LES TRAVAUX DU CONSEIL GÉNÉRAL DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1851.
Dans les années 1850, les Conseils Généraux ont beaucoup de pouvoir.
Voici ce que rapporta à ce sujet L'Eclaireur des Pyrénées, le 6 septembre 1851 :
"5 septembre. Conseil Général des Basses-Pyrénées.
Séance du 3 septembre.
... M d'Arcangues, au nom de la commission des finances, présente un rapport sur les recettes et les dépenses de l’exercice de 1850. L’approbation de ce budget est votée.
M. Chateauneuf, à propos des dégrèvements accordés par l'Etat pour cause de sinistres, se plaint que la commune de Louhossoa, ravagée en 1850 par une trombe, n’a obtenu aucun secours, quand les communes voisines en ont reçu. II y a eu cependant une demande formée et une expertise faite.
M. le préfet répond que ce retard provient de ce que cette affaire, qui devait être traitée par le bureau des finances à la préfecture, a été renvoyée à tort au bureau des communes.
Il est affirmé que les affaires sont très irrégulièrement expédiées dans les bureaux de la préfecture et M. le préfet est prié, dans l'intérêt même de son administration, de prendre des mesures énergiques pour rétablir la régularité du service.
M. Boulin, au nom de la 3e commission, présente un rapport sur la navigation intérieure.
La navigation s’opère dans ce département, sur une étendue de 166 505 m comprenant les fleuves et rivières ci-après :
L’Adour, entre le confluent du Gave et Bayonne. 24 364 m
Le Gave, entre son confluent avec l’Adour et Came. 3 120 m
La Bidouze, depuis son confluent dans l’Adour jusqu’à Came. 16 540 m
La Nive, depuis Cambo jusqu'à l’Adour. 22 000 m
L'Aran, depuis Bardos jusqu'à l’Adour. 10 800 m
L’Ardanabie, de Briscous à l’Adour. 10 381 m
La Nivelle, de son embouchure à Ascain. 10 000 m
La Bidassoa, de son embouchure à Biriatou. 9 300 m
Total 106 505 m
Ces quatre dernières sont navigables à l'aide de la marée, mais la navigation y est peu importante.
Des chemins de halage existent pour les quatre autres.
Il a été alloué pour l’entretien de ces chemins, en 1851, une somme de 20 000 francs, égale à celle de l'année précédente. Ce crédit a été ainsi divisé :
Pour l’Adour 14 295 fr. 56 c.
Pour le Gave 1 384 fr. 73 c.
Pour la Bidouze 2 622 fr. 71 c.
Pour la Nive 1 700 fr.
Total : 20 000 fr.
La navigation de l'Adour est considérable. Le nombre des bateaux qui ont parcouru ce fleuve en 1850 a été de 11 654, sans compter les embarcations de différentes espèces, qui sont présumées faire ensemble plus de quatre mille voyages par année. Il importe donc extrêmement de faciliter cette navigation.
PORT ET ADOUR BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un projet s’élevant à 19 000 francs pour la construction d’un port sur la Bidouze, à Guiche, a été approuvé en 1845. Il n’a pas été alloué de crédit pour cette construction, bien qu’un vœu ail été émis l’année dernière pour son exécution.
Les travaux de construction du chemin de halage de la Nive, qui ont été adjugés en 1848 moyennant 141 657 fr. 17 c., sont continués.
Les dépenses faites au 13 décembre 1850 s’élevaient à 75 000 fr. Le crédit de l’exercice de 1851 est de 25 000 fr. Il restera par conséquent à dépenser 41 657 fr. 17 à partir de 1852.
M. Lahirigoyen demande si le parcours des chemins de halage par les cavaliers peut être permis ou interdit selon le caprice des agents des ponts et chaussées. Des faits d’arbitraire de ce genre sont à la connaissance personnelle de l’honorable membre.
M le préfet répond que le chemin de halage doit être interdit aux cavaliers, il tiendra la main à l'exécution des règlements.
M. Chegaray communique au conseil une demande des propriétaires des salines de Briscous, qui sollicitent du conseil l’émission d'un vœu pour que l’Ardanabie soit canalisée et déclarée navigable jusqu’à Briscous. Le conseil émet le vœu demandé. Le vœu relatif au port de Guiche est aussi renouvelé.
M. Boulin présente un autre rapport sur la navigation extérieure.
Le port de Bayonne est formé par la partie du lit de l’Adour comprise entre l’embouchure de cette rivière et le pont de Pedenavarre sur une longueur 8 040 mètres et une largeur qui varie entre 400 et 600 mètres. Il peut contenir plus de 300 navires ; mais la barre à l’embouchure est un puissant obstacle à l’entrée. Le tirant d’eau sur la barre, dans les marées les plus favorables, est de 4 m. 55 à 5 m. 20 ; et, à haute mer de morte eau, de 3 m. 25 à 5 m. 57.
BAYONNE 1850 PAYS BASQUE D'ANTAN |
A son embouchure, l’Adour est bordé de deux jetées basses formées de pilotis enrochés, ayant du côté sud une longueur de 550 mètres et du côté nord une longueur de 140 mètres.
A l’origine de la jetée basse du sud, aboutit une digue en maçonnerie, qui a une longueur de 2 800 mètres en remontant la rivière ; puis vient une lacune de 1 600 mètres environ jusqu’à l'extrémité du quai dit des Allées-Marines, lequel se prolonge jusqu’à la fin du port dans la ville au-dessus du confluent de la Nive. Un quai borde aussi le côté sud de l’Adour dans le quartier de Mousserolles jusqu’au pont de Pedenavarre, sur une longueur de 740 mètres.
PORT DE BAYONNE 1850 PAYS BASQUE D'ANTAN |
A l’origine de la jetée basse du nord existe une autre jetée, formée d’un immense coffre en charpente rempli de pierres sèches, d'une longueur de 100 mètres ; puis vient une digue en maçonnerie contournant le havre du Boucau (port des pilotes) et se continuant sur une longueur totale de 3 500 mètres. A la suite on trouve une lacune jusqu’à l’amont de l’arsenal maritime, où commence un quai en maçonnerie, interrompu sur plusieurs points et ayant une longueur totale de 310 mètres.
Le port de St Jean-de-Luz est formé de la partie du lit de la Nivelle.
SAINT-JEAN-DE-LUZ 1850 PAYS BASQUE D'ANTAN |
La baie située en avant du port a une largeur, à son entrée, de 1 250 mètres environ et une longueur de 1 100 mètres environ. Si on pouvait construire un môle à l’entrée, elle présenterait une rade assez vaste pour recevoir une flotte.
Dans les vives eaux, il pourrait entrer à St-Jean-de-Luz des navires calant 3 m. 90 à 4 m. 22, et, dans les mortes eaux, des navires calant de 2 m 60 à 2 m. 92. Le port actuel pourrait recevoir 100 navires ; mais à la basse mer ils seraient échoués.
Le port du Socoa est un petit port de refuge et d’échouage, situé à l'entrée de la rade de St-Jean-de-Luz ; du côté ouest, il est protégé par le fort de ce nom.
Il a été alloué, en 1851, pour l’entretien de ces ports, 22 000 fr. ; ce crédit est moindre de 3 000 fr. que celui de 1850.
Sur cette somme, il a été affecté au port de Bayonne 15 000 fr. , et aux ports de St-Jean-de-Luz et de Socoa, 7 000 fr.
Il est entré au port de Bayonne, pendant l'année 1850, 731 navires jaugeant 59 309 tonneaux, dont 437 français et 314 étrangers ; 348 de ces navires sont entrés chargés et 403 sur lest.
Il est sorti de ce port 760 navires chargés, jaugeant 41 431 tonneaux, et 3 seulement sur lest, jaugeant 238 tonneaux ; c’est-à-dire, que le port de Bayonne a expédié 23 499 tonneaux de marchandises de plus qu’il n’en a reçu, ce qui est un signe avantageux pour son commerce.
Il a été construit dans ce même port, pendant la même année, 22 navires jaugeant 2 204 tonneaux. Cinq autres navires jaugeant 533 tonneaux étaient sur les chantiers au 31 décembre.
M. Larralde dit que le Socoa est aujourd'hui le véritable port de St-Jean-de-Luz, mais que pour s’y rendre, il faut traverser un pont qui a besoin d’être reconstruit.
Cette reconstruction, pour laquelle des subventions ont été accordées par le gouvernement, est urgente et devrait être terminée avant l'hiver, si on ne veut pas que les communications soient interrompues.
M. le préfet explique que les retards ont été causés par les difficultés que la commune de St Jean-de-Luz a fait pour concourir à cette dépense. Les travaux vont du reste immédiatement commencer.
M. Lahirigoyen prie M. le préfet de faire enlever le pont de bateaux de Bayonne, devenu inutile, et dont la présence sur la rivière peut devenir un danger pour la navigation.
PORT DE BAYONNE 1850 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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