HENDAYE EN SEPTEMBRE 1937.
Pendant la Guerre civile espagnole, Hendaye, ville-frontière, est aux premières loges du conflit.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Dépêche, le 25 septembre 1937 :
"L'Instruction de l'Affaire Troncoso est ouverte à Brest.
Les enquêtes se poursuivent à Bordeaux et à Hendaye.
Franco remplace son bras droit.
Le Consul Desmartis. Franco recule...
La mise en état de détention chez lui de M. Desmartis, consul de France à Malaga, a produit dans l'opinion publique européenne un effet contraire à celui qu'en escomptait Franco. Où il espérait des bravos, il n'a reçu que des sifflets.
L'opinion s'est cabrée et indignée devant le rapprochement fait entre l'arrestation du commandant Troncoso, saisi au collet par la justice française pour crimes de droit commun et celle d'un fonctionnaire à qui rien ne pouvait être reproché.
Comment se tirer d'embarras ? Si Franco décidait de rendre à M. Desmartis sa pleine liberté, son prestige était atteint.
Alors le généralissime de la félonie a trouvé un moyen de reculer sans le paraître, et il a fait adresser à la presse un télégramme ainsi conçu :
Salamanque, 24 septembre. — (Havas) : On déclare ici que les mesures prises contre le consul de France à Malaga ne se rapportent pas à l'arrestation, à Hendaye, du commandant Troncoso, impliqué dans l'affaire du sous-marin de Brest.
Elles seraient motivées, dit-on, par le fait qu'avant la guerre civile, le consul français entretenait des relations amicales avec des personnalités "rouges ".
Ce communiqué est encore plus bête que méchant. Malaga est prise depuis six mois. On n'inquiète pas M. Desmartis. Et c'est justement au lendemain du jour où Troncoso est mis sous clé qu'on se rabat sur notre consul, qu'on l'inquiète sous prétexte "qu'avant la guerre civile" il avait des relations avec des personnalités républicaines... de la République espagnole.
La machination est si risible que vraiment il ne vaut pas la peine qu'on la discute.
Franco ne sait plus que faire du consul français que son Queipo de Llano a consigné au quartier.
Ayons la charité de lui donner, dans son désarroi, un conseil utile.
Ce qu'il faut, c'est que le consul Desmartis soit libéré, et immédiatement.
La mise en demeure du Quai d'Orsay ne peut se satisfaire de faux prétextes, ni de mensonges, comme ceux, éclatants, que contient la dépêche de Franco et qui donnent une bien piètre idée de son intelligence.
Irun attend son nouveau gouverneur militaire.
Pau, 24 septembre. — A Hendaye, on confirme la nouvelle du remplacement du commandant Troncoso au poste de gouverneur d'Irun. Le nouveau chef militaire est attendu incessamment.
On ignore ce matin encore à qui le général Franco a fait appel pour succéder à l'animateur du coup de main de Brest. Quel que soit cet officier, il faut d'ores et déjà lui conseiller de méditer sur la mésaventure survenue à son prédécesseur.
La Garde mobile conserve ses effectifs renforcés.
Jusqu'à nouvel ordre les postes de garde mobile échelonnés le long de la frontière resteront avec leurs effectifs renforcés.
La nuit de jeudi à vendredi a été aussi calme que les précédentes.
L'enquête à Hendaye. Le rôle de Léon Pardo.
Hier jeudi 23 septembre, après les perquisitions connues, ont été interrogés Laurent Pardo, frère de Léon Pardo, réfugié en Espagne et Marguerite Pardo, épouse de Léon Pardo.
Empressons-nous de déclarer que Laurent Pardo est en dehors de toute affaire. Son interrogatoire a été de pure forme. Il était dans l'ignorance totale des agissements de son frère, Léon Pardo.
Marguerite Pardo a été longuement Interrogée. Rien n'a transpiré de ce qui a pu être dit ou recueilli au cours de cette formalité judiciaire.
Léon Pardo, âgé de 42 ans environ, est un sportif bien connu, qui était inscrit au parti social français dont il était devenu un militant actif. Il faisait de la politique depuis peu. Très énergique, enthousiaste, d'un raisonnement assez superficiel, il était sûr qu'il pouvait devenir entre des mains aussi expertes, aussi peu scrupuleuses que celles du trio Troncoso, Ibanez et Orendain, un instrument facile à manier, dont l'inconscience est certaine.
CHAIX ET TRONCOSO ET ORANDIN PAYS BASQUE D'ANTAN |
C'est le nommé Fernandez qui mit en contact Léon Pardo avec Troncoso et ses agents dès le début des événements d'Espagne.
La situation à Hendaye.
Dans un journal régional il était question, hier jeudi, d'un plan Mancini, qui prévoyait un envahissement possible du pays basque par des nationalistes espagnols et italiens, en coordination avec des éléments nationalistes français ; et ce, à la faveur d'autres terroristes qui auraient impressionné la population.
GENERAL ROATTA MANCINI |
Même méthode qui fut employée en Espagne pour son envahissement par des éléments étrangers.
Notre confrère décrit le plan avec tous ses détails et annonce même la date de sa mise en exécution : 8 octobre. On ne peut nier de certains événements connus et des renseignements recueillis à la bonne source jusqu'ici, la possibilité de ce projet criminel contre notre France.
Ce projet aurait été mûri et développé à Burgos aux approches du 14 juillet 1937. Un témoin oculaire dont les fonctions d'attaché à l'état-major de l'armée rebelle du Nord, fut stupéfait de la netteté technique avec force détails, d'un plan d'envahissement développé par deux généraux italiens présents à ce conseil de guerre.
Tous ces renseignements sont parvenus il y a environ vingt jours et communiqués immédiatement aux autorités qualifiées.
Depuis deux mois le passage clandestin d'armes allemandes et italiennes d'Espagne en France, tout au long de la frontière basque, expliquerait suffisamment la quasi certitude de l'existence d'un complot dirigé contre notre pays.
Découverte d'explosifs à Hendaye.
Hendaye, 24 septembre.
— Le commissaire spécial d'Hendaye a avisé la sûreté nationale à Paris que, dans un local qui avait été loué par José Gabarin, tué à bord du "C 4", on avait trouvé trois valises contenant des détonateurs, des cordons Bickford et des boîtes de fer blanc contenant, suppose-t-on, des explosifs...
Un employé du laboratoire municipal de M. King quittera Paris demain matin pour Hendaye, pour procéder à l'ouverture de ces boîtes.
Troncoso est toujours commandant en chef de la frontière du nord de l'Espagne.
Saint-Jean-de-Luz, 24 septembre.
— Une haute personnalité nationaliste a déclaré ce soir que les bruits qui ont couru sur la destitution du commandant Troncoso sont fantaisistes. Le généralissime ne prendra une décision que lorsque l'instruction ouverte à Brest aura donné des indications précises.
M. Sangroniz, chef du cabinet diplomatique du général Franco, a eu ce soir un long entretien avec les ambassadeurs de France et de Grande-Bretagne. On n'a pu savoir quel a été le sujet de leur conversation ; mais en sortant, M. Sangroniz semblait très satisfait de son entretien.
Le général Franco relève de son commandement le commandant Troncoso.
COMMANDANT TRONCOSO 1937 |
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