VENDREDI SAINT À FONTARRABIE EN 1932.
La Seconde République espagnole est proclamée à la suite des élections municipales le 14 avril 1931.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Figaro, dans son édition du 30 mars 1932, sous la
plume de Louis Daney :
"La saison à Fontarabie.
— Le premier vendredi saint de la République espagnole.
— A Fontarabie, la procession du vendredi saint n'a pas eu lieu...
Elle était cependant célèbre. On peut dire, sans irrévérence, qu'elle faisait partie des attractions de la Côte Basque. Il n'était pas un touriste en villégiature à Biarritz pour les fêtes de Pâques qui ne traversât la Bidassoa pour la voir. A quelques centaines de mètres de la frontière on pouvait se croire au cœur de l'Espagne.
Le pittoresque de la petite ville en gradins, où des vestiges du moyen âge atténuent d'un peu d'âpreté la grâce féminine du Guipuzcoa, favorisait l'illusion.
Malgré la Renaissance frivole qui lui enleva de l'austérité, l'église de Nuestra Señora de l'Asuncion conserve un peu de la hautaine beauté, très espagnole, que le onzième siècle scella autour de ses ogives ; et la Calle Mayor, avec ses vieilles maisons à balcons et à miradores, ornées d'écussons, fait devant elle un décor propice à des cortèges d'imageries saintes.
CALLE MAYOR ET EGLISE FONTARRABIE GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
De chaque côté de la rue étroite pendaient bannières, guirlandes, tapis et draperies. Les pierres saillantes faisaient des creux d'ombre qui, avec les ors et les pourpres flottant aux fenêtres, oscillant sur la foule en marche, donnaient à la lumière du ciel basque, presque pastellisé, les reflets du jour sévillan. Il y avait là, comme dans le Sud, une atmosphère moyenâgeuse de mysticisme primitif et de foi populaire dont la tiédeur moderne — après l'aridité luthérienne — a, malheureusement peut-être, débarrassé le catholicisme chez nous.
On conçoit que cette procession, chaque année, attire la foule. Les balcons sur le parcours se louent à prix d'or. Fontarabie regorge de monde ; les commerçants font des affaires et aubergistes et cabaretiers voudraient que la fête se renouvelât sans cesse.
Les organisateurs d'une caravane pascale de journalistes français et étrangers sur la Côte Basque ne pouvaient manquer d'inscrire, à leur programme la procession du vendredi saint à Fuentarrabia. D'autant que le trajet lui-même, de Biarritz à la frontière, la traversée de la Bidassoa, la vue sur la vallée et les monts que chanta Loti constituaient une utile illustration à la publicité de ce pays nuancé.
Hélas, les journalistes sont venus ; ils n'ont rien vu, ou presque rien.
La procession n'est pas sortie.
INTERIEUR EGLISE FONTARRABIE GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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