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jeudi 6 juillet 2023

LE CHÂTEAU DE SAULT À HASPARREN EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1930 (première partie)

LE CHÂTEAU DE SAULT À HASPARREN.


Cela fait plusieurs mois que je vous présente divers châteaux du Pays Basque.

Aujourd'hui, c'est celui d'Hasparren, en Labourd.




pays basque autrefois château labourd sault
CHÂTEAU ET ETANG DE ZALDUA HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN




Je vous ai déjà présenté les châteaux suivants : Urtubie (Urrugne), ArcanguesMaytie (Mauléon), 

BidacheHaïtze (Ustaritz), Beraün (Saint-Jean-de-Luz), Artigaux (Moncayolle), Lacarre

Irumberry (Saint-Jean-le-Vieux), Ahetzia (Ordiarp), Ruthie (Aussurucq), CherauteAhaxe

CharritteMenditte, Eliçabia (Trois-Villes), Elhorriaga (Ciboure), Larrea (Ispoure) Saint-Pée-

sur-NivelleMouguerre et Mauléon.



Voici ce que rapporta à son sujet J. Nogaret, dans le Bulletin du Musée Basque N°11 de 1930 :



"Château de Sault.



Le château de Sault que l'on peut apercevoir à l'extrémité d'un plateau, sur le flanc de l'Ursuya, près de Hasparren, est de construction relativement récente et ne remonte pas au delà du 17ème siècle. La première habitation des seigneurs de ce nom était plus bas, dans la plaine ; il n'en reste plus que quelques vallonnements, non loin de la maison Urrugnenia, près de la bifurcation des routes de Bayonne et de Cambo.



Ses premiers possesseurs connus appartenaient à une ancienne famille descendant, d'après la tradition, des ducs de Gascogne. Une branche possédait déjà, en 960, la vicomté de Sault de Navailles formant avec celle de Tartas et une partie de celle de Dax, le pays connu, depuis une haute antiquité, sous le nom de Chalosse.



On ignore dans quelles conditions exactement ces féodaux vinrent s'établir dans le Labourd. On a conclu de certains documents qu'Arnaud, fils de Fortaner, seigneur de Sault en Chalosse, avait épousé, vers l'an 1070, la dame héritière de Hasparren, ce qui explique qu'il ait fait partie de la cour du vicomte de Labourd tout en étant membre de celle du vicomte du Béarn.



D'après d'autres renseignements, à la fin du 11ème siècle, Arnaud de Sault aurait délaissé sa baronnie de Béarn, à la mort de son père, pour se retirer auprès du vicomte de Labourd, Bertrand qui lui aurait donné la seigneurie de Hasparren.



Quoi qu'il en soit, on trouve, au 13ème siècle, un petit-fils de cet Arnaud revenant à la seigneurie primitive où il est désigné sous le nom de Navailles et de Sault, tandis que son oncle restait en Labourd où il portait le titre de baron de Sault de Hasparren. 



A défaut de renseignements plus précis, on peut supposer que la famille possédant la seigneurie s'étant éteinte, le vicomte de Labourd, Bertrand, put ainsi en disposer en faveur d'un de ses parents ou amis. En effet si Arnaud l'avait eue par mariage, ce qui était le cas le plus fréquent, il n'est pas douteux qu'il aurait pris le nom de sa femme suivant la coutume du Pays Basque.



Une autre raison vient à l'appui de cette hypothèse. Le nouveau seigneur devait jouir de la faveur vicomtale puisque, en 1135, il faisait partie de la cour du vicomte et y était nommé le premier. Il eut donc, dès son arrivée, une situation privilégiée et ses descendants furent apparentés aux vicomtes avant de le devenir eux-mêmes. Plusieurs d'entre eux continuèrent des familles nobles en prenant le nom des biens acquis par mariage. On peut citer les Saint-Pée, les Haïtze déjà nommés, les Irrumberry et les Saint-Pée du pays de Cize.



Lorsque le Labourd eut passé sous domination Anglaise, les seigneurs labourdins se révoltèrent, mais la sédition fut vite étouffée par Richard Coeur-de-Lion. Soit qu'il n'y eut pas pris part, soit qu'il eut obtenu son pardon, Guillaume-Raymond de Sault succéda au vicomte Bertrand son oncle et, peu de temps après, il vendit, en 1193, au roi d'Angleterre, pour 3 680 florins, tous ses droits sur la vicomté qui fut rattachée directement à la couronne et organisée en bailliage.



Sans qu'on puisse préciser si ce fut avant ou après cet événement, Guillaume-Raymond apporta de grandes améliorations aux ouvrages de défense de la ville de Bayonne et l'on peut encore voir une tour qui port son nom ainsi que la rue dans laquelle elle se trouve.



Pour protéger l'entrée de la Nive et empêcher les navires ennemis de pénétrer au coeur de la cité, il construisit, près du confluent, deux tours reliées, pendant la nuit, par des clairevoies mobiles appelées "chaînes" et qui pouvaient fermer, en périodes d'hostilités, l'entrée de la rivière. Comme on le voit dans ces exemples, Guillaume-Raymond avait su acquérir la confiance du souverain anglais auquel il rendit du reste des services appréciables.



Le seigneur de Sault ne perdait pas de vue pour cela ses intérêts personnels. Lorsque Richard Coeur-de-Lion partit pour la croisade amenant avec lui la plupart des seigneurs labourdins, Guillaume-Raymond ne les accompagna pas et profita de leur absence pour augmenter sa fortune.



A cette époque le Labourd était une région à peu près inculte, avec de vaste solitudes et des forêts de grande étendue. Il construisit des habitations, donna de grands avantages à ceux qui voulurent s'y fixer pour défricher les terres et arriva, par ce moyen, à le mettre en valeur comme il ne l'avait jamais été jusqu'alors.



Mais les choses ne se passèrent pas sans difficulté et sans susciter des jalousies. Le chapitre de la cathédrale de Bayonne qui bénéficiait de la dîme dans toute l'étendue de la vicomté, la réclama des nouveaux bénéfices ainsi créés. Le seigneur de Sault prétendit s'y soustraire et il en résulta de longues discussions et des procès. Finalement le chapitre eut gain de cause ; la dîme fut payée ; mais Guillaume-Raymond n'en conserva pas moins des domaines étendus, source, pour quelque temps au moins, d'importants revenus.



On ne saurait conclure de ce qui précède que les Sault fussent des gens paisibles. Ils passèrent plutôt pour des hommes d'action toujours prêts à guerroyer tantôt pour la cause anglaise contre les Français, tantôt avec le vicomte de Béarn ou encore avec le roi de France.



La famille semble avoir été assez nombreuse à cette époque. Un de ses membres devint l'auxiliaire de Gaston de Béarn dans un démêlé avec l'évêque d'Aire ; un autre prit part à la campagne du roi d'Angleterre Edouard II contre les Ecossais : on en compte un troisième parmi les meilleurs officiers d'Edouard III.



Enfin plusieurs seigneuries du Labourd leur appartenaient, en particulier celle d'Ibarron dont Pierre-Arnaud de Sault avait épousé l'héritière. Mais, un demi-siècle plus tard, le petit-fils de ce dernier abandonna ses domaines à un de ses frères et revint à Hasparren où il obtint du roi d'Angleterre, le 14 Avril 1275, l'autorisation d'édifier un château avec "fossés, pont-levis et autres ouvrages pareils", ce qui laisse supposer que le premier n'existait plus. Ce qui est certain c'est que ce château était à la place du château primitif tombé en ruine et qu'il prit le nom de Zaldu-çahar, "maison vieille" lors de la construction du nouveau château.



12 ans plus tard, en effet, Guillaume-Arnaud, cousin du précédent, reçut l'autorisation de construire une maison fort qui prit le nom de Zaludya, "maison neuve" et fut édifiée sur l'emplacement de l'habitation actuelle. C'est la seule qui soit parvenue jusqu'à nous. Quant à la première elle disparut à une époque qu'on ne peut préciser, sans doute à la suite d'un événement tragique qui priva la famille de trois de ses membres à la fois.



pays basque autrefois château sault
CHÂTEAU ZALDUYA HASPARREN
BMB N11 1930



Le roi d'Angleterre connaissant mal le caractère indépendant des habitants du Labourd avait cru pouvoir disposer de cette province comme d'un fief à lui. Désirant récompenser les services d'un chevalier agenais, Arnaud de Durfort, il lui en donna, en 1338, la concession à perpétuité, pour lui et ses descendants.



Cette mesure porta au plus au point le mécontentement des Labourdins et lorsqu'Arnaud de Durfort voulut user des bénéfices et privilèges résultant de cette concession, il se heurta à une énergique résistance de la part des intéressés. Dans cette lutte Arnaud eut un auxiliaire en Pés de Puyane, maire de Bayonne qui, pour plusieurs raisons, haïssait profondément les Basques et ne perdait pas une occasion de le leur prouver. il ne tarda pas à en trouver une excellente.



Une charte du roi Edouard III avait concédé aux Bayonnais des droits sur les marchandises transportées sur la Nive entre Bayonne et le point extrême atteint part la marée. Pour les percevoir, le maire avait envoyé des hommes à lui au pont de Proudines situé un peu en aval de Villefranque, prétendant que le flot se faisait sentir jusque là.



Comme il fallait s'y attendre, les Labourdins protestèrent contre la mesure prise à leur égard ; ils se saisirent des agents bayonnais et les jetèrent à l'eau en leur disant ironiquement de vérifier si la marée montait aussi loin qu'ils le prétendaient.



Cet incident donna lieu à de cruelles représailles. Le dimanche 24 Août 1343, quelques gentilshommes labourdins étaient réunis chez l'un, au manoir de Miotz à Villefranque, à l'occasion de la Saint-Barthélemy, fête patronale du village. Pés de Puyanne en fut averti, se rendit sur les lieux avec une troupe d'hommes armés.



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24 AOÛT SAINT BARTHELEMY


... Parmi les victimes de cet acte inqualifiable, se trouvaient Guillaume Arnaud seigneur de Sault, bailli de Labourd, Auger de Sault son second fils, Martin d'Urtubie, Guillaume Arnaud de Sault seigneur de Saint-Pée et son beau-frère Sanche seigneur de Lahet.



Ainsi que l'écrit le chanoine, ce crime odieux envenima encore plus les querelles. Bayonnais et Labourdins furent, pendant des années, en état de guerre ouverte. Espain de Sault, ayant été nommé bailli à la place de son oncle, se livra avec les seigneurs d'Espelette et de Garro aux plus cruelles représailles envers les Bayonnais qui en arrivèrent à ne plus oser s'aventurer hors de leurs murailles. "Les Labourdins, est-il dit dans un rapport officiel, poursuivent à outrance ceux de Bayonne ; ils les dépouillent de leurs biens en sorte qu'ils n'osent pas s'aventurer au dehors ; les héritages suburbains restent sans culture et la ville entière est dans la désolation."



Pour mettre un terme à cette situation, le roi racheta, en 1357, les privilèges accordés à Arnaud de Durfort et le Prince Noir formula, peu après, une sentence qui régla les rapports entre Bayonnais et Labourdins et calma les esprits.




angleterre prince noir
EDOUARD DE WOODSTOCK DIT LE "PRINCE NOIR"



Quant à Pés de Puyane, ses excès le rendirent odieux à ses administrés eux-mêmes. Il dut quitter la ville ; ses biens furent confisqués et il mourut à Lescar, quelques années plus tard."



A suivre...



(Source : Wikipédia)








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