Libellés

jeudi 27 avril 2023

WENTWORTH WEBSTER UN ANGLAIS AMOUREUX DU PAYS BASQUE AU DÉBUT DU VINGTIÈME SIÈCLE (quatrième partie)

WENTWORTH WEBSTER AU PAYS BASQUE.


Wentworth Webster, né le 16 juin 1828 à Uxbridge, en Angleterre et mort le 2 avril 1907 à Sare, en Labourd, est un prêtre anglican, collecteur des contes traditionnels du Pays Basque, érudit de langue anglaise, française et basque.




pays basque autrefois littérature sare anglais
WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire La Côte basque : revue illustrée de 

l'Euzkalerrria, le 8 février 1925 :



"Basques. Extraits de l’ouvrage du Révérend Wentworth Webster.


Les Loisirs d’un Etranger au Pays Basque.



"... Les trois provinces ne pouvaient plus, comme le Guipuzcoa en 1483, comme la Viscaye, et même certaines villes, conclure des traités avec l’Angleterre, ou d’autres puissances ; mais les libertés les plus essentielles, la plus complète autonomie étaient encore maintenues, toujours la franchise de commerce, toujours l’exemption de toute taxe obligatoire, sauf en Guipuzcoa, "l’Alcabala" ou droit sur les ventes faites par les étrangers, toujours excepté sur la marine, l’immunité du service militaire en temps de paix. Au milieu d’une monarchie absolue, les provinces Vascongades formaient une sorte de république. Ils demandent et exigent l’observance de leurs fueros ; ils les font solennellement jurer par chaque nouveau souverain de Castille.



Le vieux nom "respublica" des municipes romains se conservait dans les bourgs et les villages des provinces basques et de la Navarre. Voyez plus bas le mot "République dans les Pyrénées Occidentales".



pais vasco antes fueros provincias vascongadas
VASCONGADAS
PAYS BASQUE D'ANTAN


Mais les fueros généraux, si absolus, si fermes contre toute attaque du dehors, se trouvaient circonscrits et limités à l’intérieur du pays par un véritable dédale de franchises, privilèges, chartes et fueros locaux. Chaque ville, chaque vallée, chaque petite confédération de bourgs obscurs comme "las cinco villas" avait ses fors spéciaux, sa méthode particulière d’administrer son budget, de répartir ses taxes ; elle avait son mode d’élection aux charges municipales. L’exercice de ce dernier droit donnait lieu aux procédés les plus variés et souvent les plus bizarres. Sur l’élection représentative à un ou deux degrés depuis le suffrage universel le plus étendu jusqu’à l’élection secondaire la plus compliquée, je ne vois guère de théorie que les Basques n’aient mise en pratique. Dans telle ville, on tire au sort un grand électeur qui choisit lui-même tous les officiers et employés municipaux ; ailleurs les conseillers sortants nommaient leurs successeurs ; ailleurs encore, on met dans un sac autant de billets ou de fèves qu’il y a d’éligibles ; un enfant en tire trois, quatre, cinq ou six, qui serviront à désigner les personnes chargées d’élire la municipalité complète. Mais en dépit de ce désordre apparent, de ces détails méticuleux, souvent comiques ou même ridicules, on ne peut méconnaître que le Pays Basque n’ait été un des mieux administrés du monde. Toutes ces diversités, toutes ces complications faisaient l’éducation du peuple ; chaque citoyen avait intérêt à s’instruire des devoirs publics, puisque, dès l’année suivante, le sort pouvait le porter à quelque fonction municipale. Cette accoutumance pratique, cet usage continu du "self-government", vaut, à notre avis, les bienfaits autrement prônés de la plus savante civilisation. Jamais le Pays Basque n’a souffert de la plaie qui dévore le reste de la Péninsule, et qu’un publiciste espagnol a si bien décrite ; ce mal énorme d'empléomanie, ce vice social, politique et administratif, dont les conséquences nous effrayeraient si nous pouvions les suivre pas à pas dans leur développement.



L'administration basque est sortie par deux fois victorieuse de la plus grande épreuve qui la pût assaillir, celle de la guerre civile ; par deux fois, dans ce siècle, les "provinces" ont été le théâtre de luttes acharnées et dans ces périlleuses circonstances, les autorités municipales auxquelles était confié le commissariat des armées de la région ont toujours su remplir leur mandat. A la fin de chacune de ces campagnes, et nonobstant les désastres irréparables de telles luttes, non seulement les soldats n’avaient jamais souffert du manque de provisions, mais la contrée possédait autant de pièces de vin, autant de têtes de bétail qu’au commencement de la guerre. Les résultats heureux des institutions basques se lisent en caractères irrécusables sur la surface du pays. Depuis des siècles, déjà, le voyageur remarque la bonne tenue des routes, la propreté des auberges, le bien-être général dans les provinces vascongades. Malgré une émigration considérable vers les Etats de l’Amérique du Sud, malgré la stérilité naturelle d’une grande partie du sol, la population du Guipuzcoa, seule division entièrement basque, est la troisième en densité de toutes celles de l’Espagne, et nourrit 88 personnes par kilomètre carré ; la Viscaya, habitée presque partout par la race euskarienne, en compte 87. Elles ne sont dépassées que par Barcelone (108) et Pontevedra en Galice (100). La province de Madrid, en dépit de 400 000 âmes de la métropole, n’en a que 77. Dans les provinces basques, les mendiants, cette plaie de l’Espagne, ne vous arrêtent point à chaque pas ; tout y respire l’aisance, l’absence de misère au moins. L’hospitalité est donnée d’une main généreuse, et au repas du soir, dans les fermes du haut pays, on n’a pas l’habitude de compter les hôtes. Le paysan basque n’aime pas à se montrer en haillons, et si, comme dans tous les pays de montagnes, les enfants et les jeunes gens vont généralement nu-pieds, ils ajoutent, le dimanche, les "spartingues" ornées de "ligas" à la ceinture, au béret rouge ou bleu, au pantalon de velours. La statistique, il est vrai, constate que l’instruction est peu répandue parmi les basques espagnols ; lire et écrire sont encore des secrets pour le plus grand nombre, et l’on s’étonnerait de leur ignorance naïve des choses des autres pays. Mais l’homme "sans lettres" qui cultive son petit bien est tout autre que l’aveugle brute perdue dans les bas-fonds de la grande ville. Il connaît son pays comme un géographe ; il pourrait en dire l’histoire naturelle, les produits, les traditions, les légendes ; dans les provinces basques il garde dans sa mémoire les principaux articles des chartes de ses libertés ; il sait, souvent par expérience, les détails pratiques de l’administration. "Jamais", me disait un des hommes les plus savants de France, "je ne cause avec un paysan sans en apprendre quelque chose ; d’un instituteur, persuadé qu’il sait tout, souvent je n’emporte rien." Il ne faut pas s’imaginer que les Basques négligent ou dédaignent l’instruction pour leurs enfants ; ils saisissent avec avidité toutes les occasions que peuvent leur offrir des gens en lesquels ils aient confiance. Les petits Euskariens sont de bons élèves point lourds ou rebelles ; mais je l’ai déjà dit, l’âge mûr ne répond pas tout à fait aux promesses de leur enfance ; du moins ne sont-ils jamais au-dessous de la moyenne.


pais vasco antes alava vizcaya guipuzcoa vascongadas
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN



On s’est amusé de la prétention des Basques à être tous nés "hidalgos". La noblesse des Escualdunac est, en effet, privilège affirmé par un grand nombre de fueros généraux, et les bienfaits en furent réels et substantiels. Dans leurs rapports comme concitoyens, la question avait peu d’importance ; si certaines de leurs familles conservaient une grande influence et recevaient une considération particulière, tous les Basques, devant la loi, se reconnaissent égaux. Tout Euskarien avait droit de chasse et de pêche. Il était homme libre, exempt de taxe, de gabelle, de corvée. Ne devant rien à un seigneur, il ne contribuait au besoin du pays que dans la mesure qu’il s’imposait lui-même par ses représentants.



Comment les jurisconsultes espagnols pouvaient-ils désigner un tel individu ? Par quels mots pouvaient-ils le décrire sans se trouver en contradiction manifeste avec tous les principes du droit, non seulement de la Péninsule, mais de la plus grande partie de l’Europe ?"



A suivre...





Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 400 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/

N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire