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samedi 1 avril 2023

LE "FEUILLETON" DE L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1934 (première partie)

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.


C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.



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STAVISKY


A partir d'aujourd'hui et pendant plusieurs semaines, je vais vous proposer tous les samedis un 

article sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.



Voici ce que rapporta à ce sujet  la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 9 janvier 

1934 :



"Stavisky est mort ce matin à 3 h. 15 Il a rendu le dernier soupir sans avoir pu parler


Chamonix, 9 janvier. 


Stavisky est mort ce matin à 3 h. 15 exactement. 



Vers 1 heure du matin, l’opération du trépan a été pratiquée avec succès par le Dr Fallet. 



Stavisky fut ramené dans sa chambre. A ce moment, la respiration et le pouls étaient satisfaisants et les docteurs Prallet et Agnel, qui veillaient au chevet du moribond, ont constaté vers 1 h. 45 que l’hémorragie était terminée. 



Ils ont alors décidé de tenter un dernier effort pour sauver Stavisky. lis se sont rendus dans une pharmacie pour y acheter des ampoules de sérum. Grâce à ces soins, un léger mieux s’est produit dans l’état de Stavisky, mais il a été de courte durée ; la respiration a diminué insensiblement, et, à 3 h. 15, après quelques spasmes, Stavisky a rendu le dernier soupir, sans avoir pu parler. 



Voix, et Lucette Albéras, après avoir subi un interrogatoire pendant la nuit, ont été remis en liberté surveillée, et sont descendus dans un hôtel de la ville. 



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VOIX ET LUCETTE ALBERAS
AFFAIRE STAVISKY 1934



Pendant toute la nuit, Chamonix a été très animé ; de nombreuses personnes se rendant à l’hôpital pour avoir des nouvelles de Stavisky, un service d’ordre a été organisé pour maintenir les curieux. 



"L'explication ne trompera personne", écrit le "Populaire"


Paris, 9 janvier. — "L’Humanité" et le "Populaire", paraissent avec d'énormes manchettes. 


Voici, à titre documentaire, celle du "Populaire" : 

"Stavisky est découvert la tête fracassée à coups de revolver, dans une villa de Chamonix ; la police affirme qu’il s’est suicidé au moment de son arrestation, mais l’explication ne trompera personne." 



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ARTICLE LE POPULAIRE
9 JANVIER 1934



Une perquisition chez M. Pigaglio ami de Stavisky.


Paris, 9 janvier. 

— A 16 h. 30, M. Garreau, juge d'instruction, accompagné de M. Barthelet, commissaire de police et de quatre inspecteurs, se sont présentés 1, rue Jean-Weber, à l’appartement qu'occupe, dans un immeuble de la régie immobilière de la ville de Paris, M. Pigaglio (et non Pitaglio comme on l'a écrit jusqu’à présent par erreur). 



En l'absence de l'intéressé, le magistrat et les inspecteurs ont fait sauter la porte de l'appartement. 



Les magistrats ont saisi une correspondance assez volumineuse. 



Une déclaration de M. Pigaglio.



Or, à la fin de l'après-midi, M. Pigaglio s’est présenté spontanément à la Sûreté, accompagné de son défenseur, M. de Porter, avocat à la cour. Il tint à préciser aux journalistes qui l’interrogèrent qu'il n'a jamais appartenu à la rédaction de "La Volonté", mais qu'il était le représentant dans ce journal de Stavisky, avant que celui-ci ne rompit son contrat avec M. Albert Dubarry. 



M. Pigaglio précise le rôle qu'il a joué dans la fuite de Stavisky.



A la Sûreté générale, M. Pigaglio a déclaré que le samedi 23 décembre 1933, il reçut un coup de téléphone de "M. Alexandre", qui lui demandait s’il irait passer ses vacances, comme chaque année, à Servoz. Sur sa réponse ferme M. Alexandre lui dit : "Je pars avec vous" ; et le 24, ils quittaient Paris en automobile. Ils couchèrent, en cours de route à Fontainebleau, et le 25 ils repartirent en direction de Dijon. Mais, vu l’état de la route, ils s’arrêtèrent à Laroche, et ils prirent le train pour Saint-Gervais-le-Fayet. Arrivés là ils se dirigèrent sur Servoz, où M. Pigaglio avait une villa, mais il ne put la louer à "M. Alexandre", car le chauffage centrai marchait mal ; et il alla louer, en son nom personnel une villa appartenant à Mme Dussaix. 



Puis M. Pigaglio quittait Servoz le jeudi 28. C’est à son arrivée à Paris, dit il, qu'il apprit seulement le mandat lancé contre Serge Alexandre-Stavisky. 



M. Pigaglio repartit aussitôt pour Servoz et alla trouver "M. Alexandre", à qui il apprit le mandat qui était lancé contre lui et qu'il ne pouvait plus le garder dans la villa qu’il lui avait louée. Stavisky, qui paraissait très fatigué, lui annonça qu’on ne l'aurait pas vivant, et tout en causant, il jouait avec un pistolet. 



M. Pigaglio regagna Paris le lendemain en lui déclarant qu’il ne le dénoncerait pas. 



Les relations de M. Garat et de Stavisky étaient fréquentes.


Paris, 9 janvier.

 — M. Ordonneau, juge d’instruction, au cours de sa perquisition à la Société S.I.M.A. et à la Société S.A.P.E.P., 1, rue Volney, où il a saisi un certain nombre de documents, a recueilli les déclarations de M. Racognino, secrétaire de Stavisky, et administrateur unique de la S.A.P.E.P. Le juge a pu faire préciser un point important : à savoir que M. Garat prenait soin, presque tous les jours, de téléphoner à Stavisky.



Le coup de revolver de Chamonix.


De drame en drame.


Les événements du jour n'auraient été hier que l'arrivée de Me Campinchi, du barreau de Paris, défenseur de M. Garat et les perquisitions tant au domicile de celui-ci, qu’à la mairie. 


Mais un autre, retentissant, étrange, fut appris vers la fin de l’après-midi. 


La Gazette put communiquer la nouvelle à ses lecteurs :

Sur le point d’être arrêté par les policiers qui depuis deux jours étaient sur sa piste, à Chamonix. Stavisky s’est tiré un coup de revolver à la tète, nous apprenait une dépêche de l'agence Havas.

La balle se logea dans la cervelle. 

Toutefois, ainsi que nous l’avons précisé, Stavisky n'était pas mort. On tenta de le sauver, nous dit-on encore, en le trépanant. 

Mais rien n’y fit, il mourut dans la nuit. 

Cette mort, au moment même où l'on incitait la main sur lui, va certainement priver l'instruction de renseignements précieux et décevoir la curiosité publique. 

On dit que quelqu'un, qui le connaissait bien, l’accusé Tissier, pour ne pas le nommer, se serait écrié, en apprenant cette nouvelle : "De cet homme ?.. ce n’est pas possible !" 

Le fait pourtant est là. Stavisky doit emporter bien des secrets dans la tombe.

Lorsqu'on apprit à Bayonne, comme à Biarritz, la nouvelle de ce suicide, ce fut comme une trainée de poudre. On s'arracha notre troisième édition, comme on s'était arraché, le matin, notre édition spéciale. 

On peut penser si les commentaires allaient leur train ! 

Aujourd'hui a lieu la confrontation de M. Garat avec Tissier. Il n’est pas douteux que cet événement, lui aussi, sera dramatique. 

Quelques mots pour finir. 

Dans une interview, l'associé de M. Garat à Paris dans son cabinet de contentieux, a dit avec quelle simplicité le député de Bayonne vivait à Paris : il voyageait en seconde dans le métro et, lorsqu'il venait à ce cabinet, il prenait ses repas dans un modeste restaurant des environs du boulevard Voltaire. 

Mais combien "plus simple" encore est depuis deux jours la vie de l’inculpé. Il occupe dans la lépreuse maison d'arrêt de Bayonne, tout au fond du quartier Saint-Esprit, une étroite cellule de 3 mètres 50 sur 2 mètres, blanchie à la chaux et chichement éclairée par une imposte haut placée. 

Pour meuble, une tablette scellée au mur et une chaise enchaînée. Pour lit, un bat-flanc, qu’on relève le jour venu !..



Stavisky est mort cette nuit.



La Gazette a annoncé hier, dans sa troisième édition, que l'aventurier Stavisky, rejoint par les policiers à Chamonix, s'était tiré une balle dans la tête. 



C'est hier après-midi, un peu après 16 heures, à Chamonix, dans une villa nommée "le Vieux Logis", que s'est déroulé le drame qui mettra probablement un terme à la carrière de Stavisky.



Le commissaire Charpentier, de la Sûreté générale, les inspecteurs Legall et Girard mis, comme on le sait, sur la piste de l’escroc, avaient retrouvé sa trace à Servoz de la façon suivante. On savait que, dans sa fuite, Stavisky était accompagné par un repris de justice dont le nom n’est pas encore dévoilé. L'escroc, lui, était muni d'un faux passeport. Son compagnon, par contre, possédait des pièces d'identité à son véritable nom. En suivant dans les hôtels de la région les traces du compagnon de Stavisky, on suivait forcément la piste de ce dernier. C'est ainsi que celle-ci fut retrouvée à Megève, puis à Chamonix. Là, le commissaire Charpentier, aidé par une très diligente enquête de la gendarmerie locale, retrouve, établie au nom du comparse, une location de villa : "le Vieux Logis". 



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VILLA LE VIEUX LOGIS CHAMONIX
AFFAIRE STAVISKY 1933 1934



Les policiers, néanmoins, se rendent au "Vieux Logis" et s'aperçoivent qu'un mince filet de fumée sort de la cheminée. Quatre gendarmes entourent la maison. Le propriétaire, à la demande du commissaire Charpentier, vient jusqu'à la villa. 



Le propriétaire, le premier, escalade un mur. Il croit s'apercevoir, à ce moment, que sa maison est occupée. Les policiers s’approchent et frappent à la porte. Personne ne répond. Alors, le propriétaire de la villa brise un carreau pour ouvrir la porte de l'extérieur. 



Un coup de pistolet retentit. 



Tout le monde pénètre à l’intérieur du "Vieux Logis". Staviskv est étendu dans une des pièces où il a fait du feu. Il râle... 



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STAVISKY 1933 1934



Le médecin, appelé aussitôt, constate que la tète de Stavisky est trouée en deux endroits et qu’un peu de matière cérébrale s'échappe de la blessure. 



— C’est une question d'heures, dit il. Il est impossible qu’il puisse en réchapper... 



Effectivement, Stavisky, qui avait subi l’opération du trépan, est mort dans la nuit.



L'aspect de Bayonne.



Une légère animation s’est manifestée en ville, en raison de l’arrivée de Me Campinchi. On cherchait à le voir, mais, accompagné de Me Simonet, il s’était rendu à la prison pour s'entretenir avec M. Garat. 



A 4 heures moins le quart, le juge d’instruction, le substitut du procureur de la République, accompagnés de deux greffiers, se sont rendus à la Mairie, où ils ont perquisitionné dans le bureau du Maire. 



Leur arrivée avait été remarquée par quelques passants ; leur stationnement avait occasionné la formation de groupes qui ne se sont dispersés qu’assez tard. 



Cependant, dès le début de l'après-midi, un rassemblement plus considérable s'était formé devant le domicile de M. Garai, où les magistrats enquêteurs sont entrés à 6 heures un quart pour poser les scellés. 



A leur départ, il y a eu un certain mouvement de foule. 



Plus tard encore, c’est devant le hall du Grand Hôtel que se pressaient les curieux regardant avocats et journalistes et espérant assister à l'arrivée de Me Campinchi. 



A 8 heures et demie, au moment où nous quittons la place, le maître n’était pas encore rentré. 



Entre temps, nous avons pu rejoindre M. d’Uhalt au Palais de justice ; il nous a annoncé l’arrestation de Darius, directeur de "Bec et Ongles", et de "Midi". 



M. d’Uhalt a télégraphié le mandat d’amener qui décide de la venue à Bayonne du nouvel inculpé qui sera conduit à la prison. 



Darius est un homme de lettres âgé de 38 ans.



L’enquête ministérielle.



M. Camille Chautemps, président du Conseil, a conféré lundi matin avec M. Laurent Eynac, ministre du Commerce, qui a décidé, d’accord avec lui, de charger l'inspection générale des services administratifs de procéder à une enquête sur les conditions dans lesquelles a fonctionné de la part des diverses administrations qui en avaient la charge le contrôle des opérations de la caisse du Crédit municipal de Bayonne et de déterminer à qui incombent les défaillances qui ont pu rendre possible la prolongation des faits délictueux faisant l’objet de l’instruction en cours.



Les motifs d’inculpation contre M. Garat.



Ainsi que nous l’avons dit hier, M. Garat est inculpé de vol, de faux, d'usage de faux, de détournements de pièces et de deniers publics, d’escroquerie ou de complicité d’abus de confiance et de recel. L’accusation reproche au maire de Bayonne


D’avoir pris des bijoux dans le coffre du Crédit Municipal ou d’en avoir reçu des mains de Stavisky ; 


D’avoir connu toute l’escroquerie et d’avoir consenti à la confection des faux et à l'envoi des bons frauduleux à ceux qui les négociaient et à Stavisky qui les encaissait sans doute en vue de commissions fastueuses et peut-être encore davantage pour permettre à "M. Alexandre", de réaliser sa formidable spéculation sur les dommages des optants hongrois qui devaient vendre le financier cinq cents fois millionnaires, et au succès de laquelle il devait être intéressé. 



L’usage de faux serait caractérisé par les décharges de M. Garat auprès des ministères et des caisses d’assurances privées et publiques pour faciliter le placement des faux bons ; l’abus de confiance par les termes volontairement créateurs d’équivoque dans lesquels il répondait aux lettres de renseignements pour faire croire que la garantie de la Ville et de l’Etat s’attachaient aux bons du Crédit Municipal. 



Tous ces griefs sont ceux qui sont faits à Stavisky, avec lequel le maire de Bayonne, dans sa culpabilité, se trouve étroitement confondu."



A suivre...



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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