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jeudi 4 janvier 2018

INAUGURATION DU GROUPE SCOLAIRE À HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE LE 15 DÉCEMBRE 1924

EN 1924, ON INAUGURE À HENDAYE UN NOUVEAU GROUPE SCOLAIRE.

Entre 1901 et 1924, la population Hendayaise passe de 3 215 à 5 653 habitants et il devient nécessaire d'avoir de nouvelles classes pour les jeunes de l'école publique.

GROUPE SCOLAIRE
HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce qu'en rapporta la presse locale, et en particulier la Gazette de Bayonne, de Biarritz et 

du Pays Basque, dans son édition du 15 décembre 1924 :



"L'inauguration du groupe scolaire d'Hendaye.


"La municipalité ne reculera devant aucun sacrifice possible pour donner aux 500 enfants des écoles publiques une éducation rationnelle et de haute moralité ... Les maîtres, dans de nobles enseignements empreints d’un patriotisme éclairé, prépareront d’une main prudente et sûre l’avènement de la paix..." (Discours de M. Choubac, maire.)


Cette cérémonie qui mit en joie la population d’Hendaye et surtout la population enfantine pour qui ce fut un jour de grande fête eut lieu hier, par un temps favorable, au milieu d’une nombreuse assistance. 


C'est dans un site admirable, en face de l’agglomération principale de Fontarabie resserrée autour du clocher de l'élégante église espagnole; c’est sur le boulevard de la Plage, presque à mi-chemin entre Hendaye-Ville et Hendaye-Plage, non loin du Monument aux Morts -— grave et belle leçon pour la jeunesse — que s'élève ce nouveau groupe scolaire, construit par M. Huguenin, architecte. 


 

LES ECOLES - LA MAIRIE - LA PLACE
HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN


De la porte d'entrée et par la large baie qui, du vestibule donne sur la cour et les préaux, se découpe, comme une toile peinte par un grand maître, le prestigieux panorama de Fontarabie. Et cela suffirait seul à faire la beauté de la nouvelle construction vaste, bien aérée, claire et saine.


Aussi bien M. Huguenin s'est-il gardé d’inutiles et encombrantes fioritures et néanmoins ce triomphe de la ligne droite n'enlève rien à la coquetterie de l'ensemble. 



D’un côté, sur la droite, c’est l’école des filles, de l'autre l’école des garçons. 



Nous avons visité l'une et l’autre à la suite de M. Choubac, maire, et des invités. 



L’école des filles, on n'en sera pas surpris, avait été parée avec une grâce, une attention toute féminines. Ce sont des fleurs, des gravures, des tableaux, de jolis abat-jours aux couleurs vive s; ce sont des dessins d'élèves dont quelques-uns sont déjà remarquables ; des vases, de petits bibelots dont l’oeil caresse les contours, — toutes choses enfin qui font plus gaies encore ces salles vastes et éclatantes de blancheurs. 



Il faudrait, jeunes filles, être bien paresseuses ou bien dissipées pour n’avoir point le goût du travail dans une maison scolaire aussi joliment parée et n'écouter que d'une oreille distraite la leçon de vos institutrices qui ont voulu que tout soit, autour de vous, joie et ravissement. 



L’école des garçons est forcément plus sévère. Mais dans les mêmes salles blanches des gravures encore, des tableaux, des cartes neuves, des vues du Pays Basque et des autres régions, au-delà même des limites de la France, ont été apposés qui reposent les yeux et permettront aux élèves durant certaines leçons de mieux suivre l'enseignement du maître.



Avant la réception dans les nouvelles écoles, M. Choubac, maire d'Hendaye et les membres du Conseil municipal, avaient reçu leurs invités à la Mairie. M. Mireur, préfet, retenu à Pau, s’était fait excuser et avait délégué M. Billange, sous-préfet de Bayonne, pour le représenter. De son côté, M. François-Albert, ministre de l'lnstruction publique, pris par ses fonctions à ce point de n’avoir pu accepter l'invitation de la ville de Bordeaux, à assister à la pose de la première pierre du nouveau centre anticancéreux, avait demandé à M. Gaillard, inspecteur d'Académie, d’assister à sa place, à la cérémonie d’Hendaye. Parmi les autres invités on notait la présence de MM. Labrouquère, inspecteur primaire ; Garat, député des Basses-Pyrénées ; Martinet, directeur de la Foncière d'Hendaye ; le Commandant du "Grondeur"; Farge, inspecteur des Douanes ; Duprat, chef de gare ; Miguras, directeur des Ecoles françaises de Saint-Sébastien



RUE DES ECOLES HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il est onze heures lorsque le cortège en tête duquel marche M. Choubac, ayant à ses côtés M. le Sous-Préfet, M. l'Inspecteur d’Académie et M. Garat, se met en marche vers le nouveau groupe scolaire. 


Là, dans une allocution très fine, bien pensée et imprégnée d'un esprit pédagogique qui ne pouvait manquer d’animer son discours — car lui-même enseigna pendant longtemps et avec une rare conscience la jeunesse d’Hendaye — M. Choubac a dit la joie que ressentait la municipalité à voir cette oeuvre achevée dans des conditions qui remplissent si bien le but qu'elle s'est proposée pour le bien de la population hendayaise et pour la santé intellectuelle, morale et physique des enfants. Il a félicité les maîtresses et les maîtres; il a félicité l'architecte puis, après l’exécution de la Marseillaise par la fanfare eut lieu la visite des classes. 



On admira, on fut enchanté et la visite achevée on se mit en route — qui en tramway, qui en auto, qui à pied — vers Hendaye-plage où avait lieu le banquet. 



Nous voici donc en route par le boulevard  d’Hendaye qui, peu à peu, se garnit de constructions coquettes, somptueuses même, parfois, vers la plage d'Hendaye, elle aussi si jolie. 



A l'hôtel Eskualduna,  au milieu d'un site ravissant et face à la mer qui écume, arrêtée par la ligne des montagnes espagnoles, les invités de la municipalité et les souscripteurs au banquet se réunissent au nombre de cent cinquante environ. Dans une grande et haute salle du palace, des tables ont été dressées en fer à cheval. La table d’honneur est deux fois ornée de fleurs, puisque, des dames - les institutrices - ont pris place derrière d'autres fleurs que la Nature dispense généreusement à la Côte Basque.



Le repas fut excellement servi. C'était le maître-queux Séris, du Trinquet Moderne de Bayonne, qui s'en était  chargé. Il n'est pas besoin d'en dire davantage.



Cette assemblée autour de mets bien apprêtés fut amicale et gaie. Enfin, vint l'heure des toasts et c'est M. Choubac, maire, qui prit le premier la parole pour saluer les personnes présentes et exprimer ses regrets de l'absence de quelques autres - et parmi celles-là, en premier lieu : M. François-Albert, ministre de l'Instruction publique ; M. Mireur, préfet des Basses-Pyrénées ; M. Catalogne, sénateur, et le Recteur de l'Académie de Bordeaux, retenu dans cette ville par la cérémonie qui a lieu dans cette ville et dont nous avons déjà parlé.


Puis, le maire d'Hendaye fait l'historique de l'enseignement primaire dans cette ville. Il vante les succès obtenus par les instituteurs et les institutrices qui se sont succédé dans ces classes ; il dit leur dévouement, leur zèle et leurs connaissances.


Mais leur tâche était rendue plus ardue, par des locaux insalubres et insuffisamment vastes. Mais grâce à une municipalité comme la municipalité Vic, la commune put concevoir la construction du nouveau groupe scolaire dont la municipalité a poursuivi la réalisation depuis 1920. Les écoles ont été construites au milieu d'une nature admirable. Elles sont vastes, gaies et saines.


Après avoir rapidement fait une nouvelle description des bâtiments et en avoir montré les avantages, M. Choubac a ajoute que d’autres créations importantes vont compléter l'oeuvre d’une municipalité qui ne reculera devant aucun sacrifice possible pour donner aux cinq cents enfants des écoles publiques une éducation rationnelle et de haute moralité. Il a assuré le personnel enseignant de la sollicitude de cette municipalité qui élève les enfants dans les principes de la plus pure morale, dans un noble enseignement d'un patriotisme éclairé et qui prépare d’une main prudente et sûre l’avènement de la paix. 


M. le Maire d’Hendaye a terminé en levant son verre à la prospérité des écoles de la commune et à la République Française, rayonnante et généreuse. 


Après lui ont pris la parole MM. Bilange sous-préfet; Gaillard, inspecteur d'Académie; Martinet et Garat. La place nous est malheureusement mesurée et nous ne pourrons que résumer à grands traits chacun de ces discours. 



Le discours de M. Bilange.


M. le Sous-Préfet de Bayonne a d'abord dit que c’est l'honneur de la République de lutter contre cette plaie qu’est l'ignorance. Son enseignement repose sur la raison. "Il ne recherche pas, pour s’imposer la peur, la crainte et l'incompréhensible, dit M. Bilange. Il ne fait pas de différence entre les confessions. Il assure l'unité et la concorde nationales; la fraternité civique et la paix sociale. La République assure la liberté de conscience. Elle laisse aux familles le soin de l'éducation et de la religion. C'est pour cela que l'enseignement doit se garder d'être confessionnel : ce qui est vérité à Rome est mensonge à La Mecque. La République n'excommunie personne ; elle respecte toutes les croyances, comme elle respecte la liberté de penser et d’écrire." 


Puis M. le Sous-Préfet fait l'éloge des maîtres. Il rappelle leur belle conduite sur les champs de bataille, ainsi que celle de leurs élèves qui ont su nous donner la victoire. Après avoir salué MM. Garat et Martinet qu'il est heureux de voir à cette table, et qui mettent leur activité au service de la Côte et du Pays Basques, il lève son verre en l'honneur du Président de la République et du Président du Conseil.



Le discours de M. Gaillard.


M. Gaillard, inspecteur d'Académie, prit ensuite la parole pour se féliciter de voir "réunis autour de cette table tant d'amis de l'école laïque."


Il a dit combien il était heureux aussi de voir les anciennes écoles d'Hendaye devenues dignes d’un gouvernement qui place l’enseignement du peuple au premier rang de ses préoccupations. 


"M. le Maire, ajoute-t-il, vous nous avez gâté. Vous avez voulu que la ville d’Hendaye, située dans un site magnifique, nous donne ces belles écoles qui sont les véritables cellules de la Nation, où les enfants s'entraînent à être des citoyens à la raison grande et au coeur généreux qui maintiendront la France et la République dans les voies du progrès économique et social."



Le discours de M. Martinet.


M. Martinet a commencé par féliciter la ville d'Hendaye de ce que le Destin ait voulu que celui qui présiderait à l'inauguration de ses écoles fut celui qui était le plus qualifié pour cela.


Aux applaudissements de l'assistance, il fait un vif et délicat éloge de M. Choubac. Puis il examine la situation politique dans le canton et dans l’arrondissement, ce qui l’amène à faire aussi l'éloge de M. le député Garat. Il s’adresse à ses amis républicains et leur recommande ardemment de s'unir pour les batailles électorales futures, qui devront être pour lui, dit-il, des victoires. 


Ceux d'Hendaye ne manqueront pas de maintenir la réputation de cette vieille cité républicaine; mais c'est ailleurs, recommande-t-il encore, qu’il faut lutter et opposer à la préparation de l’adversaire la préparation républicaine. 


Il a conclu en portant un toast à la santé des républicains d’Hendaye et de l'arrondissement de Bayonne. 


Le discours de M. Garat.


C'est M. Garat, député, qui parla le dernier. Il excusa d'abord ses colistiers du 11 mai qui ne purent se rendre à cette fête. Puis, il parla de la cérémonie qui venait d’avoir lieu. 



Il rappela le mot de Danton : "Après le pain, l'instruction est le premier besoin du peuple." 



Il dit que chaque citoyen a droit à la vie comme a la dignité. Il a demandé pour les petits ce minimum de satisfaction, sans quoi un homme n’est plus un homme. Mais avant toute chose, il faut travailler au relèvement moral et intellectuel de l’homme. 



C'est dans cet esprit qu'il félicite la municipalité d'Hendaye et qu'il félicite M. Huguenin qui a réalisé cette belle œuvre. 



Puis, relevant l'allusion de M Gaillard aux fameuses "cellules", il dit que, fort heureusement, le communisme n'est pas un mal qui gangrène le Pays Basque. Le danger qu’on signale d'ailleurs, est, d'après lui, exagéré. Il n'en faut pas moins lutter contre les périls de gauche et de droite qui se conjuguent, dit-il, pour tenter de renverser le gouvernement républicain."...





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