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dimanche 30 avril 2023

LE CONGRÈS DU PARTI RADICAL-SOCIALISTE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN OCTOBRE 1936 (cinquième partie)

 


LE 33ÈME CONGRÈS DU PARTI RADICAL-SOCIALISTE À BIARRITZ EN 1936.


C'est officiellement, le 21 juin 1901, qu'est créé le Parti républicain, radical et radical-socialiste.




pays basque autrefois congrès politique
CONGRES DU PARTI RADICAL ET RADICAL-SOCIALISTE
DU 22 AU 25 OCTOBRE 1936 BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 22 octobre 

1936 :



"Le Congrès du Parti Radical-Socialiste s'est ouvert ce matin à Biarritz (suite).


"... L’Enseignement par M. Albert Bayet.



C'est un fait bien souvent constaté que les hauts fonctionnaires de la République sont, dans un grand nombre d’administrations, hostiles aux idées démocratiques et au régime même qu'ils sont censés servir. 


Cet état d'esprit s'explique parfois par des raisons particulières : ainsi c'est une sorte de tradition que les diplomates se recrutent parmi ceux qu’on appelle les "gens du monde" et qui sont communément de droite ; de même, il n’est pas rare que des fonctionnaires des Finances rêvent de passer au service des établissements privés, qui paient bien ; et cette ambition leur impose certaines attitudes politiques. 


Mais l'hostilité des hauts fonctionnaires à l'égard du régime est trop générale pour ne pas avoir une cause générale : cette cause générale parait être la façon dont ils sont recrutés et formés.


Actuellement, la formation des futurs grands administrateurs est confiée aux facultés de Droit et à l'école libre des Sciences politiques. 


Ce n'est un secret pour personne que la Faculté de Droit de Paris, qui donne le ton aux facultés de province, est, dans l'ensemble, nettement réactionnaire.


Depuis quelque temps, elle semble même acquise en majorité aux idées fascistes : on n’a pas oublié comment fut traité par ses collègues le professeur Jèze, coupable d'avoir défendu l’Ethiopie contre le gouvernement de M Mussolini. L'hostilité témoignée par la Faculté de Droit de Paris à un peuple qui avait juridiquement raison, qui défendait sa liberté, qui était faible, était manifestement contraire aux traditions généreuses de notre pays et à ce qui devait être l’idéal des gardiens du Droit. Seule, leur complaisance pour le fascisme explique leur attitude. Au demeurant, bien que les cours de l'Ecole de Droit ne soient pas publies comme ceux de la Sorbonne, on sait que l'enseignement du droit constitutionnel à Paris est l’occasion d’une critique permanente des institutions républicaines et de l’idéal démocratique. 


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EDOUARD HERRIOT
CONGRES DU PARTI RADICAL ET RADICAL-SOCIALISTE
DU 22 AU 25 OCTOBRE 1936 BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


A l’école des Sciences politiques, les tendances réactionnaires ne sont pas moins nettes : le fait que cette école est libre leur permet de s’affirmer plus audacieusement. 


Ainsi, par un paradoxe dont s’étonnera l’histoire, la République confie la formation de nos futurs hauts fonctionnaires à des établissements dans lesquels l'esprit républicain est objet de haine ou de sarcasme. Le résultat est que, quand le Front populaire a voulu, conformément au voeu du peuple, épurer les grandes administrations, les ministres ont bien vu quels étaient les chefs qu’il y avait lieu de remercier ou de déplacer, mais ils se sont trouvés bien embarrassés au moment de les remplacer.


Qu’un tel état de choses ne puisse durer, c’est l’évidence même : nul régime ne peut vivre s’il est combattu, ouvertement ou sournoisement, par ceux qui ont mission de le défendre. Les meilleures lois resteraient sans effet sur la réalité, si la République continuait à avoir contre elle Conseil d’Etat, Cour des Comptes, directeurs de ministères, préfets, hauts magistrats, diplomates. Il saute aux yeux que la République a besoin d’une administration républicaine. 



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33EME CONGRES DU PARTI RADICAL ET RADICAL-SOCIALISTE
DU 22 AU 25 OCTOBRE 1936 BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Reste à savoir quels sont les moyens pratiques de la lui donner. 


Déclarons d’abord nettement que, pour nous républicains radicaux, il ne saurait être question de toucher aux libertés universitaires. Les professeurs de nos facultés de Droit ont, comme tous les membres de l’Université, droit absolu à la pleine liberté d'opinion. Nous pourrions exprimer le souhait que, dans leur enseignement, ils respectent plus soigneusement la "neutralité". Nous avons également le droit d'exiger que la formation des jurys d’agrégation (notamment en ce qui concerne le droit public) n’aboutisse pas dans la pratique à la constitution d'une sorte d’orthodoxie réactionnaire. Mais nous ne songeons pas un instant à limiter, directement ou indirectement. la liberté des professeurs. 


Seulement, autre chose est d’enseigner le Droit aux futurs avocats, avoués, notaires, autre chose est de former les futurs fonctionnaires de la République. 


Si la première tâche incombe normalement aux facultés de Droit, elles n’ont aucun droit à revendiquer la seconde. 


A plus forte raison ne peut-on ad mettre que cette seconde tâche soit confiée à une école privée, à une école libre comme est celle des Sciences politiques. 


C’est pourquoi la Commission de l’Enseignement du Parti radical et radical-socialiste estime qu'en dehors des facultés de Droit et de l'école des Sciences politiques, doit être créée une école spéciale qui ait pour mission propre et exclusive de former les futurs hauts fonctionnaires et membres des grands corps de l'Etat. 


On peut concevoir cette école le type des écoles normales supérieures qui forment le haut personnel enseignant. Elle recruterait par voie de concours un nombre fixe de jeunes gens (et jeunes filles) de 20 à 25 ans. 


Le concours serait conçu comme un examen de culture générale. 


Une fois reçus à l'Ecole Supérieure d’Administration, les élèves se spécialiseraient et, à la sortie, ils se présenteraient soit au concours du Conseil d’Etat, soit à celui des Affaires étrangères, soit à celui de l’Administration préfectorale, etc... 



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CONGRES DU PARTI RADICAL ET RADICAL-SOCIALISTE
DU 22 AU 25 OCTOBRE 1936 BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Mais cette conception soulève deux objections graves : 

1° Les jeunes gens forcés, pour des raisons matérielles, de gagner leur vie de bonne heure, ne pourraient se présenter à l'Ecole Supérieure et se trouveraient ainsi exclus des hauts postes ; 

2° Les qualités personnelles qui font les bons chefs (autorité, humanité, tact, maniement des hommes) ne se discernent pas aisément chez de tout jeunes gens : or, ils sont aussi nécessaires que le savoir proprement dit pour la bonne marche des services publics. 


C’est pourquoi une autre solution paraît préférable. 


L’Ecole Supérieure d'Administration publique serait ouverte à tous les jeunes gens ayant exercé pendant sept ans au moins et dix ans au plus des fonctions dans une administration publique. 


Il serait tenu compte pour l'admission : 


1° Des résultats d’un concours qui serait un examen de culture générale ; 


2° Des notes professionnelles obtenues par les candidats. 


Une fois entrés à l’Ecole Supérieure d'Administration les élèves se spécialiseraient et prépareraient un concours de sortie déterminé, qui leur donnerait un brevet en vue d’une administration ou d’un des grands corps de l'Etat. 


Un enseignement commun serait donné à l’école même, qui porterait sur l’organisation générale de l’organisation républicaine et sur la morale professionnelle de l'administrateur républicain. 


Quant aux enseignements spéciaux, les élèves les recevraient dans les divers facultés, instituts et écoles publiques actuellement existants. 


Le gouvernement, sans imposer, directement ou indirectement, un orthodoxie politique quelconque, exigerait que les principes républicains : Droits de l’Homme, souveraineté du peuple, justice sociale, fussent enseignés à tous les élèves. 


Nul ne pourrait être candidat à l'E.SA.P. sans prendre l'engagement écrit de servir loyalement dans une des administrations de la République pendant dix ans au moins. 


Nul ne pourrait avoir accès aux hautes fonctions (dont un décret fixerait la liste) sans avoir obtenu un des brevets décernés par l'E.S.A.P. 


Les élèves qui n’obtiendraient pas un des brevets de sortie seraient réintégrés de plein droit dans les fonctions qu’ils occupaient avant leur admission, et le temps passé à l'E.S.A.P. compterait pour l’ancienneté. 


L’Ecole Supérieure d'Administration publique ainsi conçue ne chargerait pas le budget, puisque la plupart des enseignements nécessaires sont déjà donnés dans des établissements de l’Etat. Elle permettrait la formation républicaine des fonctionnaires républicains. 


C'est pourquoi la Commission de l’Enseignement du Parti radical et radical-socialiste soumet au Congrès le vœu suivant : 

"Le Congrès, 

Constatant qu’un trop grand nombre de fonctionnaires sont hostiles au régime et aux institutions républicains, dont ils devraient être les serviteurs ; 

Estimant que ce fait s’explique par la préparation défectueuse des futurs hauts fonctionnaires ; 

Emet le vœu que soit créée une Ecole Supérieure d’Administration publique qui forme, pour la République, une administration républicaine."



A suivre...












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