. Quelques jours plus tard, ils étaient quatre. Les quatre de la Gestapo, si tu veux ! Ils commençaient à entrer en relations avec les émigrés de l'Espagne rebelle quand un léger accident leur survint. On les pria de repasser la frontière du Rhin, ce qu'ils firent sans tarder.




Jean me conduisit chez les pêcheurs de Saint-Jean-de-Luz et nous causons :


— Avez-vous déjà vu des navires de guerre allemands dans le Golfe de Gascogne ? demandai-je.

— Certainement. Ils croisent dans le golfe sous pavillon anglais. Nous avons même vu un de ces navires allemands, battant pavillon anglais, qui faisait des signaux optiques que l'on devait recueillir sur la côte ou dans les montagnes.




A Hendaye, des pêcheurs me disent :


— Là, juste au-dessus de Fontarabie, ils font des fortifications.

— Qui, ils ?

— Les rebelles. Mais ce sont des Allemands qui dirigent les travaux.*

— Et que dit-on à Fontarabie ? demandai-je.

— On dit qu'on fait ces travaux parce que les rouges français veulent envahir l'Espagne. Personne ne croit à ça, de l'autre côté, mais c'est le prétexte que donnent les rebelles.

— Alors tout le monde sait à Fontarabie que l'on fait des travaux de fortification dans la région ?

— Evidemment que tout le monde le sait, dit un pêcheur. Vous croyez qu'on peut cacher ça ?




Je tiens à préciser que c'est devant témoin que j'ai recueilli les déclarations de ces pêcheurs, déclarations que je reproduis textuellement.




Sur la Bidassoa.




Sans doute la vérité sort-elle de la bouche du peuple. Mais que se passe-t-il exactement dans les Pyrénées espagnoles ? Est-il vrai, ainsi qu'on l'a dit, que les Allemands y construisent des tranchées ?




Une personnalité fort bien renseignée de la région m'a mis de façon précise au courant de tout ce qui a été entrepris par les rebelles espagnols et les Allemands dans le Guipuzcoa.




La vérité, c'est que dans la chaîne des Pyrénées, à la frontière française, sur une distance qui s'étend approximativement du Pic de Vignemale à l'Océan, on construit en ce moment des fortifications. Entre le 5 et le 12 décembre 1936, on a remarqué à Béhobie que de nombreux camions, lourdement chargés de poutrelles de fer, de plaques blindées et de sacs de ciment, montaient très lentement la route du mont San-Marcial.




Ce que l'on a pris pour des tranchées, ce sont en fait des terrassements habilement camouflés, destinés à recevoir de grosses pièces d'artillerie, certaines montées sur rails. La colline de San-Marcial domine, comme on le sait, la rive gauche de la Bidassoa qui fait frontière avec la France. Un ancien fort s'élève à son sommet. C'est là qu'en août 1813, le général espagnol Manuel Freire battit la division de Reille. Un monument, inauguré en 1913, commémore cette bataille. En temps ordinaire, l'Ermitage du Mont San-Marcial est un but de promenade que l'on entreprend depuis Irun. Aujourd'hui, la route de San-Marcial est fermée aux excursionnistes !


pais vasco antes guerra
MONUMENT BATAILLE 31 AOÛT 1813 IRUN
PAYS BASQUE D'ANTAN



D'autres renseignements que l'on me donne, me permettent aussi de vous dire que les Allemands font des travaux du même ordre au Pic de la Haya ou Mont des Trois-Couronnes, qui s'élève à 823 mètres d'altitude. Du sommet de cette petite montagne, on domine toute la baie d'Hendaye.




Ce ne sont pas les seuls travaux entrepris, par des ingénieurs allemands, à la frontière française des Pyrénées — et dont il faut parler si l'on ne veut pas s'exposer à un cruel réveil. Il en est d'autres encore dans le pays basque.




Le petit village de Lasarte est situé à neuf kilomètres de San-Sébastien sur la ligne de Bilbao, dans la vallée large et bien abritée du Rio Oria. Lasarte possède un splendide hippodrome où se couraient autrefois les grandes courses de San-Sébastien, ainsi qu'un grand terrain d'aviation.




Or, sous la direction d'ingénieurs appartenant aux services du ministère allemand de l'Air, que dirige le général Gœring, on construit actuellement à Lasarte de grands hangars souterrains pouvant abriter de nombreux appareils de bombardement. Le terrain a été complètement réaménagé pour permettre le trafic des gros avions.





— Ces travaux et constructions, me dit-on, peuvent être considérés par la France comme une menace très grave pesant sur les régions méridionales.




Au port de Pasajes.




Les Allemands, toujours d'après les renseignements qui me sont donnés de la source la plus autorisée, ont aussi jeté leur dévolu sur le port de Pasajes, situé à 12 kilomètres de la frontière française et à moins de trente minutes de San-Sébastien.



pais vasco antes guipuzcoa
PASAJES GUIPUSCOA 1937
PAYS BASQUE D'ANTAN



La baie de Pasajes, formée par l'embouchure de l'Oyarzun et qui communique avec la mer par un étroit goulet entre deux hautes collines, s'étend de l'est à l'ouest sur une longueur de 2 600 mètres et une largeur de 360 mètres. Ce port, très bien abrité, a cet avantage d'être un centre de liaison avec l'Amérique du sud, notamment avec Rio de Janeiro, Santos, Buenos-Ayres et Montevidéo. C'est là que Lafayette s'embarqua pour la Guerre de l'Indépendance américaine et jusqu'à la guerre civile presque tout le commerce de Pasajes était entre des mains françaises.




Aucun doute n'est plus permis.




Les Allemands s'installent à Pasajes et y concentrent leur commerce. On m'assure qu'ils sont en train de fortifier les hauteurs environnantes. Déjà, ils ont concentré là toute leur exportation de collophane de la Péninsule. Faut-il des chiffres ?




En octobre, leurs navires ont chargé à Pasajes 399 783 kgs de collophane, en décembre 122 166 kgs, en janvier 1 million 570 819 kgs, en février 2 millions 584 066 kgs et dans les 11 premiers jours de mars 525 810 kgs. Une grande partie de leurs exportations de minerai espagnol est également concentrée à Pasajes.




Devant ces faits inquiétants, angoissants même, j'ai demandé :


— Quel plan le Troisième Reich poursuit-il ?

— Vous demandez quel plan poursuit Hitler ? m'a-t-on répondu. Celui-là même qui est tout entier exposé dans "Mein Kampf" : l'encerclement de la France, détachant d'elle la Belgique, et si possible l'Angleterre, puis la prenant à revers sur les Pyrénées. Après viendra l'isolement de la France, en lui prenant un à un ses alliés d'Europe Centrale. Hitler considérera alors que la France est mûre pour être battue — pour la revanche !"




(Source : https://www.herodote.net/ et WIKIPEDIA et https://www.euskaltzaindia.eus/)




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