LE CINQUANTENAIRE DU TRAMWAY B.A.B. EN 1927.
La première ligne de tramway entre Bayonne et Biarritz fut inaugurée le 10 juin 1877, appelé B.A.B.
Voici ce que rapporta à ce sujet la revue hebdomadaire La Côte Basque revue illustrée de
l'Euzkalerria, le 3 juillet 1927, sous la plume de Georges Velloni :
"À propos du Cinquantenaire du B.A.B.
Quelques notes sur ses origines et ses transformations.
... Après bien des tergiversations, Ardouin et Péreire eurent gain de cause, et le 2 juin 1877 l’exploitation commença après le baptême des locomotives et des wagons, à la grande joie d’Ardouin.
Tout marcha, ou plutôt roula pour le mieux de 1877 à 1889, et, avec des services en rapport avec les moyens de l’époque, l’affaire donna d’excellents résultats, puisqu’elle donna des dividendes de 6 % à 12 % et même 15 %.
En présence de cette prospérité, deux choses se produisirent : la demande à Ardouin par la ville de Bayonne, qui s’occupait alors de l’établissement du Lycée, de créer un service de trams pour le desservir, et le projet, par un nouveau groupe, de construire une seconde ligne de communication, et certainement profitable entre Bayonne et Biarritz.
C’est alors que MM. Salvador, Ruiz et Hermann entrèrent en pourparlers et acceptèrent de créer la ligne de Bayonne au Lycée, condition requise pour que les trois dénommés obtiennent de la ville de Bayonne, après autorisation de l’Etat, la concession du futur B.-L -B.
Vers 1889, les travaux de cette ligne de tramway étaient achevés, et les terminus étaient celui actuel pour Biarritz et la place d’Armes pour Bayonne, alors que les terminus du B. A. B. se trouvaient à la place de l’ancienne halte de la rue de France à Biarritz, et au niveau de la gare du Midi actuelle, et à Bayonne à l’emplacement qu'elle occupe encore.
TRAMWAY GARE DU MIDI BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le B. A. B. se trouvait donc handicapé par ses terminus trop peu centraux surtout à Biarritz, et de grandes dépenses furent engagées pour prolonger la ligne jusqu’à la place de la Liberté, de Biarritz. Les travaux furent menés activement, le pont de fer construit, ainsi que la gare actuelle dont la charpente métallique, curieux détail est une partie d’un stand de l’Exposition Universelle de 1889 à Paris.
Depuis 1890, l’exploitation se fit normalement, et le B. A. B. réalisa étant donné le caractère de rapidité spéciale de son trafic, jusqu’à la guerre, des bénéfices qui permirent une rémunération moyenne de 5 % à 6 % du capital.
L’augmentation du trafic aurait dû donner des résultats meilleurs encore, mais le tramway concurrent, exploité sous diverses dénominations, portait un préjudice sérieux au B. A, B., et réciproquement ; sur les deux réseaux, les tarifs furent diminués à diverses reprises, à telle enseigne qu’ils descendirent sur le tram à 35 centimes aller Bayonne-Biarritz et à 55 centimes aller et retour, tandis que sur le B. A. B. ils arrivèrent à 40 centimes aller et 60 centimes aller et retour.
BIARRITZ : ARRIVEE DU TRAMWAY DE BAYONNE |
Vers 1900, l’administration des deux sociétés comprit la nécessité de mettre fin à cet état de choses, et le groupe Empain, concessionnaire du B. L. B., racheta le B. A. B. Il y eut toujours deux conseils d’administration, mais, en réalité, une seule société administre les deux réseaux.
La guerre et l'après-guerre handicapèrent à nouveau le B. A. B. et le B. L. B., car les deux réseaux fonctionnant à la vapeur consommaient un charbon ruineux au moment où le trafic était le moins productif. Mais, dès 1914, le B. L. B. améliora sa situation en s’électrifiant, tandis que le B. A. B. demeurait à vapeur. Les difficultés furent telles pour cette ligne que le trafic en fut arrêté du 9 Décembre 1920 au 5 Juin 1921, pendant toute la morte saison.
TRAMWAY BAYONNE LYCEE BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Devant cette situation, l’administration décida l’électrification du B. A. B., et pour permettre sa réalisation, un nouvel arrêt de l’exploitation eut lieu du 23 Avril 1922 au 11 Juillet de la même année. C’est donc le 23 Avril que les Bayonnais, les abonnés et les habitués voient disparaître le vieux matériel auquel s’attachaient bien des souvenirs.
A ce sujet, il est bon de donner quelques détails ignorés de beaucoup de personnes et qui méritent d’être connus.
Cet ancien matériel comprenait d’abord des locomotives basses munies de cheminées démesurément hautes qui intriguaient vivement la population. Elles n’étaient pas ainsi sorties de l’usine, mais les wagons ayant des impériales, les voyageurs étaient enfumés comme de véritables jambons du pays. Afin de faire disparaître ce gros inconvénient, les cheminées furent allongées et montèrent à une altitude exceptionnelle pour des cheminées de locomotive.
Ces petites locomotives ont rendu des services immenses. En plus de leur N°, chacune portait une petite plaque se trouvait inscrit son nom de baptême. Elles étaient sept soeurs et s’appelaient Bayonne, Biarritz, Anglet, St-Esprit, La Négresse, Dax et Paris.
Les deux aînées Bayonne et Biarritz fabriquées en 1874 par le Creusot avaient une particularité qui leur donne une importance dans l’histoire de la mécanique moderne : elles étaient Compound. C’est en effet sur le B. A. B. que l’ingénieur Mallet fit les premiers essais de compoundage, ou utilisation totale de la détente de la vapeur, grâce à des cylindres successifs. De ce fait, les expériences faites sur notre B. A. B. furent l’origine d’une des grandes innovations contemporaines.
MOTEUR COMPOUND ETS DUJARDIN LILLE |
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