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samedi 15 juillet 2023

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1934 (seizième partie)

 


L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.


C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.



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ALEXANDRE STAVISKY


Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article 

sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 25 janvier 

1934 :



"Guébin est arrivé ce matin à Bayonne.

Le cas de MM. Bonnaure et Garat devant le comité exécutif du parti radical-socialiste. 


Ce matin, M. Guébin, directeur de la "Confiance Vie", contre qui M. d’Uhalt a lancé un mandat d’amener, est arrivé à Bayonne par le train de 7 heures 21. 



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M GUEBIN DIRECTEUR LA CONFIANCE
PHOTO AGENCE MEURISSE
AFFAIRE STAVISKY 1934

Un petit groupe ce journalistes attendait l’arrivée du train. 


M. Guébin est descendu accompagné de ses avocats, Me Kanoul et Me Ribet, du barreau de Paris, et de deux inspecteurs de la police judiciaire, MM. Lemaire et Charrat. 


Tandis que les deux avocats se dirigeaient vers le Grand Hôtel où ils sont descendus, M. Guébin et les deux inspecteurs ont attendu l’heure de la comparution devant le juge d'instruction, dans un petit café de la rue Port-Neuf. 


Le nouvel inculpé a été conduit à 9 heures au Palais de Justice, où ses défenseurs l’ont rejoint. 


M. d’Uhalt a reçu les deux avocats, mais il n’a pas procédé à l'interrogatoire du directeur de la "Confiance". 


M. Guébin est sorti du Palais quelques instants après y être entré. Toujours accompagné des deux inspecteurs, il est parti vers Biarritz. Pendant qu’il attendait dans les couloirs du parquet, Me Kanoul et Me Ribet entamaient avec M. d’Uhalt une discussion qui ne s’est terminée qu'assez tard dans la matinée. 


Le juge d’instruction n’a voulu recevoir personne et sa porte était rigoureusement consignée. 


Cet après-midi à deux heures, il procédera à l’interrogatoire de M. Guébin, et ce n’est que vers trois heures que l’on pourra être fixé sur l'issue de cet interrogatoire et des discussions de ce matin. 


On apprendra alors si le mandat d’amener lancé contre M. Guébin sera transformé en mandat de dépôt, ou si l'inculpé pourra encore bénéficier d’une liberté relative.


M. Guébin qui est un homme d'une assez forte corpulence, paraissait ce matin assez fatigué, mais tout à fait calme. 



Après l'arrestation de Cohen.


Mme Cohen a entrepris ce matin des démarches pour obtenir la permission d’aller visiter son mari à la prison. 


Nous croyons savoir que cette autorisation lui a été accordée. 



M. Guébin était complice de Stavisky.

Paris, 25 janvier. — L’envoyé spécial du "Journal" à Bayonne, dit que M. Guébin, directeur de la "Confiance", est inculpé de recel et d'escroquerie. 


L'interrogatoire de Tissier, ajoute cet envoyé, a, en effet, établi de façon indiscutable, qu’il était avec Stavisky et consorts à la source de l'escroquerie. 



Le cas de Bonnaure et Garat devant le Comité Exécutif.

Paris, 25 janvier. — Le bureau du Comité exécutif du parti radical et radical-socialiste, dans sa réunion du 24 janvier, sous la présidence de M. Edouard Herriot, s’était saisi du cas de M. Gaston Bonnaure, député. 



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DEPUTE GASTON BONNAURE
PHOTO AGENCE MEURISSE


Après avoir entendu les membres du bureau du comité radical et radical-socialiste du IIIe arrondissement de Paris, sans préjuger des décisions ultérieures de la justice, mais considérant que ce député a manqué à ses devoirs envers le parti, a résolu, à l’unanimité, de demander son exclusion au Comité exécutif, suivant les procédures réglementaires. 


Le bureau s’est également saisi du cas de M. Garat, et il a décidé de convoquer pour sa prochaine séance, le bureau de la Fédération radicale et radicale socialiste des Basses-Pyrénées. 



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JOSEPH GARAT MAIRE DE BAYONNE 


M. Ybarnégaray déclare... 

Paris, 25 janvier. — Interviewé par le "Petit Bleu", M. Y.barnégaray, député, a fait la déclaration suivante : " La Chambre ne refusera pas la commission d’enquête que je lui propose. Je tiens en réserve des arguments qui la convaincront.

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Où l'on voit l'Affaire Stavisky se développer de plus en plus.

L'arrestation de Henri Cohen "l'appréciateur" du Crédit Municipal.


On ne saurait dire que l’arrestation de Henri Cohen, "appréciateur", du Crédit municipal de Bayonne ait causé une surprise profonde dans cette ville, non plus qu’à Biarritz. 


Dès le début de l'affaire, on la prévoyait ; on était au contraire étonné que celui qui n’avait cessé de travailler aux côtés de Tissier et de Stavisky, à Paris-Plage n’eut rien à se reprocher. Mais le juge d’instruction qui est prudent et qui a un profond sentiment de la justice se gardait d’agir sans preuves. 


Ces preuves il les a eues hier. Et c’est alors qu’il a inculpé Cohen. 


Disons en passant, que M. d’Uhalt devenu depuis quelques jours d’une discrétion rare, non seulement n’avait pas laissé prévoir à la presse cette arrestation, qui pour n’être pas sensationnelle n’en était pas moins d’importance, mais encore n’en avait pas fait part à la fin de l’après-midi encore aux journalistes. C’est au hasard d’une rencontre sur les dernières marches de l’escalier du Crédit ou sur une communication venue de personnes bien placées pour être immédiatement informées que la nouvelle fut connue. 


On sait, en effet, qu’il devait être procédé, hier, à la vérification des gages déposés dans les caisses qui avaient été transportées, ainsi que nous l’avons dit, précédemment, des coffres du Crédit Lyonnais aux bureaux du Crédit municipal. 


Prenaient part à la vérification, ou y assistaient ; le juge d’instruction, évidemment, son greffier, M. Sicre, les appréciateurs du Crédit municipal de Paris, MM. Guidon et Pecquet, Tissier et son défenseur, Me Delmas, et enfin Henri Cohen. 


Les vérifications commencèrent à neuf heures du matin, et durèrent toute la matinée. Au moment où le magistrat se retirait, à 13 heures 45, pour aller déjeuner, il invita Cohen, à rester au Crédit sous la surveillance de deux gardes. Il lui fut apporté un en-cas pour lui permettre d’attendre le retour de M. d’Uhalt. 


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JUGE D'INSTRUCTION M D'UHALT
PARIS-SOIR 16 JANVIER 1934


Que s’était-il donc passé au cours de la vérification ? 


Quel fait probant avait amené le juge à prendre cette première mesure qu’une autre, bien plus sévère, n'allait pas tarder à suivre ? 


C’est qu’en ouvrant les boites contenant des bijoux appartenant à Alexandre, les experts du Crédit municipal de Paris, constatèrent qu’ils avaient sous les yeux des bijoux faux dont l'"appréciateur" de Bayonne avait accepté le dépôt comme étant des bijoux vrais. 


Premier coffret, portant sur l’étiquette une évaluation de 400 000 francs ; on y trouve des bijoux en toc, dont la valeur ne dépasse pas 1 800 francs.


Autre coffret, dont le contenu : perles, pierres, etc... avait été estimé à 600 000 francs ; on y découvre de ces perles fausses et de ces pierres de pure verroterie qui font florès sur les marchés en plein air et dans les magasins qui ne cèlent pas le peu de valeur de leur marchandise... En réalité, le tout valait bien 1 500 francs. Le Crédit avait prêté 500 000 francs. 


On ne trouva guère, paraît-il, que quelques émeraudes de réelle valeur. 


La preuve était suffisante que l'"appréciateur" avait mal apprécié. Et ce n’était pas sans doute à l’aventure.


Aussi, lorsqu’à 15 heures, M. d’Uhalt revint au Crédit municipal, il n’avait plus qu’une mesure à prendre. 


Un peu après 16 heures, Mme Cohen qui était venue, en pleurant, apporter ù son mari une valise contenant des vêtements et du linge quittait l’immeuble du Crédit, tandis qu’apparaissait un taxi qui. bientôt, emporta Cohen vers la prison. 


Celui-ci eut ce mot, paraît-il : "Ça y est, je suis fait !" et aurait dit encore en cours de route, aux agents qui le gardaient :"Je suis bien tranquille, je ne resterai pas longtemps ù la Villa Chagrin et, en tout cas, d'autres y viendront avant que je n’en sorte !" 


Voilà donc l'événement du jour à Bayonne


Par ailleurs, des sanctions ont été prises au ministère du Commerce. 


La présidence du Conseil a, en effet, communiqué la note suivante : 

"A l’issue d’une conférence qui a eu lieu à la fin de l’après-midi entre M. Camille Chautemps, président du Conseil, et M. Laurent Eynac, ministre du Commerce, au sujet du rapport établi par l’inspecteur général des services administratifs chargé de l'enquête au ministère du Commerce, les décisions suivantes ont été prises : 

MM. Delamarche, inspecteur général du crédit au ministère du Commerce, et Constantin, sous-chef de bureau au même ministère, sont renommés devant le Conseil de discipline. 

MM. Delamarche et Constantin cesseront immédiatement d’exercer leurs fonctions."



avocat journaliste homme politique ministre 1934
M LAURENT EYNAC
MINISTRE DU COMMERCE 1934



Ajoutons en terminant que la "délégation des gauches" de la Chambre des Députés, a rejeté la nouvelle proposition de commission d'enquête formulée par M. Ybarnégaray.



Comment Henri Cohen surestimait de faux bijoux.


Vers cinq heures hier après-midi le bruit courait, puis se confirmait, de la nouvelle de l’arrestation de Cohen, appréciateur des gages du Crédit Municipal. 


Certes la surprise ne fut pas profonde car, depuis le début de l’affaire, d’aucuns s’attendaient à cette inculpation ; cependant la discrétion extrême de M. d’Uhalt en ces derniers jours n’avait pas laissé soupçonner que l’événement serait pour aujourd'hui. 


D'ailleurs ce sont les circonstances immédiates de l’expertise des boites de bijoux qui décidèrent d’abord de faire garder à vue M. Cohen, puis de l’inculper au cours des opérations continuées pendant l’après midi. 


Les deux appréciateurs, MM. Guidon et Pecquet ont procédé au cours de la journée à l'examen de quatre boites contenant des gages perles et diamants que Cohen avait estimés à un million huit cent mille francs. Les experts n'ont pas tardé â s’apercevoir qu’il s’agissait de perles de culture et de bijoux de strass dont la valeur totale ne dépassait pas trente-neuf mille cinq cents francs. 


Le contenu de l’une des boites avait été estimé 600 000 francs ; le Crédit municipal avait prêté sur ces bijoux 500 000 francs. Les experts ont estimé que ce gage valait tout au plus 15 000 francs. 


Pour se défendre Cohen prétend que les bijoux ont été changés après son estimation, mais les enquêteurs démontrent au contraire que rien n’a été changé car M. Capdeville, magasinier, a formellement reconnu l'emballage qu'il avait fait et le cachet qu’il avait apposé lui-même. D’autre part, l'aspect des bijoux expertisés aujourd'hui répond point par point à la description établie par M. Cohen lui-même, le jour où il les a examinés. 


Cohen devait certainement s'attendre au résultat que produirait l'expertise, car il savait bien que le premier examen, qui avait porté sur trois gages, pris au hasard, n’avait été qu’un coup de chance et que l'examen méthodique et complet des gages devait révéler les fraudes dont il s’est rendu coupable ; aussi son arrestation n’a-t-elle pas dû le prendre à l'imprévu ; Mme Cohen, avertie, apportait en hâte une valise au Crédit municipal d’où Cohen sortit pour monter dans un taxi qui l'emporta à la Villa Chagrin."





A suivre...








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