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mercredi 26 avril 2023

26 AVRIL 1937 : BOMBARDEMENT DE GUERNICA EN BISCAYE AU PAYS BASQUE

26 AVRIL 1937 : LE BOMBARDEMENT DE GUERNICA.


Tous les ans, le 26 avril, je vous parle du bombardement de Guernica et du massacre de sa population civile.



guernica antes pais vasco guerra civil
ARBRE DE GUERNICA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je vous en ai déjà parlé à 4 reprises le 26/04/2017,  le 26/04/2018,  le 26/04/2020. et le 26/04/22.



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Aube, le 6 mai 1937 :



"Guernica a bien été bombardée par les avions allemands de Franco.



Une lettre de M. le chanoine de Onaindia.



pais vasco antes religion apeza onaindia
CHANOINE ALBERTO ONAINDIA ZULOAGA


Nous avons reçu la lettre suivante : 


Paris, 5 mai 1937. 

Monsieur le directeur de l’Aube

Monsieur le directeur, 


Je vous serai reconnaissant de bien vouloir publier dans le journal que vous dirigez si dignement, la note suivante ceci afin d’éclaircir certains commentaires parus dans la presse, et qui m’ont été attribués. 


En vous remerciant à l’avance, je vous prie d’agréer, monsieur le directeur, l’assurance de ma considération la plus distinguée. 


A. de Onaindia, Chanoine de la Cathédrale de Valladolid. 



Note : 1. — Je n’ai jamais fait aucune déclaration destinée au journal l’Humanité


2. — Au sujet des interviews que j’ai données se référant à la destruction de Guernica par des avions, je ratifie ce qui a été publié par l’Agence Havas.


3. — Les autres commentaires ou appréciations qui auraient été publiés par la presse, l’auraient été uniquement sous la responsabilité personnelle des journalistes qui les ont signés. 


4. — Je certifie que l’"interview d’un prêtre basque", qui a été publiée dans "L’Aube", a été donnée par moi à M. Jean Richard, et que, naturellement, elle est entièrement conforme à la réalité des faits.



Encore une fois qu'on ne mêle point la politique avec l’humanité. Le drame de Guernica n’est point une affaire politique ; ce n’est même pas un fait de guerre. La guerre, si horrible soit-elle, ne commande pas l'assassinat des cités comme fut assassinée Guernica-la-Sainte. 



pays basque autrefois guerre civile espagnole guernica
RUINES DE GUERNICA 26 AVRIL 1937


Je regrette que la France dont on a dit qu’elle fut de tout temps au service de la veuve et des orphelins ne soit pas unanime à flétrir certaines horreurs. Mais il m’est plus pénible encore de constater que précisément d'aucuns font de la pitié trop juste qu’on ressent envers les victimes basques, un tremplin politique. La pitié, l’humanité ne sont point des monopoles. Il est, hélas ! évident que les catholiques basques, dans leur malheur, ne rencontrent pas auprès de leurs frères les catholiques de France l'unanime sympathie à laquelle ils ont droit. 



C’est bien à tort qu’on les confond trop étroitement avec les assassins de prêtres de Barcelone. Or. je sais que les Basques dans la tourmente révolutionnaire, ont su garder intacts leur culte et leur foi. 



Mais revenons à Guernica. Beaucoup cherchent à se persuader que l’incendie de la cité sainte des Basques tut l’œuvre des Basques eux-mêmes. 



Afin de ménager les susceptibilités d’exigeantes amitiés, ils soutiennent avec une coupable candeur les deux thèses en présence sans chercher pour leur part à rien savoir de la vérité. Pourquoi ? 



Même, on a mis en doute les propres termes de l’émouvante interview que j’obtins de M. le chanoine de Onaindia, qui eut ce triste privilège d’assister au bombardement de Guernica



Reproduire pour répondre à ces doutes ou à ces allégations des arguments que j’eus déjà l’occasion de faire connaître en ces colonnes ? A quoi bon ! 



Je laisse la place à un confrère belge, André Hoornaert, envoyé spécial en Espagne du grand journal catholique conservateur La Libre Belgique. André Hoornaert écrivait, le 18 avril 1937 : 

"Je suis parti en Espagne "blanc" cent pour cent, c’est-à-dire que toute ma sympathie allait à la cause de Franco, que, de toute mon âme, de tout mon cœur, je désirais son triomphe. J’emportais la conviction profonde que l’insuccès des nationalistes serait une catastrophe pour l’Espagne et pour le monde... 

...Je ne puis conserver ce point de vue dans son intégrité..." 



Le 30 avril 1937, M. André Hoornaert rappelait dans La Libre Belgique, à propos de Guernica, le communiqué nationaliste :


Dernier avis. Nous voici décidés à ter miner la guerre dans le nord de l’Espagne. Que ceux qui n’ont pas commis d’assassinats déposent les armes et se rendent ; ils auront la vie sauve et leurs biens seront respectés. Si votre soumission n’est pas immédiate, nous détruirons la Biscaye en commençant par les industries de guerre ; nous avons les moyens pour agir ainsi. 


pais vasco antes guerra civil guernica
GUERNICA - GERNIKA 1937
PAYS BASQUE D'ANTAN


Et André Hoornaert ajoutait immédiatement : 


"Oui. détruisez les industries de guerre de l’ennemi. J’y applaudirai de tout cœur. Mais vous dites : "En commençant..." Et puis après ?... 


Ainsi vous annonciez froidement que si les troupes gouvernementales s’obstinaient à défendre la région de Bilbao, vous supprimeriez de la carte d’Espagne une des trois provinces basques ? Entièrement ? Y compris les propriétés des blancs qui ont dû rester là ? Et les églises ?... Et les habitants ?  


Aujourd’hui même, les journaux sont remplis par le récit de la destruction totale de Guernica, la ville sainte des Basques, et du massacre de la population civile par les avions allemands. 


Puis je lis votre communiqué : 


"Sont complètement fausses, les nouvelles transmises par le ridicule président de la République basque relatives à l’incendie provoqué par les bombes de nos avions à Guernica. Nos aviateurs n’ont reçu aucun ordre pour bombarder cette population. Les incendiaires sont ceux qui, l'été dernier, ont incendié Irun et Eibar." 


Alors, on ne comprend plus. Vous annonciez que vous alliez détruire toute la Biscaye. Quelques jours après, les Basques affirment que vous avez détruit une ville de Biscaye. Et vous protestez : mensonge et calomnie !  


Et cependant on ne vous accuse d’avoir réalisé qu’une partie de la menace froidement formulée." 


Journaliste honnête, André Hoornaert a situé exactement la question. 


La guerre d’Espagne suit son cours malheureux. Des frères, armes en main, s’entretuent, et c’est infiniment triste. 


Que des hommes d’une même race et d’une même religion ordonnent ou tolèrent le massacre de populations sans responsabilité dans la guerre elle-même, voilà, n’est-il pas vrai André Hoornaert. quelque chose qu’on ne comprendra pas non plus.

Jean Richard."



L’émouvant témoignage du maire et du curé de Guernica.

Bilbao, 5 mai. — Au micro de Radio-Bilbao, le speaker a annoncé hier soir divers orateurs de marque venus "pour répondre aux races étrangères qui ont entrepris de poindre la race la plus ancienne du monde", et pour témoigner au sujet des atrocités commises à Guernica. 


Le premier de ces orateurs a été M. Bonifacio Echegaray, membre de l’Académie de la langue basque, secrétaire du tribunal suprême et président de la commission juridique exécutive du gouvernement basque. M. Echegaray a rappelé le passé paisible et laborieux de la petite ville et son prestige historique. 


pais vasco antes academia vasca 1937
BONIFACIO DE ECHEGARAY CORTA


En termes vibrants d’indignation, il a évoqué la tragédie au cours de laquelle le feu a dévoré les archives de la race et les matériaux d’une documentation ibérique unique au monde. 


L’orateur a terminé en insistant sur le sort des malheureux habitants de Guernica et leur triste exode loin de la cité martyre. 


Après M. Bonifacio Echegaray, ce fut le maire de Guernica lui-même qui vint apporter son attestation solennelle. 


"Je parle, s’écria-t-il comme maire, comme autorité, comme représentant du peuple de Guernica. Je viens exprimer, au nom des habitants pacifiques de ma ville, un témoignage sur la réalité du crime commis et cela à la face du monde !"


Après avoir rappelé que la ville de Guernica, demeurée pacifique depuis le début de la guerre civile, n’a cessé de faire preuve envers les dirigeants de toutes les opinions d’une impartialité absolue, malgré toutes les horreurs qui avaient été commises, le premier magistrat de Guernica a énuméré les attentats commis par les avions au moyen de bombes incendiaires. 


"Moi, maire de Guernica, s’est-il écrié, je fais cette déclaration solennelle devant le monde entier qui m’écoute !" 


Il y a lieu de retenir tout particulièrement un exposé fait par le magistrat municipal que ce ne furent pas des avions espagnols, mais des avions allemands qui jetèrent les matières incendiaires dont les flammes ont dévoré la plupart des édifices de la cité basque. 



guernica antes pais vasco guerra civil
GUERNICA - GERNIKA 1937
PAYS BASQUE D'ANTAN


Elevant la voix, le maire de Guernica s’est écrié :


"Même détruit par l’incendie. Guernica ne mourra pas. Guernica ne peut pas mourir ! Euzkadi ne meurt pas !" 



"Prions ! Prions ! Basques, mes frères ils ne savent pas ce qu’ils font !



On a entendu ensuite le curé de la paroisse de Santa Maria de Guernica, survivant témoin de l’atroce tragédie : 


"Devant Dieu et devant la patrie, déclaré l’ecclésiastique, je témoigne que des avions ont jeté des bombes incendiaires, que j’ai vu des femmes et des enfants fuyant devant la mort." 



pays basque autrefois guerre civile espagnole guernica
JUNKER JU 52

D’une voix tremblante d’émotion, le vénérable prêtre a décrit ensuite le spectacle désolant des sanctuaires en proie aux flammes, des populations affolées sous le feu meurtrier qui tombait du ciel, puis, plus calme, s’adressant aux millions d’auditeurs inconnus qui l’écoutaient de par le monde : 


"Je suis prêtre basque, dit-il, et je dois dire au nom de ma pauvre patrie, malgré les femmes et les enfants qui gardent en eux l’épouvante de ce jour terrible : il n’y a pas de haine dans le cœur d’un Basque ! Prions ! Prions ! Basques, mes frères, ils ne savent pas ce qu’ils font !"



Lecture a été donnée ensuite de nombreuses déclarations faites par des prisonniers et par des blessés de diverses nationalités, attestant tous que l’incendie de la ville de Guernica a eu lieu au moyen de bombes jetées par des avions allemands."





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