DES GAULLISTES AU PAYS BASQUE EN 1941.
Après l'armistice du 22 juin 1940, est fondé en février 1941, par Marcel Déat, le Rassemblement national populaire, parti politique français fasciste et collaborationniste.
Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire fasciste et collaborationniste Rassemblement (du
15/06/41 au 5/10/41) , dans son numéro 2, le 22 juin 1941 :
"Contre le Gaullisme.
Pour une dictature de l'utilité nationale.
Hendaye, Juin.
La facilité avec laquelle le gaullisme recrute ici ses adeptes est déconcertante. Jamais je n'eus supposé que l'avachissement des esprits put atteindre a un degré aussi bas. Dans ces régions, les 95 pour cent sont — ouvertement ou sournoisement — contre le Maréchal sans trop savoir pourquoi.
A Paris — et ailleurs sans doute — on relève un pourcentage de gens à qui la défaite a appris quelque chose. Ne serait-ce qu’à se servir de leurs méninges pour réfléchir et raisonner leurs actes. Ici rien !...
Pourtant la côte basque — hormis quelques marchands de soupe — n’est redevable dans le passé d'aucune faveur spéciale aux Anglais. Elle n'en a pas plus à attendre dans l'avenir...
Mais Londres et ses satellites ne sont connus ici qu'à travers le mirage de beaux mensonges sur la fiction desquels chacun peut bâtir à son gré l’idéal qu'il lui plaît.
Le gaullisme, même pour ces cerveaux à vitesse réduite, c'est le rêve facile, égoïste... La folle du logis lâchée vers l'infini...
DESSIN HEBDOMADAIRE RASSEMBLEMENT 22 JUIN 1941 |
Peut-être, dans la sourde animosité que l'on témoigne envers la réalité présente, entre-t-il une grosse part de déception... Voilà de "barbares" Allemands qui ne brûlent plus les villes, ne violent aucune femme et jouent avec les gosses au lieu de leur couper les mains...
Que devient là-dedans toute la belle haine dont on a si longtemps embrumé ces esprits ? même ces esprits basques si calmes et posés ?...
Alors on est désemparé, dépité... On en veut aux Allemands de ne pas être tels que feue la ІІIe nous les avait montrés... Et malgré l'évidence on se cramponne au passé... Car, suivre le Maréchal, c'est avoir le courage de donner aux faits et aux paroles le vrai sens qui en découle... Chacun et chaque chose doivent reprendre leur place exacte et leur valeur réelle.
Ici, c'est trop réfléchir. Alors, par verrerie, on préfère la chimère... C'est plus simple.
Voilà donc où en est ce coin de notre patrie après dix mois d'armistice et de gazouilles vichyssois.
Ici, seul, le bobard est roi. Le ragot accommodé au goût du jour et de chacun...
En voici quelques échantillons :
Ce matin les journaux de Paris ne sont pas arrivés. C'est assez fréquent. parait-ii.
Mais la vendeuse a cru devoir me souligner :
— On ne sait pas ce qu'il se passe là-bas !
Car, moi qui arrivais en droite ligne de la capitale, j'ignorais que, depuis plusieurs jours, de sanglantes émeutes se déroulaient dans nos rues...
Drôle de marchande, d'ailleurs ! Dans sa boutique nombreux sont chaque matin les habitués... Ils déplient les journaux, les parcourent, émettent un avis, les replient et puis s'en vont... Sans en acheter aucun, bien entendu ! Mais comme usine à bobards et centre d'informations imbéciles c'est réussi !
AFFICHE POUR LA RESISTANCE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Quelqu'un m'a dit :
— Vous ne croyez pas que les Allemands emportent tout ? Allez voir à la gare.
J'y suis allé. J'ai vu un wagon de choux-fleurs et deux de pommes de terre. Mais ils arrivaient... Ils ne partaient pas.
Vous ignorez sans doute, à Paris, que le Maréchal a été récemment victime d’un attentat parce que le peuple en a assez d'être trompé ;
Que quatre divisions allemandes sont entrées, une nuit récente, au grand complet et en grand secret, en Espagne par le défilé de Roncevaux. C'est par Irun que les Anglais vont venir !
Qu'à Saint-Jean-de-Luz les plus jolies femmes ont été enlevées et expédiées en Allemagne.
Saint-Jean-de-Luz ; entrée du pont reliant à Ciboure. La flottille de pêche n'est pas sortie. Par groupes, les marins flânent le long du quai. 4 heures, soir.
Au centre d'un petit rassemblement, un homme en bleu pérore, à très haute voix. Il veut, ostensiblement, être entendu alentour. Si ce type-là est Français, ce ne doit pas être de longtemps...
— Pétain ? De quel droit prétend-il parler au nom de la France ?... A quatre-vingt-cinq ans. qu'il nous f... la paix ! Il a assez fait tuer de monde à Verdun... En Espagne, nous avons fait figure d'imbéciles devant Franco, grâce à lui... La France, c'est pas lui qui la fera...
Or, à trois mètres, exactement, l'agent de police de service au trafic écoute attentivement.
Puis un autre agent, cycliste et galonné, passe et s'arrête...
Il y avait insultes envers le chef de l'Etat et appel à la rébellion. Le tout sur la voie publique... Personne n'a bronché. Le délit était pourtant flagrant !
Biarritz. Un ami ; un vétérinaire ; a fait les deux guerres. Avant, doriotiste convaincu. Maintenant, attentiste sans le savoir.
— C'est exact, me dit-il, qu'ici tout le monde est pour de Gaulle. La cause ? Toujours les mêmes et avec les mêmes idées qui sont aux mêmes postes. Rien de changé !
AFFICHE POUR LA RESISTANCE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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