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lundi 16 décembre 2019

LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE (quatrième partie)


LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE.


Maria Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, 19ème comtesse de Teba - dite Eugénie de Montijo - va connaître Biarritz, dès 1834, fuyant avec sa mère les remous des guerres carlistes.

imperatrice france eugenie biarritz
IMPERATRICE EUGENIE

Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 10 novembre 1932, sous la plume de René Cuzacq :



"Biarritz à sa naissance.




Les séjours de l’Impératrice.




La chaîne des bienfaits se continue sur place : à Anglet, il y a un saint homme, l'abbé Cestac, auquel il convient d'aller rendre visite ; plus tard, l’Impératrice léguera sa bibliothèque de Biarritz au Refuge qui la possède encore. 




pays basque autrefois reiigion
ABBE LOUIS-EDOUARD CESTAC

Voici quelques années déjà qu'un rocher célèbre est rattaché à la côte par une passerelle de bois : ne pourrait on y mettre un médaillon de la Vierge qu'offre une généreuse donatrice ? Finalement, c'est une statue de l’Exposition franco-espagnole de 1864 qui y est installée et inaugurée le 11 juin 1865. 




Un brave Biarrot s'est installé sur le rocher que nous appelons Belsa : il y plante tranquillement ses choux sans se douter de l'éclatante fortune réservée à ce coin de terre. A l’appel de l’Impératrice, çà et là, quelques villas commencent à s'élever : on ne saurait mieux lui plaire qu'en embellissant Biarritz. O merveille, sur ses traces, les baigneurs accourent ; ils sont 4 000 en 1859 ! Spécialement, il y a parmi eux beaucoup de membres de l'aristocratie espagnole que les convulsions politiques de la péninsule écartent de leur pays et qu’attire la renommée de leur compatriote l'Impératrice. Celle-ci veille jalousement sur son Biarritz : parle-t-on d’y installer un sanatorium d'enfants scrofuleux ? Elle repousse, pour Biarritz même, pareil "repoussoir". 




Le temps de Biarritz, c'est pour elle comme pour Napoléon III, le temps des vacances. On se promène toute la journée, on demande aux marins s’ils ont fait bonne pêche, on entre dans les boutiques pour faire soi-même ses emplettes, naturellement on "se baigne" aussi. C'est tout au plus si quelques intimes ont accompagné la famille impériale. Souvent Eugénie chemine aux côtés d'un prêtre au regard trouble et fuyant, son aumônier Mgr Bauer : jeune fille, elle l’a connu aux Eaux-Bonnes, où il était danseur mondain ; il traverse une crise de mysticisme ; elle l'engage à se convertir et il entre aux Carmes déchaussés où ses austérités dépassent de beaucoup celles d'une règle généralement connue pour son manque de douceur. Mais le "rabbin" comme l'appelle avec dédain la princesse Mathilde Napoléon, est devenu un Monsignore qui s'est installé à Paris près de l’hôtel Rothschild et porte des soutanes particulièrement élégantes : vainement il essaie de prendre barre sur l'Impératrice ; avec fureur, elle apprendra que Mgr Bauer s'est défroqué après 1870 ! 

religieux napoleon III
MONSEIGNEUR BERANRD BAUER

L’Empereur, comme toujours, se livre d'autre part à quelques escapades : les jolies filles du pays ne sont point pour lui déplaire ; il en résulte quelques naissances illégitimes. On a longtemps parlé notamment au pays landais d'un certain comte de Labenne qui ne détestait pas le bon vin et ressemblait étonnamment à Napoléon III. Il fait même venir une demi-mondaine. Marguerite Bellanger de son vrai nom Julie Lebœuf, dont il n'est pas le seul à partager les faveurs à la grande confusion de son mari. Eugénie, à Paris, va un jour trouver 1'actrice dans une scène assez drôle. 


actrice napoleon III
JULIE LEBOEUF DITE MARGUERITE BELLANGER

Ce sont là fredaines passagères. Tout le monde profite ardemment de Biarritz. La Côte Basque se dore aux rayons du soleil d'automne : on est arrivé en août ou septembre ; on repartira à la fin d’octobre ; en attendant, on prend du bon temps ! 




Sur le sable de la plage, le prince impérial, Louis ou Loulou, joue avec les camarades de son âge, ses cousins d'Albe, le petit Murat ou le petit La Bédoyère. Il a avec lui son bon chien, le braque Néron ; il monte à cheval en compagnie de sa mère. Un superbe noir à casaque rouge est souvent en sa compagnie, qui soulève une curiosité générale. Assez souvent sur son poney, Louis va en direction de la Barre. Un jour, il faut acheter pour lui plaire le mouton qu'un boucher va mettre à mort. Allant en voiture à Saint Jean de-Luz, il voit courir derrière les roues un enfant nu pieds auquel il veut jeter ses souliers et dont il faut remplir les poches de belles pièces d'argent. Habillé en petit matelot, il va souvent sur la mer. Voici qu'à Ciboure le canot mal dirigé heurte un rocher et coule. "N’aie pas peur, Loulou". dit l'Impératrice, elle même submergée par le flot. "On n'a pas peur, quand on s'appelle Napoléon", répond l'enfant. Sur le sable de Biarritz, l’Empereur participe gaiement aux jeux de son fils. Jamais l'Impératrice n'y consent ; tout au plus accepte-t-elle parfois d'être transportée dans une brouette. Elle élève d’ailleurs son fils de façon assez rude : tout au plus, à la fureur du docteur Barthez, lui fait-elle prendre en cachette quelques remèdes de bonnes femmes. 




Octobre cependant s’avance sur sa fin. Il faut regagner Saint-Cloud pour quelques semaines ; ensuite Compiègne deviendra au début de l'hiver le séjour de Leurs Majestés. Finies, les vacances ! 




Mais l’an prochain, on reviendra à Biarritz !"



A suivre...




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