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samedi 29 avril 2023

LE "FEUILLETON" DE L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1934 (cinquième partie)

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.


C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.



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ALEXANDRE STAVISKY


Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article 

sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 12 janvier 

1934 :



"La journée d’hier à Bayonne a encore vu des confrontations. 

A l’instruction. - Au Conseil municipal.



Continuation des confrontations, continuation des arrivées "fraîches et joyeuses" des inculpés à la Villa Chagrin de Bayonne. 


En somme, pas grand'chose de changé hier dans la situation. Tissier continuant comme la veille d’accuser M. Garat, et M. Garat de récuser Tissier. 


Pourtant, on parle d'une nouvelle inculpation, grave dit-on, contre le député de Bayonne, dont la démission comme maire est maintenant un fait accompli. Ne préjugeons pas. 


Déclaration du juge d'instruction qui a son prix ; la lettre de Stavisky n'a pas été ouverte jusqu'ici, puisqu'elle a mise sous scellés et que c’est au juge d’instruction de Bayonne qu’il appartiendra de l’ouvrir. 


Enfin, pour clore ce compte-rendu schématique de la journée : trois lourdes questions posées par Me J.-C. Legrand, co-avocat de Tissier, à Camille Aymard, et qui mettent gravement en cause d'autres personnalités et des groupes politiques. 



De la prison au Cabinet du juge d’instruction. 



La confrontation entre M. Garat et Tissier s’est poursuivie hier après-midi à la prison de Bayonne, en présence de M. d’Uhalt, de M. Verlaguet et de Maîtres Delmas et Jacques Simonet, avocats des deux inculpés. 



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MAÎTRE DELMAS ET TISSIER
EXCELSIOR 24 JANVIER 1934


L'expert-comptable a continué à diriger l'interrogatoire en posant à chacun des inculpés des questions précises concernant la comptabilité et les diverses opérations du Crédit Municipal. 



Le rôle d’Alexandre et de M. Garat. 


La confrontation a permis de déterminer d’une façon très exacte le rôle qu'a joué Alexandre dans la création et le fonctionnement du Crédit Municipal. Elle a aussi permis de préciser le rôle de M. Garat dans ses relations avec Alexandre et dans les tractations faites auprès des Compagnies d’assurances, pour différer le paiement des bons venus à échéance. 


Nous croyons savoir que la signature de M. Garat figure sur certains livres officiels qui sont aujourd’hui entre les mains de la justice, et que les enquêteurs attachent une grande importance à ces signatures. 


D'autre part, la nouvelle selon laquelle le juge d’instruction serait en possession d’un document d’une très grande gravité semble se confirmer. Toutefois, M. d’Uhalt ne nous a donné aucune précision à ce sujet.



Tissier accuse toujours.


L’attitude de Tissier au cours de la journée d’hier, n’a pas changé. Il est toujours aussi affirmatif et aussi combatif. Il a apporté à ses allégations un surcroît de précisions qui ont paru ébranler le système de M. Garat. Ce dernier conserve d’ailleurs une apparence très ferme, et il continue à démentir les allégations de Tissier. 


Répondant à deux questions posées par l’un de nos confrères, le juge d’instruction et l’expert comptable ont dit que M. Garat a indiscutablement joué un rôle dans l’affaire et qu’ils ont la conviction de ne pas s’être trompés en l'inculpant. 



La lettre de Stavisky à sa femme n’a pas encore été ouverte.


M. d'Uhalt nous a donné quelques précisions sur le suicide de Stavisky, ou plutôt sur quelques opérations qui ont été pratiquées après son suicide. Le juge d'instruction de Bonneville a saisi dans la chambre de Stavisky deux valises et une lettre cachetée adressée à sa femme. Par commission rogatoire, le juge d'instruction de Bayonne a demandé que ces objets soient mis sous scellés et envoyés à Bayonne. Les informations parues dans la presse au sujet de la lettre de Stavisky à sa femme semblent donc être assez prématurées puisque seul, le juge de Bayonne peut ouvrir la fameuse lettre. 


Quant aux résultats de l'autopsie, ils ne sont pas encore parvenus au parquet de Bayonne


Darius interrogé.


Avant de procéder à la confrontation de M. Garat et de Tissier, M. d’Uhalt a interrogé Darius à la prison. Il ne s’agissait que d’un interrogatoire sommaire concernant l’identité et les antécédents du prévenu. Celui-ci a reconnu avoir eu déjà quelques démêlés avec la justice, au sujet d’affaires politiques, et aussi de chèques sans provision, mais il a protesté énergiquement lorsque le juge lui a demandé s’il n’avait pas trempé dans une affaire de traite des blanches. 


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PIERRE DARIUS DIRECTEUR JOURNAL BEC ET ONGLES
AFFAIRE STAVISKY 1934


On dit que Darius, qui parait avoir une grande expérience de la vie de prison, se plaint du manque de confort de celle de Bayonne qui ne peut, paraît-il, soutenir la comparaison avec celle de Fresnes, où les détenus bénéficient de plus d’aisance. 



Darius a été interrogé ce matin en présence de son avocat, Me Boucheron. 



Les perquisitions.


Cet après-midi, le juge d'instruction procédera à une perquisition au domicile de Tissier et à celui de M. Garat ; la perquisition se fera en présence de deux témoins, les inculpés ne devant pas y assister. Dans l’après-midi également, au Palais de justice, un magistrat délégué recevra les dépositions des membres du Conseil d’administration du Crédit Municipal. 



Les défenseurs.


Nous avons appris que les avocats chargés de la défense de Dubarry, étaient Maîtres Alfred Dominique et Pierre Level, du barreau de Paris. Camille Aymard a choisi pour défenseur, Me Fressange, du barreau de Paris, et Hayotte, Me Gabriel, du barreau de Paris, et Me Moreau, du barreau de Bayonne



La démission de M. Garat.


M. Simonet, adjoint au maire de Bayonne, nous a remis hier soir copie de la lettre de démission de M. Garat. Cette lettre, ainsi que les autres démissions reçues ces derniers jours, a été transmise à M. le Sous-Préfet qui a devant lui un délai d’un mois pour statuer. 


Si, à l'expiration de ce délai, le Conseil municipal n’a pas reçu de réponse, les demandes de démission doivent être réitérées par lettre recommandée et les élections complémentaires pourront avoir lieu dans les deux mois qui suivront l'arrivée de l'accusé de réception. 



Voici le texte de cette lettre : 


Bayonne, 8 janvier. 

Monsieur le Préfet, 


Victime d'une odieuse machination contre laquelle je m’élève de toutes mes forces, je proteste de mon innocence. 

Mais ma détention ne me permettant pas d’exercer mes fonctions de maire, j'ai l’honneur de vous remettre ma démission. 

Veuillez agréer, etc.., 

J. Garat. 



M. Garat, à la date du 8 janvier, faisait parvenir à ses collègues du Conseil municipal la lettre suivante : 

Bayonne, 8 janvier. 

Mes chers amis, 


Dans la terrible épreuve que je traverse, ma pensée va vers vous qui me connaissez depuis toujours. 

Je vous crie mon innocence en face des accusations odieuses dont certains veulent m'accabler. 

Je n'ai pas démérité de votre confiance et de votre sympathie ; en vous suppliant de rester calmes et unis, je veux évoquer mon long passé de dévouement et d'honnêteté. 

Ne doutez pas de moi. 

Mon innocence éclatera au grand jour de la justice. 

Fidèlement : J. Garat. 


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JOSEPH GARAT MAIRE DE BAYONNE 



Ce qu’en dit Me Pierre Simonet.


M. Pierre Simonet, premier adjoint au maire de Bayonne, a fait, à la suite de la démission de M. Garat, la déclaration ci-après : 


"Dès avant son inculpation, M. Garat avait décidé de se démettre de ses fonctions de maire. Sur l’insistance de ses amis, il a attendu quelques jours. Le 8 janvier, il m’a remis une lettre destinée à M. le Préfet des Basses Pyrénées, par laquelle il résignait ses fonctions. J'en ai fait part immédiatement à mes collègues du Conseil municipal et à mes collègues du Comité radical et radical-socialiste. D'un accord unanime, il avait été décidé que j’attendrais le cours des événements pour remettre cette lettre à la préfecture. 


Ceux mêmes de mes collègues du Conseil municipal qui avaient manifesté l'intention de donner leur démission mais ne l'avaient pas encore adressée avaient promis d'attendre le développement de l'instruction. 


J’ai appris hier, vers 20 heures, que trois d'entre eux, revenant sur leur promesse, avaient envoyé leur démission à M. le Sous-Préfet de Bayonne.


J'ai mis M. Garat au courant de ce fait. Il a insisté auprès de moi pour que, sans plus attendre, j’aille porter à M. le Préfet des Basses-Pyrénées la lettre écrite le 8 janvier. 


Quelque peine que j'en éprouve, j’accomplirai la mission dont m’a chargé mon ami Garat. 


Des élections complémentaires auront lieu. J’ignore encore dans quelles conditions elles se présenteront. 


Connaissant le bon esprit de la population, sachant avec quelle douloureuse surprise elle a appris les événements de ces jours derniers, je suis certain que tout se passera dans le calme, et la dignité, et que, dans les circonstances exceptionnelles que nous traversons, les partis feront trêve aux passions pour que le peuple bayonnais choisisse en toute sérénité les conseillers appelés à compléter l’assemblés communale. 


Des élections complémentaires sont à présent nécessaires à Bayonne. Le Conseil municipal doit, aux termes de la loi, être complété par une consultation des électeurs lorsque le nombre de ses membres décédés ou démissionnaires atteint le tiers du chiffre normal de conseillers municipaux. C’est maintenant le cas. Quatre décès étant survenus et six démissions s’étant produites au sein de l’assemblée communale, des élections complémentaires auront lieu à une date sans doute assez rapprochée." 



Un démenti formel de M. Chiappe




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JEAN CHIAPPE

La préfecture de police communique la note suivante : 


Une fois pour toutes, M. Jean Chiappe, préfet de police, déclare n’avoir jamais été en relations personnelles, directes ou indirectes, publiques ou privées, avec Stavisky, dit "Serge Alexandre". 


Au mois de février dernier, il a reçu en audience de service Stavisky, qui, renseigné sur les nombreux rapports de police dont il était l'objet, prétendait être victime de la partialité malveillante des services de la police judiciaire, et désirait porter plainte contre ces services. 


Cette audience dura deux minutes. Elle eut lieu debout. Le préfet de police invita Stavisky à lui adresser une plainte écrite, et l’informa que ses agissements continueraient à être surveillés. 


Huit mois après cette audience, Stavisky adressait effectivement au préfet de police une plainte écrite qui fut transmise et classée sans suite, aux services de la police judiciaire. 


Le préfet de police déclare en outre que la maison de santé du Gardien de la Paix n’a bénéficié sous aucune forme des libéralités de Stavisky. 



Ce que nous dit Me Jacques Simonet.


Hier soir, dans le hall du Grand Hôtel nous avons pu nous entretenir quelques instants avec Me Jacques Simonet, à qui nous avons répété les paroles de M. Verlaguet que nous rapportons d'autre part : "Il est indiscutable que M. Garat a joué un rôle dans les opérations du Crédit Municipal". 


Me Simonet nous a répondu que "M. Garat avait toujours été complètement étranger aux opérations du Crédit Municipal". 


Lorsqu'il eut connaissance que des bruits circulaient sur l’émission de bons irréguliers, il a nommé aux fins d’enquête une sous-commission composée de trois membres : MM. Durand, Desmarets et Périer. 


Quant à l’expert demandé au ministère du commerce, on sait qu’il n’est jamais venu. 


"M. Garat, nous a dit Me Jacques Simonet, a seulement signé des pièces comptables régulières." 


M Simonet nous a dit également qu’il croyait savoir qu'un nouveau chef d’inculpation serait relevé prochainement contre M. Garat, mais qu’il ignore encore ce qu’il sera. 



L’Evêché de Bayonne et l’Affaire.


La Bulletin Religieux publie la note suivante


Depuis plus de vingt ans, Monseigneur l’Evêque a défendu à toutes les maisons et à toutes les communautés religieuses du diocèse, de s’occuper de spéculation, à quelque titre que ce soit. Cet ordre a été exécuté. Il ne faut donc accueillir aucun des bruits que des imaginations fantaisistes ont pu lancer ces jours derniers. Pas un centime n’a été perdu par l'Evêché dans cette affaire. 


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MGR GIEURE EVËQUE DE BAYONNE





Le Bulletin Religieux n’a pas à prendre parti, on le devine. Quelle que soit la gravité de l'escroquerie et l’émotion qu’elle suscite, il n’a pas à publier d’information à son sujet ; il conseille à tous ses lecteurs de laisser faire la justice, tout en se méfiant des nouvelles que les esprits passionnés déforment ou même inventent."



A suivre...





Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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