Voici ce que rapporta à son sujet J. Nogaret, dans le Bulletin du Musée Basque N°11 de 1930 :
"... Les Sault continuèrent à faire bonne figure dans le pays.
Le 4 janvier 1337, Edouard III d'Angleterre avait nommé Auger de Sault, bailli de Labourd. On trouve la même charge occupée, en 1413, par un gentilhomme de cette maison, Sauvat, qui la céda, le 29 Juin 1414, à Charles de Beaumont, avec l'assentiment du roi d'Angleterre, Henri II.
Vers 1415, Sauvat de Sault, seigneur de Salduya, épousa Domilia-Martinez, héritière de la seigneurie d'Urtubie à Urrugne. Un des trois fils de Sauvat se maria avec Teresa de Lescano qui, après sa mort, épousa un gentilhomme Navarrais Jehan-Ibañes de Mont-Real. C'est ainsi que les Mont-Réal devinrent seigneurs de Sault et c'est au château de Salduya que se fixa Mont-Réal, en 1497, lorsqu'il revint dans le pays, après 30 ans d'absence, en attendant la fin de son procès avec d'Alzate. Du reste, il ne la vit pas, car l'accord ne se fit qu'en 1540, lorsqu'une transaction intervint le 2 Avril de cette année, sur l'intervention de Charles de Gramont, archevêque de Bordeaux.
Onze ans plus tard, Jean de Mont-Réal épousa Isabeau de Domezain, héritière de la baronnie de Monein et des seigneuries de Beyrie, Domezain, Carresse et autres lieux. De ce mariage naquirent un fils, Tristan, et une fille, Aimée, encore en bas âge lorsque mourut leur père, laissant à sa veuve le soin de régulariser le différend pendant avec les Alzate. Ce résultat fut obtenu en 1574... et les deux familles scellèrent leur réconciliation par le mariage de l'héritier d'Urtubie avec Aimée de Mont-Réal.
... La seigneurie de Zalduya resta encore la propriété des Mont-Réal pendant près d'un siècle. Le 29 Janvier 1654, Jean-Jacques la vendit à Salvat d'Urtubie. Ce dernier était, depuis le 27 Juillet 1641, seigneur de Garro par suite de son mariage avec Marie de Garro, unique héritière de cette ancienne famille. Zalduya revint ensuite à sa fille Françoise qui épousa Laurent d'Ibusty, connu sous le nom de "chevalier d'Angleterre".
Laurent appartenait à une maison qui ne figure pas parmi les fiefs nobles du Pays Basque et cependant il est hors de doute qu'elle faisait partie de la noblesse. Elle apparaît au 14ème siècle à Greciette, petite localité formant actuellement un quartier de Mendionde. Un Ibusty a été commandeur de l'hôpital de Bonloc ; on en trouve d'autres entre 1610 et 1680 à Bayonne ; l'un était fabricien de la cathédrale, un autre lieutenant de maire, un troisième simple jurat, enfin on en trouve un quatrième comme maître de port. La famille avait donc à cette époque un certain lustre. Cependant elle ne continua pas longtemps la dynastie des seigneurs de Sault. Laurent d'Ibusty mourut jeune laissant sa femme, Françoise d'Urtubie, avec une fille unique, Françoise qui épousa le 10 Mars 1685, Jean-Baptiste de Saint-Esteben.
... La seigneurie de Sault avait érigée en baronnie peu de temps auparavant en même temps que celle de Garro. Dès son mariage avec Françoise d'Ibusty, Jean-Baptiste de Saint-Esteben porte en effet le titre de "baron de Sault". Il est très probable aussi qu'à cette époque, et sans doute à cette occasion, on reconstruisit ou on transforma le château, à en juger du moins par le style de l'édifice actuel.
Les seigneurs de Saint-Esteben étaient vicomtes sans qu'on connaisse l'origine de ce titre et avant leur alliance avec l'héritière de Sault. Gabriel, le fils de Jean-Baptiste, est désigné comme vicomte lors de son mariage avec une demoiselle Haraneder de Saint-Jean-de-Luz, en 1715. Sa descendance se continua jusqu'à la Révolution et fit alliance avec plusieurs familles basques, les Macaye, les Urdos, les Saint-Martin, les Duhalde, etc... mais aucun de ses membres n'a laissé de traces bien saillantes dans l'histoire.
On ne peut dire ce que devint la famille à la Révolution. Il est probable que, comme beaucoup d'autres, elle émigra. Si elle revint en France et s'est continuée, c'est sans doute hors du pays basque où elle est aujourd'hui tout a fait inconnue.
Quoiqu'il en soit le château ne semble pas avoir souffert de la tourmente révolutionnaire. Au commencement du 19ème siècle, il appartenait à la famille Diesse de Larressore qui le tenait, sans doute par achat, des Laffutzun descendants par les femmes de Saint-Esteben. M. Diesse le vendit, en 1840, à M. Ducasse, médecin militaire à Bayonne ; il passa ensuite aux Salaberry d'Ibarolle et, enfin, en 1895, à M. de Saint-Martin-Harriague qui a représenté, pendant longtemps, le pays au Parlement. M. de Saint-Martin-Harriague eut pour héritière Madame Dumont, sa soeur, propriétaire actuelle de l'ancien domaine des seigneurs de Sault.
Ainsi qu'il a été dit plus haut, le château primitif était dans la plaine, mais il a complètement disparu. Seules quelques traces de vallonnements permettent de fixer son ancien emplacement.
CHÂTEAU ZALDUYA HASPARREN BMB N11 1930
Le domaine de Zalduya au contraire est sur la hauteur ; il occupe un plateau de grande étendue descendant des flancs de la montagne pour tomber brusquement sur la plaine. Une belle allée de chênes relie au chemin conduisant à Hasparren les bâtiments d'exploitation. L'ancienne seigneurie de Sault forme en effet un beau domaine exploité avec des procédés tout à fait modernes. De grandes étables propres et bien aérées, d'immenses greniers, des granges bien comprises, des habitations confortables pour le personnel dénotent de la part de son propriétaire un souci évident d'assurer le bon fonctionnement de cette exploitation agricole en même temps que le bien-être de ses métayers dont les intérêts sont liés aux siens.
Non loin de là s'élève le château qui a remplacé, sans doute au 17ème siècle, l'habitation primitive et qui a été, tel qu'on le voit, la demeure des Mont-Réal, des Ibusty et des Saint-Esteben. C'est une construction fort simple comprenant un corps de logis à un étage entouré d'une terrasse à laquelle on accède par de beaux escaliers de pierre.
De ce point de vue s'étend sur les alentours immédiats, des coteaux verdoyants parsemés de nombreuses et blanches maisons au centre desquels s'étagent les divers quartiers formant le gracieux village de Hasparren. Plus loin apparaît la ligne ininterrompue des Landes s'étendant de la mer aux confins du Béarn. C'était une situation particulièrement agréable à l'époque où le château était habité, car il a cessé de l'être depuis longtemps.
... Depuis 1850, le délabrement n'a fait qu'augmenter et cependant on peut encore se rendre compte que ce fut jadis une belle et luxueuse demeure. Il suffit de parcourir ses chambres vides, ses corridors, ses vestibules ouverts à tous les vents et de comparer ce qu'elle est aujourd'hui au brillant passé qu'elle évoque, pour revivre, par la pensée, quelques-uns de ses beaux jours. Certaines pièces conservent en effet quelques vestiges d'une ancienne opulence. C'est la cas du grand salon de 14 mètres de longueur sur 7 de largeur avec un beau parquet et un plafond à poutrelles apparentes. Les murs sont couverts de panneaux de bois sculpté de formes et de dimensions harmonieuses et en parfait état de conversation. D'un côté ces boiseries sont coupées par une cheminée monumentale sur laquelle on remarque des moulages formant des armoiries qui n'ont pu être identifiées.
Dans plusieurs autres pièces on peut voir quelques restes de belles décorations et des encadrements de cheminées bien conservées ; mais ce qui rappelle peut-être le plus le caractère seigneurial de cet intérieur, c'est l'escalier, bel ouvrage de menuiserie avec de larges paliers et une rampe de bois travaillé qui lui donnent grand air malgré l'absence complète d'entretien.
Dans son ensemble, l'ancienne demeure des seigneurs de Sault conserve une belle allure, mais encore peu de temps et ces derniers vestiges d'une grandeur passée auront, eux aussi, à jamais disparu."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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