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mercredi 9 juin 2021

LE CAPITAINE MAZON ET BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MARS 1910

LE CAPITAINE MAZON.


A sa mort, le 16 mars 1910, le capitaine François Mazon lègue à la ville de Biarritz un terrain de 8 000 mètres carrés pour en faire un parc.



pays basque autrefois parc biarritz
CAPITAINE FRANCOIS MAZON
BIARRITZ D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 27 mars 

1910 :



"Le Capitaine Mazon.



Voici un extrait du testament du regretté capitaine Mazon, qui lègue à la Ville la nue-propriété d'un terrain en partie bâti, d'une contenance de près de 8 000 mètres carrés : 


Ceci est mon testament :


Je lègue à ma sœur Marie Mazon...

Je lègue à Mademoiselle Victorine Lhonneur, en signe d’affection et de reconnaissance pour les soins qu’elle m’a prodigués depuis un grand nombre d’années : 

Premièrement.  — ...


Deuxièmement. — L’usufruit et jouissance pendant sa vie, de la Villa François-Mazon, que j’habite actuellement, ainsi que du terrain qui l'entoure des quatre côtés avec sorties sur les Avenues de la République et des Pyrénées par le prolongement de la rue des Ecoles, 

Après mon décès, s’il y avait un commun accord entre Mademoiselle Lhonneur et ma légataire générale et universelle, Mademoiselle Lhonneur pour rait quitter la villa François-Mazon ; mais, dans ce cas, ma légataire universelle aura l'obligation de lui servir, sa vie durant, en échange de l’usufruit qu'elle aura perdu : une vente annuelle et viagère de mille francs dont le service sera assuré par un titre de mille francs de rente 3 % sur l’Etat Français, à acquérir par ma légataire générale et universelle, au nom de Mademoiselle Victorine Lhonneur. 


Troisièmement. — Tous les meublants objets mobiliers, argenterie, linge, bijoux, denrées et généralement : 

Tous les meubles corporels quelconques qui garniront la villa François-Mazon au jour de mon décès, à l'exception cependant : ...

1° Et les tableaux que je vais léguer ci-après à la Ville de Biarritz, dont Mademoiselle Victorine Lhonneur, aura cependant la jouissance. . . . 


J'entends que tous les legs particuliers ci-dessus soient délivrés à mes légataires, francs et quittes de toutes charges et que tous droits et frais y relatifs soient supportés par ma légataire universelle. 


Je lègue à la Ville de Biarritz, pour commencer la création d'un Musée de Peinture : tous mes tableaux, peints par Adam, peintre de Marine, représentant une partie des navires à voiles et à vapeur et desquels j’ai été le Commandant. 



peintre france marines adam
PEINTURE DE MARIE EDOUARD ADAM


La Ville en prendra possession au décès de Mademoiselle Victorine Lhonneur, ou avant, si celle-ci veut bien s’en dessaisir. 


En outre, je lui lègue ma propriété, sise entre les Avenues de la République et des Pyrénées, ayant les entrées dans ces Avenues, et un terrain de dix mètres de largeur pour en faire une autre par la rue Jeanne-d’Arc, à la condition que la Ville y fasse faire un Grand et Joli Parc, lequel devra porter à perpétuité le nom de Parc Mazon. 



Ma légataire générale universelle jouira de la moitié du revenu net des maisons pendant sa vie ; elle les administrera elle-même ; elle distribuera l'autre moitié aux vieillards pauvres et infirmes de la Ville de Biarritz, à moins que sa position pécuniaire ne lui permette pas de le faire. 


A mon décès, la Ville devra commencer les travaux du Parc dans la partie sise au nord de l'allée qui met en communication les deux Avenues.


Après le décès de la survivante de : 

1° Ma sœur, 

2° ma légataire universelle,

3° Mademoiselle Victorine Lhonneur, 

la Ville devra faire démolir les maisons non utiles, pour l'agrandissement du Parc, mais cette démolition ne devra pas, toutefois, être effectuée avant l'expiration d'un délai de dix ans depuis le jour de son décès, de manière à laisser les vieillards pauvres et infirmes de Biarritz, profiter pendant ce minimum de temps du legs de revenu que je leur ai fait ci-dessus. 

Quant a tout le surplus des biens et droits, mobiliers et immobiliers, qui composent ma succession, sans aucune exception, je le lègue à ma nièce, Marthe Lahouze, épouse Dubarry, demeurant actuellement à Concepcion (Chili), que j'institue pour ma légataire générale et universelle. 


Je révoque tous testaments et toutes autres dispositions à cause de mort, que j’ai pu faire avant le présent testament : lequel sera seul exécuté, comme contenant mes dernières volontés. 


Fait et écrit de ma main à Biarritz le premier du mois de Juillet mil neuf cent sept, pour servir et valoir ce que de droit. 


F. Mazon.


pays basque autrefois fronton
FRONTON PARC MAZON BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Puisque nous avons l'occasion d'évoquer ici la mémoire de ce concitoyen, nous croyons opportun de reproduire le discours prononcé sur sa tombe par son ami M. Clerch : 


Mesdames, Messieurs, 


Il a fallu que la mort subite condamnât à jamais sa parole au silence infini de l'éternel repos pour que ceux qui ont connu de près le capitaine Mazon, pour que ceux qui, comme moi, l'ont aimé et honoré, aient conquis le droit de parler de lui, face à face, devant lui-même, et d'apporter à sa vie un hommage d'admiration bien mérité.


Vivant, il n'eut jamais permis que le bruit d'un éloge vint troubler sa profonde et sévère modestie. 


Ainsi que vient de le dire dans des termes si éloquents, tout à fait sentis, le représentant du peuple, M. Forsans, en sa double qualité de sénateur et maire de Biarritz, le capitaine Mazon appartenait à cette mâle et vaillante génération de marins biarrots qui bravèrent tous les dangers sur mer. 


Engagé dès l'âge de quatorze ans, il parcourut, une à une, les diverses étapes de la marine marchande et de l'Etat. Elevé au grade de capitaine, il déploya une science remarquable dans la direction des navires et lutta, parfois au péril de sa vie, contre les cyclones et les ouragans déchaînés sur l'Océan Indien. Sa conduite élogieuse et sa bravoure, en maintes circonstances, lui valurent une médaille d’or de la part de M. le Ministre des Affaires Etrangères de France et la haute décoration de commandeur du Portugal. 


Et lorsque l'heure de la retraite sonna, après quarante ans de services rendus à la navigations et, à la Compagnie des Chargeurs Réunis dont il fut, en dernier lieu, l’agent général à Rio-Janeiro, il vint demander à sa ville natale, à Biarritz, une hospitalité bienfaisante pour lui permettre de rétablir son état de santé sérieusement ébranlé par le climat meurtrier des colonies. 


C’est là, en face de la mer, au centre de la ville, où il s’estimait si heureux, entouré de l'affection soutenue de sa compagne dévouée, qu’il m'a été donné d'admirer l'idéal laïque et les nobles sentiments d’humanité, de justice et de correction du capitaine Mazon, travailleur infatigable, s'intéressant toujours aux situations malheureuses, ainsi qu'aux choses de la mer. 


C’est là, en sa modeste et hospitalière villa, où il prenait tant de plaisir à recevoir, ses amis, ses invités, qui trouvaient en lui un camarade sincère et sûr, avec qui il était si content d'engager une partie d'échecs, son amusement de prédilection, et à qui il rendait, avec générosité et désintéressement, amitié peur amitié, affection pour affection. 


C’est là, dis-je, en ma présence et au moment précis où il finissait de me donner un prochain rendez-vous, que la mort est venue, subitement, le surprendre et le ravir à l’affection de toutes les personnes qui lui étaient chères. 


Essentiellement bon et juste, il pratiquait scrupuleusement le culte du devoir et de la solidarité. Il cachait, sous un aspect froid, sous une enveloppe un peu dure, un cœur tendre, ferme et droit, secourable à toutes les infortunes, sensible à toutes les misères. 


Et maintenant, cher ami Mazon, puisque la fatalité a empêché le cordial rendez-vous que vous m’aviez fixé chez vous, permettez-moi de venir ici, publiquement, en mon nom personnel, au nom de votre compagne qui, durant quarante ans, a partagé vos joies et vos tristesses, au nom de tous vos parents et de vos nombreux amis, proclamer a mon tour, toutes vos vertus civiques, essentiellement laïques, qui vous caractérisaient et vous adresser un salut retentissant empreint des plus hautes marques d'admiration et de regrets les plus affectueux. 


Dormez, cher ami, le sommeil des braves ! Votre mémoire nous sera toujours chère et fidèle."









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