L'HYGIÈNE À BIARRITZ EN 1908.
En 1908, la commune de Biarritz compte un peu plus de 16 000 habitants et est administrée par le Maire Pierre Forsans.
BIARRITZ 1908 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 6 septembre 1908, sous la plume du Dr. Long-Savigny :
"L’Hygiène à Biarritz.
Les diverses inspections sanitaires. — La protection de la première enfance. — Vaccination obligatoire. — Statistiques démographiques.
Il me reste maintenant à parler de quelques services d’inspection administrative intervenant d’une façon plus directe auprès des individus pour protéger, à divers titres, la santé publique.
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Ceux, tout d’abord, au sujet desquels cette intervention doit naturellement s’exercer sont les êtres qui seraient incapables de se protéger par eux-mêmes, les enfants du premier âge, — en particulier les nourrissons.
On place relativement peu, à Biarritz, les enfants en nourrice, et, comme cela arrive presque partout d’ailleurs, les enfants naturels fournissent sur le nombre un fort contingent. Les statistiques municipales de ces quatre dernières années montrent qu’en 1905, il y a eu, sur 309 naissances, 32 nourrissons placés, dont 25 hors de Biarritz. En 1906, sur 296 naissances, 31 nourrissons, dont 23 hors Biarritz ; en 1907, sur 282 naissances, 29 nourrissons, dont 22 hors Biarritz ; dans les sept premiers mois de 1908, sur 240 naissances, 22 nourrissons, dont 16 hors Biarritz, — soit une moyenne de 11 nourrissons sur 100 naissances.
En revanche, les statistiques des enfants nés hors Biarritz et placés en nourrice dans notre commune accusent : en 1905, un nourrisson ; en 1906, un nourrisson. Aucun en 1907 et 1908.
Ceci prouve que l’industrie de l’élevage des enfants, répandue dans les communes rurales, surtout aux environs des grandes villes, n’existe pas à Biarritz. Les familles pauvres trouvent en général d’autres occupations, plus facilement rémunératrices.
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Aussi le médecin inspecteur chargé de ce service n'a-t-il rien à faire à Biarritz. Et tout en souhaitant que sa surveillance s’exerce activement sur les communes environnantes du pays basque, où la puériculture se fait au petit bonheur, sans doute avec dévouement, mais presque toujours avec une ignorance absolue des règles de l’hygiène, faut-il désirer que ce contrôle ait de moins en moins l’occasion de s’exercer sur les enfants nés à Biarritz ; car la plus vigilante des inspections ne protégera jamais l’enfant comme le plus ordinaire allaitement au sein de la mère.
C’est dans ce conseil, incessamment répété, qu’est la véritable prophylaxie contre la mortalité infantile, surtout si, par les soins d’une administration soucieuse de réduire au minimum les dangers qui menacent la première enfance, on inculque à toutes les jeunes mères de famille, sous forme d’un exposé clair et concis, remis à la constatation de la naissance, l’indispensable notion des soins à donner aux nouveau-nés (alimentation, vêtement, pesées, sevrage, dentition, etc.) C’est là un vœu que j’avais exprimé, en me chargeant, il y a, une dizaine d’années, du service de l’état civil. Je persiste, à croire que cette mesure, facile à réaliser, rendrait les plus grands services.
Souvent, en effet, elle permettrait, en en supprimant par avance les causes, d'éviter les gastro-entérites, les diarrhées infantiles, qui, bien qu’avec une faible moyenne dans notre ville, enlèvent encore (le plus souvent faute d’avoir été prévues) des enfants de moins de deux ans. On en comptait 9 en 1905 ; 16 en 1906 ; 4 en 1907 ; 5 en 1908 ; ce qui donne une proportion moyenne de 4 p. 100 sur le chiffre des décès. Si faible que soit ce chiffre, je le répète, on peut arriver à le réduire, de telle sorte que de telles causes de décès ne constituent plus qu’un accident tout à fait anormal.
Une autre mesure, prophylactique concerne aussi, plus spécialement, les enfants du premier âge. C’est la vaccination, rendue obligatoire par la loi, mais dont l'organisation définitive, à Biarritz comme dans toute la France d’ailleurs, reste encore à établir, autrement que sur le papier.
La loi impose la vaccination à tous les nouveau-nés de 3 mois à 1 an, à tous les enfants de 10 à 11 ans, à tous les jeunes gens de 20 à 21 ans ; d’où la nécessité d’établir, dans les mairies, des feuilles spéciales de recensement de ces populations ; après quoi, invitation aux familles de soumettre leurs enfants à la dite obligation ; enfin, avertissements aux récalcitrants. C'est là un travail, mais il n’est pas impossible. Avec de l’énergie et de la persévérance, il se fera. D’autres pays y sont parvenus, et ils s’en sont bien trouvés. Ici, sur notre frontière d’Espagne, la législation aurait besoin d’être complétée par une mesure indispensable : imposer aux étrangers qui viennent s’établir chez nous, les obligations auxquelles nous nous conformons nous-mêmes, et ne délivrer le permis de séjour qu’après que toutes ces familles, grands et petits, auront passé par le vaccin.
En ce qui concerne la population française, la meilleure occasion de contrôler et d’assurer la vaccination me paraît être l’admission dans les écoles. Les Directeurs et Directrices du corps enseignant, tant privé que public, seconderaient puissamment l’application de la loi, s’ils exigeaient rigoureusement de toutes les familles qui leur amènent un enfant, à commencer par les écoles enfantines, un certificat du commissaire-vaccinateur. De même, la vaccination de 10 à 11 ans trouverait encore en eux ses meilleurs auxiliaires. Quant à celle de la vingtième année, il y a le régiment pour les garçons ; pour les filles, le jour où les chefs de maison ou d’atelier comprendraient l’intérêt général qu’il y a à s’assurer que le personnel qu’ils emploient n’est pas exposé à contracter la variole, le problème semblerait bien près d’être résolu.
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