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vendredi 28 avril 2023

L'ENFANT AU PAYS BASQUE EN 1897 (cinquième et dernière partie)



L'ENFANT AU PAYS BASQUE EN 1897.


A partir de 1895, Mme Virginie d'Abbadie d'Arrast (femme d'Antoine) écrit plusieurs articles sur le Pays Basque dans le journal bimensuel La Femme.





pays basque autrefois aitatxi grand-père petit-fils
GRAND-PERE AVEC BEBE

Voici ce que rapporta à ce sujet le journal bimensuel La Femme, le 15 avril 1897, sous la plume 

de Mme d'Abbadie d'Arrast :



"L'enfant dans le Pays Basque (suite et fin).



Nous voulions apporter quelques arguments agrestes et de franc parfum aux apôtres des champs. Avons-nous rempli notre programme ? En tous cas, nous avons tourné notre étude vers les leçons que donne la nature et nous nous sommes abstenu, de propos délibéré, de parler de l'éducation des petits Basques sous le rapport des principes de la morale, des devoirs vis-à-vis des parents, du respect, de l'obéissance. Ces principes sont les mêmes chez les Basques que chez tous les peuples que les doctrines chrétiennes ont pénétrés de leur sève ; plus ou moins bien observés, plus ou moins puissants sur les âmes, ils se communiquent par tradition, ils se lisent dans les coeurs d'hommes à hommes ; ils ne se puisent pas au contact de la nature. Nous aurions quelques regrets de n'en avoir rien dit, si nous n'avions la bonne fortune de pouvoir réparer notre omission en publiant une poésie qui nous tombe sous la main d'une allure vraiment magistrale. Elle répond aux questions que l'on pourrait nous poser. L'auteur en est Pierre Dibarrart, le cordonnier de Saint-Etienne de Baïgorry, couronné plusieurs fois dans les concours de poésie des fêtes basques ; un cordonnier pour de vrai et un poète qui n'est pas décadent. Le concours avait lieu à Cambo l'année dernière, en 1896, le sujet était l'allocution d'un grand-père à ses petits-fils. On admirera la hardiesse des images, la belle ordonnance des pensées. Pour nous, nous ne saurions citer de meilleures et plus nobles paroles.



pays basque autrefois poète bertsulari
BERTSULARI PIARRES IBARRART
1838-1919


Allocution d'un grand-père à ses petits-fils.


1. 

"Nous voyons un homme devenu grand-père, 

Assis sur un escabeau, devant la maison ; 

Il a déjà établi ses enfants, 

Et c'est à son petit-fils qu'il parle.


2. 

La neige n'est pas plus blanche au sommet de la montagne, 

Que les cheveux qui couronnent sa tête ; 

Il est gai, néanmoins, et son langage est droit, 

Quel plaisir pour son petit-fils que de l'écouter !


3.

Le grand-père lui dit : Vous, mon enfant, 

Vous avez bien appris la loi de Dieu ; 

C'est seulement au sujet de la vie terrestre que je veux vous montrer 

Comment vous la pourriez rendre heureuse. 


4. 

Tous les jours ayez soin de prier Dieu, 

Soyez obéissant envers vos parents ; 

Ils ont le pouvoir de commander, 

Si l'on méconnaît cette autorité, adieu la vie paisible ! 


5.

Levez-vous lorsque paraît l'étoile matinière ; 

C'est la plus belle heure de la journée ; 

C'est alors que dans le bois s'élève le chant du faisan, 

Et que de dessous l'aile émerge la tête de l'oiseau. 


6.

Mettez-vous au travail dès que se réveillent ces volatiles ; 

La main-d'oeuvre matinale est la plus facile, 

Quelle joie sera la vôtre au lever du soleil, 

Lorsque le parfum des fleurs de la prairie frappera vos narines. 


7.

Quand vous serez à table avec vos camarades,

Soyez avenant et aimable ;

Faites que le pauvre honteux connaisse le rire,

Et que la joie renaisse dans son coeur !


8.

Gardez l'usage de la langue basque,

Il n'y en a point de plus belle sous le ciel ;

Telle que l'aigle chargé d'années au-dessus des papillons, 

La langue Heuskara plane au milieu des langues voisines.


9.

Les meilleures des femmes sont celles du pays Heuskara

Laborieuses comme l'abeille, aussi douces que l'agneau, 

Lorsque vous aurez dépassé les vingt ans, 

Regardez de près à l'une de celles qui aura ces qualités.


10.

Si cette année ne termine pas ma carrière,

Je vous montrerai les sauts basques ;

Bien que devenu grand-père, je ne les ai pas oubliés, 

Il vous faut les apprendre tous, si cela est en mon pouvoir. 


11.

Le grand-père commença, en chantant sur l'air des Muchiko

A cadencer sur la terre tous les pas de cette danse, 

Et il n'y eut de trêve que lorsqu'elle fut bien apprise ; 

Que la maison est radieuse avec un pareil grand-père ! 



pays basque autrefois danses mutchikoak
DANSES BASQUES MUTCHIKOAK



Du pays basque, on a dit avec raison que les enfants y savent danser avant de savoir appeler son papa, et sa nourrice. Et avec quelle grâce, quelle souplesse, quelle élégance, de petits garçons, à peine âgés de 7 ou 8 ans, se mettent à exécuter les pas et les sauts de la danse nationale aussitôt que sur la place du village ils entendent jouer sur une petite flûte l'air des Mutchiko que célèbre M. Pierre Dibarrart dans sa belle improvisation. Ces enfants ne semblent pas peser sur terre plus que des papillons et des oiseaux. Le grand-père s'est formé des élèves dignes de son art ; danse guerrière ou danse sacrée qui a été transmise fidèlement d'une génération à l'autre avec son caractère noble, imposant au danseur une tenue irréprochable, grave et hardie à la fois et lui donnant l'occasion de déployer une agilité extraordinaire, car le saut se multiplie à mesure que le rythme de la musique devient plus rapide et plus entraînant. Les jeunes garçons dansent le saut basque entre eux, ils doivent avoir les épaules effacées, le corps droit, la tête légèrement inclinée sur la poitrine, les regards fixés sur le demi-cercle qu'ils s'appliquent toujours à décrire et qu'il est défendu d'étendre ou de rompre."



(Source : literaturaren zubitegia - Piarres Ibarrart (armiarma.eus))





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